Congrès shoptalk

L’avenir est dans une machine distributrice

Dawn Dickson voit l’avenir de la vente au détail dans les machines distributrices… intelligentes. L’entrepreneure de 39 ans de Columbus, en Ohio, a mis au point une technologie qui permet de rendre ces petits magasins capables de détecter les émotions des clients. Et de leur faire payer leurs achats au moyen de la reconnaissance faciale.

« Les machines distributrices permettent aux détaillants de prendre de l’expansion à faible coût. Il n’est pas nécessaire d’embaucher du personnel et en plus, c’est ouvert 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 », a-t-elle fait valoir au cours d’un entretien avec La Presse au Shoptalk qui se tient à Las Vegas, où elle a présenté sa jeune entreprise PopCom.

De plus, l’offre n’est plus limitée aux barres de chocolat et aux boissons. Certaines machines proposent des chaussures, des appareils électroniques, du maquillage. À la Gare centrale de Montréal, on peut d’ailleurs se procurer de belles salades étagées et même du jus d’orange fraîchement pressé dans ces machines.

En Asie, Dawn Dickson a même vu une machine avec des poules vivantes à l’intérieur qui permettaient de se procurer des œufs frais. Une autre vendait des laitues qui poussaient dans la machine. Elles étaient cueillies par l’appareil lors de l’achat, nous a-t-elle raconté. Difficile de trouver plus frais. Si l’Asie a une longueur d’avance sur l’Occident, l’entrepreneure compte bien faire sa part pour amener ici la tendance.

D’ici un an, elle ambitionne d’installer aux États-Unis 1000 machines vendant une multitude de biens. D’ici 2020, il y en aura 20 000, prévoit-elle.

Elle veut profiter de l’explosion prévue des ventes des machines distributrices qui, dit-elle, passera de 9 à 38 milliards US d’ici 2021.

Les avantages de l’intelligence

Rendre les machines distributrices intelligentes permet de savoir exactement quoi vendre et où, explique Dawn Dickson. Concrètement, la technologie de PopCom fonctionne au moyen de deux caméras. L’une qui « regarde » les gens qui passent devant l’appareil, l’autre qui observe ceux qui font des achats.

« En regardant les gens qui circulent, on peut dresser le profil démographique de la clientèle. Connaître leur âge, leur sexe aussi. Ça permet de savoir si ce sont surtout des femmes ou des hommes qui se promènent dans telle ou telle aile d’un aéroport, par exemple. »

« Tout cela permet d’adapter l’offre, de savoir si on est au bon endroit pour vendre du maquillage ou des produits de beauté. »

— Dawn Dickson, présidente-fondatrice de PopCom

La caméra permet aussi de déterminer le taux de conversion (proportion des clients potentiels qui effectuent un achat) et de bien gérer les stocks.

Les machines distributrices intelligentes offrent aussi des avantages pour les clients, tels que le paiement par reconnaissance faciale. Pour ce faire, il s’agit d’enregistrer son visage et sa carte de crédit sur l’application PopCom.

Quant à la lecture des émotions, cela sert essentiellement à comprendre à quel moment le client devient frustré par son expérience d’achat et abandonne la machine. Le détaillant peut ainsi savoir exactement quoi améliorer dans le processus.

Il y a 8 millions de machines distributrices aux États-Unis, dont 1 million sont déjà considérées comme intelligentes, note l’entrepreneure. Mais sa technologie, dit-elle, va beaucoup plus loin que le « simple écran tactile ».

Urgences féminines dès mai

Jusqu’ici, l’entreprise a testé sa technologie en installant cinq machines distributrices de souliers plats dans diverses villes américaines.

La période d’apprentissage et de peaufinage est maintenant terminée, et un premier détaillant (dont l’identité demeure confidentielle pour le moment) installera ses premières machines distributrices utilisant la technologie de PopCom en mai à Atlanta.

Que vendront-elles ? « Des produits pour les urgences féminines », résume Dawn Dickson, tout en gardant un peu de mystère. Il s’agira notamment de souliers plats (quand les talons hauts sont rendus trop souffrants), des parapluies et des sous-vêtements. À l’hôtel Venitian, où se tient le Shoptalk, nous avons justement vu une étonnante machine distributrice proposant des souliers plats. Celle-ci appartient toutefois à un concurrent.

PopCom ne fabrique pas les appareils, mais en vend grâce à un partenariat conclu avec un manufacturier sous-traitant. Il n’a pas été possible de connaître leur prix de vente car « ça varie beaucoup ». Toutefois, Dawn Dickson a précisé que l’utilisation de sa technologie coûte 200 $ par mois.

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