JEUX D’ÉVASION

Résoudre des énigmes

Vous êtes enfermé dans une pièce avec quelques amis ou collègues. Pour trouver la clé qui vous permettra d’en sortir, vous devrez résoudre des énigmes. Vous ne disposez que de 60 minutes, top chrono, pour vous exécuter. Ferez-vous partie de la petite minorité de gens qui réussissent le défi ?

Les jeux d’évasion, comme on les appelle, gagnent en popularité partout dans le monde. La folie a aussi atteint Montréal, où on trouve plusieurs endroits pour s’y adonner : Échappe-toi, Trouvez la clé, Trapped, A/Maze, Obsidem… pour n’en nommer que quelques-uns.

Selon Emmanuel de Gouvello, fondateur d’Échappe-toi Montréal, le concept des jeux d’évasion a vu le jour au Japon, avant de se propager partout dans le monde. « Le premier jeu d’évasion a eu lieu à Kyoto en 2008 », soutient-il, joint à Bordeaux où il vient d’ouvrir une deuxième succursale d’Échappe-toi. Une troisième adresse devrait bientôt voir le jour à Boston.

Pour exceller dans les jeux d’évasion, nul besoin d’être calé en culture générale. « Les scénarios sont conçus de manière à favoriser la communication, le travail d’équipe et le raisonnement logique », résume Ricardo Cutti Figueroa, de Trouvez la clé.

Ne pensez toutefois pas vous échapper de la salle en criant lapin, car les niveaux de difficulté sont plutôt élevés. « On conçoit nos scénarios pour que seulement 3 % des gens soient capables de réussir sans indices », prévient M. Figueroa. Des « sérums » et des indices sont néanmoins offerts aux participants pour faciliter leur travail. Avec ce coup de pouce, le taux de succès grimpe de 8 à 15 % en fonction des scénarios.

Chez Échappe-toi, on observe un taux de succès semblable, soit entre 2 et 6 %, avec une moyenne de 3 %. « Notre but, ce n’est pas forcément que les gens sortent, ni qu’ils ne sortent pas, énonce M. de Gouvello. L’idée, c’est qu’ils passent un beau moment chez nous et qu’ils se créent des souvenirs. »

« Ça ne sert à rien de faire des scénarios qui sont trop faciles. »

— Emmanuel de Gouvello, fondateur d’Échappe-toi

Du côté d’Ezkapaz, où le principe est légèrement différent (on y résout des énigmes, mais sans s’évader d’une salle), les taux de réussite avoisinent plutôt les 20 %. « Chez nous, les indices sont illimités, dit Thomas Subtil, responsable du marketing pour l’entreprise. C’est le groupe qui va imposer lui-même le niveau de difficulté. »

Les fins de semaine, la clientèle est surtout constituée de familles ou de groupes d’amis. Il n’y a pas d’âge pour s’initier aux jeux d’évasion, et Ricardo Cutti Figueroa est souvent surpris par la capacité de raisonnement des enfants – qui sont admis à partir de 8 ans chez Trouvez la clé. « Puisqu’ils ont une perception différente des choses, ils réussissent même parfois mieux que certains adultes », observe-t-il.

ENTRE COLLÈGUES

Les jours de semaine, les lieux sont investis par des entreprises, qui utilisent parfois les jeux d’évasion pour consolider l’esprit d’équipe dans leurs rangs. C’est une bonne façon d’identifier les leaders et d’observer comment les gens réagissent en groupe. « Forcément, dans nos pièces, vous êtes obligé de communiquer pour réussir le scénario, donc cela fédère les équipes de travail », note M. Figueroa.

« On a beaucoup de grosses entreprises qui viennent faire leurs activités de team building chez nous. »

— Ricardo Cutti Figueroa, de Trouvez la clé

Si certaines entreprises s’y rendent dans un but purement récréatif, comme pour un party de Noël, d’autres en profitent pour mieux cerner le comportement de leurs employés. « Parfois, des patrons veulent travailler avec une équipe sur quelque chose de précis. Ils viennent alors dans une optique différente », souligne Thomas Subtil, d’Ezkapaz.

Chez Échappe-toi, où environ 40 % de la clientèle vient des entreprises, on procède même parfois à des séances de coaching après le jeu, explique Emmanuel de Gouvello, qui a lui-même été coach en entreprise dans le passé. « J’ai fait venir des collègues coachs, et on a travaillé sur des ateliers qui ont permis aux gens d’utiliser l’expérience qu’ils ont vécue chez nous pour être capables d’améliorer certains points de fonctionnement dans leur équipe », énonce-t-il.

Chez Ezkapaz, on fait même appel à l’occasion à des psychologues en entreprise. « Il y a des études qui prouvent que les gens se dévoilent plus facilement dans les jeux. Les psychologues vont analyser les découvertes non pas sur le plan de l’individu, mais plutôt de l’intelligence des groupes », précise Thomas Subtil.

UN ENGOUEMENT MONDIAL

Jordan Littman, mordu des jeux d’évasion, confirme l’engouement mondial pour ce type de passe-temps. Avec deux amis, il tient le site Escape Reviewer, qui recense notamment les endroits dans le monde où s’adonner aux jeux d’évasion. « C’est vraiment une industrie florissante, affirme-t-il. Nous avons au moins entre 10 et 20 nouvelles inscriptions chaque semaine. » Sur la carte interactive à l’accueil de leur site, on dénombre près de 4000 sociétés, de l’Amérique du Nord à l’Europe en passant par l’Asie.

M. Littman, originaire de Montréal mais qui vit à Ottawa, croit que les gens aiment bien essayer d’autres manières de se divertir que de regarder un film dans leur salon. « C’est plus actif, et on utilise davantage notre cerveau », observe-t-il.

À Montréal, lui et ses compagnons (qui travaillent tous en médecine) ont réussi à s’échapper de trois des quatre salles qu’ils ont essayées. Il attribue une bonne part de leur succès à l’expérience accumulée dans le domaine. « Nous avons tendance à obtenir de meilleurs résultats, mais seulement parce que nous en avons fait beaucoup », nuance-t-il, précisant qu’à la longue, on sait davantage quoi chercher et comment le chercher.

La recette

La plupart du temps, les jeux d’évasion fonctionnent selon la même recette : 

Une pièce fermée, dont l’objectif premier est de sortir

Une clé à trouver en résolvant des énigmes

Durée limitée – souvent 60 minutes, parfois 45

Entre 4 et 10 joueurs dans la pièce environ

Un exemple de scénario

Prohibition, d’Échappe-toi

« Montréal, 1931. Le Tripots s’est fait un nom dans l’univers des jeux clandestins. C’est le lieu à la mode où l’on peut jouer et s’amuser, la plupart du temps dans une ambiance plutôt festive.

« Cependant, ce cabaret est le théâtre de disparitions inexpliquées, qui n’intéresseraient personne si la dernière n’avait pas fait scandale, éclaboussant jusqu’au chef de la police.

« Lorsque vous entrez dans le bar, poussé par une curiosité humaine mais dangereuse, vous ne vous doutez pas que vous êtes sur le point de vous retrouver pris dans une histoire qui n’était pas la vôtre… Serez-vous capable de retrouver la vérité et de vous échapper avant de disparaître à votre tour ?

« Ce scénario vous mène sur les traces d’une investigation policière et vous transforme en détective des années folles…

« Avec votre équipe, vous disposez de 60 minutes pour résoudre l’énigme de ces mystérieuses disparitions avant que le malheur ne frappe encore ! »

JEUX D’ÉVASION

Trouvez la clé

45 minutes

Entre 3 et 8 joueurs, en fonction de la grandeur de la pièce

25 $ par personne, 15 % de rabais pour les étudiants

SCÉNARIOS : 

Zone de guerre

Scène de crime

L’illusionniste

Navire pirate hanté

JEUX D’ÉVASION

Échappe-toi

60 minutes

Entre 2 et 6 joueurs

23 $ pour un adulte, 20 $ pour un étudiant ou un enfant

SCÉNARIOS : 

TV Champlain

Le trésor maudit d’Hochelaga

La chambre des joueurs

Al Patraz

Prohibition

JEUX D’ÉVASION

Trapped

60 minutes

Entre 2 et 8 joueurs, en fonction des différents scénarios

28 $ (25 $ si on réserve en ligne)

SCÉNARIOS : 

L’ancienne pyramide

Prison médiévale

L’hôpital contaminé

Death Note

JEUX D’ÉVASION

Obsidem

Entre 20 et 90 minutes

Entre 2 et 8 joueurs

De 15 à 35 $

SCÉNARIOS : 

Duo dynamique

La bibliothèque

Le piège

Projet X

JEUX D’ÉVASION

Intrigues urbaines

60 minutes

Maximum 6 personnes

23 $ par adulte, 18 $ pour les 16 ans et moins (il y a aussi des tarifs famille)

SCÉNARIOS : 

Lac Kwanita

Le dossier 1720

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JEUX D’ÉVASION

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À Brossard 

À Laval 

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