ÉDITORIAL CONVENTION RÉPUBLICAINE

Le grand mensonge

La candidature de Donald Trump repose sur un grand mensonge.

Elle repose aussi sur l’idée selon laquelle plus on répète un mensonge, plus on lui permet de s’emparer du réel. Sur le pari qu’une majorité d’électeurs va finir par y croire.

C’est la conclusion à laquelle on arrive à l’issue de la convention républicaine qui s’est déroulée cette semaine en Ohio. Tout particulièrement après avoir entendu le long – et malsain – discours d’investiture du candidat à la présidence.

Trump veut convaincre les Américains que leur pays est au bord du gouffre. Plongé dans le chaos. Menacé de toutes parts.

Si ça va aussi mal, soutient-il, c’est en raison de la menace terroriste. Mais c’est surtout, à l’écouter, à cause des immigrants. Et des Noirs, dans une certaine mesure, car son parti a mis l’accent toute la semaine sur les meurtres récents de policiers en sol américain.

La suite logique de cette stratégie pernicieuse, c’est pour Trump de faire croire aux Américains qu’il est leur sauveur. Le candidat « de la loi et l’ordre ». Celui qui, par exemple, construira un mur à la frontière du Mexique.

Pour rassembler les uns, le candidat républicain tourne le dos aux autres.

Sa malhonnêteté intellectuelle ne s’arrête pas là. Trump reproche à Barack Obama – le premier président noir, qu’il diffame depuis des années en insinuant qu’il n’est pas né aux États-Unis – d’avoir « divisé » les Américains.

Il a poussé la supercherie jusqu’à promettre d’unifier le pays. Alors qu’en fait, il cherche depuis ses débuts en politique à accentuer les divisions et la fracture raciale. Il a fait le calcul : c’est pour lui politiquement rentable.

Trump s’époumonne : « Make America Great Again ». Il promet de « rendre à l’Amérique sa grandeur ». Force est de constater, avec consternation, que derrière ce slogan s’en cache un autre, empreint de nostalgie et de mauvaise foi. « Make America White Again. » Redonner à l’Amérique sa blancheur.

« Trump devrait faire de la politique qui inspire et unifie », a affirmé en marge de la convention le président – républicain – de la Chambre des représentants, Paul Ryan. Il soutient néanmoins le candidat depuis longtemps.

Il y a là une leçon pour les politiciens du monde entier.

Si on ne s’oppose pas fermement et rapidement à ce savant mélange de démagogie et de rejet de l’autre, on le cautionne.

On le laisse se répandre tel un virus.

En tant que voisins, nous ne pouvons que réprouver ce discours et dénoncer son auteur. En espérant que le peuple américain fera de même lors du scrutin présidentiel.

Pourquoi Cleveland ?

Le choix de Cleveland par les républicains tombe sous le sens. L’Ohio, où se trouve cette ville de près de 400 000 habitants, fait partie de la douzaine d’États clés (ceux que les Américains surnomment swing states) dont le vote sera déterminant en novembre prochain. Plusieurs considèrent qu’il s’agit de l’État baromètre par excellence. D’ailleurs, jamais un candidat républicain à la présidence n’a pu remporter l’élection présidentielle sans triompher dans cet État. — Alexandre Sirois, La Presse

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