Totem Acoustic

Gravir le mur du son

Dans un marché dominé par les barres de son et les systèmes compacts, Totem Acoustic fait presque figure d’anachronisme avec ses haut-parleurs. La petite entreprise de Saint-Léonard est pourtant considérée par les mélomanes du monde entier comme la référence en la matière, celle qui ne s’est jamais démodée en trois décennies.

L’homme derrière ce succès, c’est Vince Bruzzese, un improbable mélange d’homme d’affaires, de scientifique et de patenteux.

« La chose la plus difficile à faire sur la planète Terre, ce sont de bons haut-parleurs. »

— Vince Bruzzese, directeur général de Totem Acoustic

« Dans les années passées, il y a eu peut-être 3000 entreprises qui ont essayé, mais dans les dernières années, seulement 5 ou 6 ont réussi à se distinguer. »

Totem Acoustic « est reconnue comme faisant partie du top 5 dans le monde, renchérit Lucy Lentini, présidente de l’entreprise. C’est quand même incroyable pour une petite compagnie du Québec qui a 30 ans ».

L’entreprise produit quelque 40 000 paires de haut-parleurs chaque année, expédiées dans 35 pays. Ses 55 modèles se vendent entre 500 $ la paire et 15 000 $ pour le mythique Element Metal, le rêve de bien des audiophiles.

LONGÉVITÉ EXTRÊME

Les yeux de M. Bruzzese étincellent quand il explique en quoi ses haut-parleurs sont uniques. D’abord, ils sont fabriqués « de A à Z » au Québec et tous montés à la main. Chaque haut-parleur demande une quarantaine d’heures de main-d’œuvre et environ une semaine pour la finition, qu’on fait en plusieurs couches. Surtout, ils ne comprennent aucune pièce électronique passive ni circuits imprimés. « Ces pièces se dégradent avec le temps. Nos produits, eux, ont une longévité extrême. On intègre le moins de pièces possible avec le plus de synergie possible. »

L’inventeur a mis au point une technologie unique, d’une rapidité et d’une précision exceptionnelles qu’il a baptisée Torrent. Il en montre avec fierté les résultats dans le bureau de sa présidente, transformé en salle de démonstration.

« Nos haut-parleurs ne sont jamais en détresse, ils parlent comme une voix humaine. Ils ont une réalité, une présence que les autres ne peuvent pas atteindre. »

— Vince Bruzzese

Pour illustrer la différence entre ses bébés et les populaires barres de son, il met ses deux mains en cornet autour de sa bouche. « Ça, c’est un son unidirectionnel, très pauvre. Notre monde devient plus blasé parce qu’il y a beaucoup d’écoute de musique de basse qualité. »

UNE AUTRE DIRECTION

Quant aux systèmes compacts, comme les Bose, il ne veut pas les critiquer trop vertement. « Un bon magasin va offrir le choix. Mais aussitôt qu’il y a comparaison, les gens vont préférer Totem. » Il estime que ses haut-parleurs les moins chers, à 500 $, couplés à un honnête amplificateur Marantz de quelques centaines de dollars, vont battre haut la main les systèmes qui ont envahi le marché depuis une quinzaine d’années.

« Mais ce n’est pas facile de produire quelque chose d’aussi bonne qualité dans un monde industriel. Est-ce qu’on aurait pu faire des barres de son ? Oui. Mais on ne voulait pas aller là. On est une petite entreprise, mais notre réputation a toujours été très honorable. »

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