Andrée A. Michaud a reçu le Prix du Gouverneur général pour son excellent polar littéraire Bondrée, un honneur bien mérité. Voici ses choix.

LE FEU DE MON PÈRE, DE MICHAEL DELISLE

« L’auteur y parle de choses graves dans une langue très simple. Il n’y a aucune forme de complaisance même s’il raconte des choses très intimes sur son père et sur son enfance, et qu’il relate des souvenirs traumatisants. Il réussit à prendre une certaine distance et malgré tout, il touche. »

JONAS DE MÉMOIRE, D’ANNE ÉLAINE CLICHE

« C’est un livre magnifique sur le plan de la forme. Il y a un gros travail sur l’écriture, mais aussi sur le contenu qui est très riche : on voit qu’elle a une grande connaissance de la culture juive. Mais à travers cette grande érudition, la sensibilité transparaît ; c’est érudit sans être lourd. »

NŒUD COULANT, DE MICHAËL TRAHAN

« Ce sont des poèmes d’une grande cohérence et d’une grande inventivité. Cette poésie n’est absolument pas figée et j’ai été estomaquée par la qualité du texte. Michaël Trahan vient de remporter le prix de l’Académie des lettres Alain-Grandbois avec ce premier recueil, et je veux lui rendre hommage ici, car je n’ai jamais eu l’occasion de le croiser. »

L’auteur du Royaume, roman biblique bien personnel, était au Salon du livre de Montréal la semaine dernière. Nous en avons profité pour lui demander quels sont les meilleurs livres qu’il a lus cette année.

RÉPARER LES VIVANTS, DE MAYLIS DE KERANGAL

« C’est un roman extrêmement fort et émouvant, porté par une écriture haletante et physique toujours collée sur son sujet. Il y a une tension, une urgence, à travers une histoire qui est très belle. »

CANADA, DE RICHARD FORD

« Ce n’est pas le même genre d’écriture que le précédent, c’est beaucoup plus contemplatif. Mais c’est extrêmement prenant et émouvant, je dirais que c’est mon livre préféré de Richard Ford. C’est très mélancolique, on adhère à cette voix tout de suite. »

UN HOMME AMOUREUX, DE KARL OVE KNAUSGAARD

« L’auteur est un Norvégien qui a écrit son autobiographie en six tomes. Le second, qui fait près de 800 pages, vient d’être traduit en français. Je trouve ce livre fascinant, surtout que sa vie n’est pas spécialement intéressante, et que le type n’a que 40 ans ! Mais il raconte tout ça avec un tel investissement, une telle fièvre, que tout devient passionnant. »

Avec Chercher Sam, Sophie Bienvenu continue dans la veine « coup de poing » qu’elle avait amorcée dans son premier roman, Et au pire on se mariera. Voici ses choix.

L’ORANGERAIE, DE LARRY TREMBLAY

« Larry Tremblay a compris que la perfection s’atteint lorsqu’il n’y a plus rien à enlever. Son écriture est sobre, sans fioritures, mais d’une poésie des plus émouvantes. Je suis ressortie de ce roman avec l’impression d’avoir vécu les horreurs de la guerre de l’intérieur [...]. Un chef-d’œuvre, tout simplement. »

LA VIE SUR MARS, DE MARIE-SISSI LABRÈCHE

« On se croit très loin, dans ce roman d’anticipation, de Borderline ou de La Brèche, puisqu’il y est question de maternité et d’héritage. [...] On ne sent plus l’auteure avec la peau à vif, on la découvre presque apaisée, mais sa voix tant aimée y est pourtant bien présente. Et quel plaisir de les retrouver dans un roman qui, pour une fois, ne fait pas mal ! »

LA MAIN D’IMAN, DE RYAD ASSANI-RAZAKI

« Vivant probablement sous une roche à l’époque de sa sortie en 2011, je ne l’avais pas lu, malgré le prix Robert-Cliche du premier roman et la nomination pour le Prix du Gouverneur Général. [...] Je regrette tout ce temps perdu sans connaître ce roman choral d’une puissance et d’une beauté rares. J’ai presque dû mettre ma vie sur pause pendant que je le lisais, tant il me coûtait de le laisser de côté. »

Michel Tremblay vient de lancer Survivre ! Survivre !, avant-dernier tome de sa Diaspora des Desrosiers et surtout beau, très beau roman. Voici ses choix.

L’INCOLORE TSUKURU TAZAKI ET SES ANNÉES DE PÈLERINAGE, D’HARUKI MURAKAMI

« Je trouve que le dernier roman de Murakami est une belle introduction pour quelqu’un qui ne connaît pas cet auteur japonais. C’est à la fois le plus simple à comprendre et une histoire très particulière. »

VIOLENCE À L’ORIGINE, DE MARTIN MICHAUD

« C’est vraiment très bon, très bien écrit, il est vraiment à la hauteur des auteurs de romans policiers d’ailleurs qu’on aime tant, les Mankell et compagnie. Finalement, Martin Michaud aussi est un auteur de polars du Nord… mais pas du même Nord [rires]. »

LE PREMIER QUI RIRA, DE SIMON BOULERICE

« Je ne l’ai pas fini, mais j’aime ce qu’il fait. C’est échevelé, mais on sent que ça s’en va quelque part. On y sent aussi sa grande naïveté et son éternelle adolescence. Et ses personnages sont plus que touchants : ils sont bouleversants. »

Quatre auteurs dont nous avons beaucoup apprécié les romans parus cette année, quatre auteurs qui sont aussi des lecteurs passionnés. Nous leur avons demandé de nous faire partager leurs lectures préférées de 2014. Résultat : une sélection éclectique et éclairante.