À BIEN Y PENSER

Pistes sécuritaires obligatoires

Plutôt que de recommander le port obligatoire du casque à vélo, il me  semblerait à la fois plus sage et plus logique de recommander la construction obligatoire de pistes cyclables sécuritaires.

— Pierre Deschênes, Montréal

Opinion

Mon père souhaitait mourir dans la dignité

S’il existe un droit à la vie, il existe également un droit à la qualité de vie

Dans l’édition du samedi 5 septembre prochain, La Presse publiera dans ses pages des décès l’annonce de la mort de mon père, Jacques Gougeon. Il est décédé paisiblement dans son sommeil après 48 heures d’hospitalisation à la suite de la dégradation de l’état de santé de ses poumons et de son cœur. Il avait 97 ans.

Or, mon père, un homme de foi chrétienne, réclamait ouvertement depuis bientôt un an la possibilité de se départir de cette vie qui n’avait plus de qualité. Il avait même demandé à son médecin s’il allait mourir plus rapidement en cessant de prendre ses médicaments. Le médecin l’avait heureusement convaincu de ne pas agir ainsi, car cela n’aurait fait qu’augmenter ses souffrances.

Et voilà que maintenant, à la veille de l’entrée en vigueur de la loi sur l’aide médicale à mourir, les 29 maisons de soins palliatifs du Québec affirment qu’elles profiteront du droit de se soustraire à la loi pour refuser l’aide à mourir aux patients qui le réclameront. « L’euthanasie n’est pas un soin, affirme le directeur de la Maison Michel-Sarrazin, et encore moins un soin palliatif. »

Le message est clair. Pour ces maisons, et pour un nombre important de médecins, la mort est un constat d’échec. Leur objectif est de guérir ou d’adoucir la pente qui mène à la mort, et non de respecter la volonté de leur patient.

Ils veulent vaincre la mort plutôt que d’aider un citoyen qui le souhaite à quitter une vie où il ne trouve plus de qualité. Car c’est de cela qu’il s’agit. Non plus du droit à la vie, mais du droit à la qualité de vie.

À l’heure actuelle, une douzaine de pays européens et quatre États américains reconnaissent le droit pour un patient de demander qu’on l’aide à mourir et décriminalisent l’acte médical par lequel ces patients accéderont au repos éternel.

Le Québec a fait un grand pas en votant la loi sur les soins de fin de vie.

Il est temps que ceux qui, généreusement, ont tenté jusqu’à maintenant de limiter les souffrances de ceux qui vont mourir comprennent que la mort est d’une certaine façon la dernière manière de soigner une vie qui tarde à s’éteindre dans la dignité.

Non, la mort n’est pas un échec, mais une porte normale vers la libération. Pourquoi, alors, refuser d’aider ceux et celles qui ont choisi cette manière de mettre fin à leurs souffrances ?

Mon père, un homme croyant, n’en pouvait plus de souffrir. Il me disait récemment qu’il demandait « au petit Jésus » de venir le chercher. S’il ne s’était pas éteint dans son sommeil, je suis convaincu qu’il aurait aimé que le « petit Jésus » porte une blouse blanche avec le nom « médecin » imprimé sur la poitrine.

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