Quartier d’écrivain

Le « plateau » Rosemont de Maxime Raymond Bock

Dans son recueil de nouvelles, Les noyades secondaires, Maxime Raymond Bock parle de plusieurs quartiers de Montréal, mais plus particulièrement de celui de Rosemont. Il y a grandi et, surtout, il y a beaucoup nagé comme athlète et comme sauveteur. L’auteur se déplace comme un poisson dans l’eau dans Rosemont.

« On jouait au hockey-balle dans la ruelle. Tout le monde avait un filet dont les mailles étaient rafistolées avec des attaches de sac de pain. J’avais un kit de goaler un peu troué que j’avais reçu à Noël. Ça ne faisait pas de moi un bon gardien, mais ça en prenait un. Il y avait une cour avec un chien méchant et notre balle, évidemment, aboutissait toujours là. C’est une belle idée de faire des ruelles vertes, une forme contemporaine de sentiment de vie de quartier. »

« Il y a toujours eu une mixité de classes sociales dans Rosemont. C’est comme un village, dont Masson est la rue principale. À cause du chemin de fer, il y a toujours eu des problèmes de communication entre Rosemont et le Plateau. Dans le quartier, il y a le viaduc de la mort, à l'intersection D’Iberville et Saint-Joseph. Comme dans tous les quartiers de Montréal qui s’embourgeoisent, une nouvelle clientèle vient dans la rue Masson, qui a beaucoup changé en 10 ans, alors que les vieux résidants vont dans les commerces qui sont là depuis longtemps, comme la quincaillerie Bélanger. »

« Rue Masson, il y a de la compétition pour les déjeuners entre Planète Œuf et La Corvette. À mon sens, il faut continuer d’aller à La Corvette, parce que lorsque ce restaurant va faire faillite, sa clientèle aussi va quitter le quartier. C’est ce qui fait la saveur de Rosemont, la cohabitation des classes sociales. Historiquement, Rosemont est un quartier populaire plutôt tranquille, où la majorité des habitants travaillaient aux Shops Angus. On voyait les messieurs avec leur calotte et leur boîte à lunch descendre la côte pour se rendre au complexe industriel Angus. »

« Grandir ici dans les années 80 et 90, c’était un moment effervescent. Les Saint-Jean du début des années 90 au parc Maisonneuve étaient épiques. Quand on vit à côté du Stade olympique, ça contribue à renforcer ton sentiment d’appartenance. Ce que j’aime de Rosemont, c’est que c’est un peu excentré ; les métros sont loin ; il faut prendre l’autobus. Il y a un peu ce sentiment de village éloigné. »

« Les bâtiments sont bas ; les rues, un peu plus larges que dans Hochelaga. Avec le couvert des arbres, ça fait une petite vie de quartier. Rosemont s’est développé au tournant du XXe siècle. Dandurand et Holt étaient deux acolytes en affaires, possédant de petites compagnies d’électricité, extrêmement riches et puissants. En flairant la bonne affaire, ils ont acheté les terres agricoles du quartier, les ont fait dézoner et les ont vendues pour du résidentiel aux travailleurs du quartier. »

« La bibliothèque actuelle a déjà été un centre de santé. Mon grand-père était dentiste et il a commencé à pratiquer à cet endroit. Avant d’être privatisé, à l’époque, c’était un service public. La piscine est située juste derrière. Tout près, il y a aussi une église et une école anglaises. Rosemont est un milieu de vie qui a une tendance à la plateauïsation, mais qui a peu changé. Le vrai plateau, c’est Rosemont, si on parle en termes de topographie. »

« Je suis un gars de piscine. Les activités de jeunesse sont formatrices. À la piscine Rosemont, j’ai eu toute une carrière de nageur et de sauveteur. J’étais dans le club Les Rebelles de Rosemont qui donnait le goût du sport aux jeunes. Trois fois par semaine, je faisais de la natation et du water-polo. Ma nouvelle Rosemont de profil commence dans les douches de la piscine. C’est un texte de voyeur, quasiment. Le personnage n’est qu’observateur. Il est incapable d’agir. Il réfléchit sur son incapacité à entrer en contact avec les autres. C’est un texte sur le regard. »

« La piscine Rosemont sera transformée en maison de la culture quand on terminera les travaux [en 2022] de la nouvelle piscine intérieure qui sera construite juste à côté. Rosemont est resté un quartier presque inchangé, mais si la fameuse ligne rose du métro était construite, ça changerait tout. »

Les noyades secondaires

Maxime Raymond Bock

Le Cheval d’août

370 pages

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