Éditorial : Premier voyage à l'étranger

Trump a oublié le 11-Septembre

Le premier voyage à l’étranger d’un président américain a valeur de symbole.

Il était donc normal pour Donald Trump de choisir un allié indéfectible et, si possible, un voisin et partenaire commercial incontournable. Ou, à tout le moins, un des nombreux pays qui font la promotion de la démocratie et des droits de la personne.

Et c’est pourquoi Donald Trump a décidé de se rendre en… Arabie saoudite !

Quoi ? Attendez un peu. Vous faites sûrement erreur ?

L’Arabie saoudite ? Cette monarchie qui a été classée par l’organisation Amnistie internationale l’an dernier comme l’un des principaux pays qui participent à « un mouvement insidieux et rampant qui met en péril les droits humains ».

Cette monarchie qui avait été décriée par Donald Trump en campagne électorale. Il reprochait alors à ses dirigeants de vouloir « que les femmes soient des esclaves et que les gais soient tués ».

Il avait aussi affirmé que ce pays a « fait sauter le World Trade Center ». En fait, la commission d’enquête sur les attentats terroristes du 11 septembre 2001 a établi que le régime saoudien n’a pas joué de rôle direct dans ces attaques. Cela étant dit, impossible de passer sous silence le fait que 15 des 19 terroristes étaient des Saoudiens.

C’est le cœur du problème : l’élite saoudienne fait, avec zèle et efficacité, la promotion d’un islam fondamentaliste.

Au sein de ses frontières et aux quatre coins du monde. À grand renfort de pétrodollars.

Au cours des dernières décennies, certains estiment qu’elle y a investi des dizaines de milliards de dollars, finançant des écoles, des mosquées, mais aussi des organisations terroristes.

Bien sûr, depuis le 11-Septembre, le régime saoudien a compris qu’il devait redorer son blason. Il s’est mis à jouer sur les deux tableaux. Il collabore aujourd’hui, de façon effective, à la lutte antiterroriste. Notamment en offrant de précieux renseignements aux pays occidentaux.

Il serait donc contreproductif de mettre le pays en quarantaine. On a besoin de collaborer avec lui pour qu’il nous aide à désamorcer les bombes à retardement… qu’il a lui-même fabriquées.

Cette équation explique probablement en partie la décision de Donald Trump. Il a sans aucun doute aussi été ému par le fait qu’il y a beaucoup, beaucoup d’argent à faire en Arabie saoudite (le gouvernement canadien a fait le même constat). Il cherche aussi à renforcer l’alliance stratégique avec ce pays, particulièrement face à l’Iran, qu’il considère comme un ennemi.

Sans oublier son désir de se donner en spectacle. Après avoir visité le berceau de l’islam, il se rendra en Israël et au Vatican. Les trois lieux saints des grandes religions monothéistes.

« Historique », clame la Maison-Blanche. C’est en fait de la poudre aux yeux. Ça ne doit surtout pas nous faire oublier que Donald Trump traite le régime saoudien comme s’il s’agissait de son meilleur ami. Il l’honore. Il aurait plutôt dû lui tordre un bras pour qu’il cesse de contribuer à la création des terroristes de demain.

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