Inspiration Finalistes Humanisme et accomplissement personnel

Le don de soi

Se réaliser en aidant les autres, c’est ce qui caractérise les personnalités finalistes dans la catégorie Humanisme et accomplissement personnel. En mettant leur énergie au service d’autrui, elles contribuent par leur courage et leur générosité à façonner une société plus juste.

Fleurette Bilodeau

Semaine du 7 janvier

Née dans une grande famille du Lac-Saint-Jean, Fleurette Bilodeau, 88 ans, a consacré sa vie à aider les autres. Dans le cadre de son travail auprès des élèves du collège Marguerite-Bourgeoys, où elle a travaillé pendant 17 ans, mais surtout dans son quotidien. Sa passion : écouter les autres, les encourager et parler haut et fort pour prendre leur défense – surtout les personnes âgées, trop souvent ignorées, isolées, invisibles. Dans le temps des Fêtes, elle organise une fête de Noël pour personnes seules depuis près de 50 ans. Les heures passées au téléphone à écouter et à rassurer les victimes de la solitude ? Elle ne les compte plus. C’est sa vie.

Catherine Hudon

Semaine du 11 février

Catherine Hudon n’a pas eu une vie facile, mais la femme de 39 ans a vécu une épreuve particulièrement plus douloureuse que les autres : la mort de son fils Mattéo alors qu’il était dans l’avion-ambulance qui l’évacuait d’urgence de la communauté du nord du Québec où il vivait avec sa famille. Catherine aurait voulu être avec lui, mais les parents n’ont pas le droit de monter dans l’avion. Son enfant est mort seul. Elle a décidé de lancer haut et fort un appel à tous pour changer cette politique. Son message a été entendu et le ministre de la Santé Gaétan Barrette a annoncé, à la suite de son cri du cœur, que la politique serait revue.

La famille Biron

Semaine du 1er avril

La famille Biron, c’est celle de Vanessa, fillette de maintenant 10 ans férocement attaquée par un pitbull dans un parc de Brossard en octobre 2015. Ébranlée par cette épreuve dont la petite est ressortie très forte, mais avec des séquelles à la mâchoire, la famille a décidé d’appuyer le père, Bernard, pour qu’il milite en faveur d’une loi provinciale pour une meilleure protection des humains contre les chiens dangereux. Aussi, la famille a eu le courage d’épauler la police et la Couronne pour que le propriétaire du chien soit puni en vertu du Code criminel. Il a été condamné à quatre ans de prison. Une première au Québec.

Gabriel Tremblay

Semaine du 15 avril

Gabriel Tremblay, originaire du Saguenay, diplômé en finances et en administration, a travaillé toute sa vie dans des entreprises vouées à l’intégration des personnes handicapées. En mars dernier, quand il a appris que Walmart mettait fin à son programme d’embauche des travailleurs aux potentiels différents, il les a tous invités à venir travailler dans son entreprise, TAQ, à Québec. Dans les jours qui ont suivi son annonce, Walmart a changé d’idée et a décidé de reprendre tout le monde, mais M. Tremblay en a profité pour continuer de parler de la nécessité d’embaucher des personnes handicapées. Elles sont dévouées, dit-il, loyales, capables de faire plein de choses. Le Québec en a besoin dans cette situation de plein emploi. Il y a de beaux défis à relever.

Line Cormier

Semaine du 17 juin

Line Cormier est la présidente de Madeli-Aide, un organisme qui s’est donné comme mission de permettre aux jeunes Madelinots de poursuivre leurs études. Elle-même originaire des Îles-de-la-Madeleine, racines dont elle est très fière, Mme Cormier est engagée depuis les débuts de cet organisme qui permet notamment aux jeunes de sortir de l’archipel, où les ressources éducatives sont limitées. Cette année encore, le groupe a amassé des fonds avec une activité spectaculaire : un festin de homard, sur un bateau, dans les ports de Montréal et de Québec. Mme Cormier a travaillé toute sa vie en éducation. D’abord en allant chercher une formation en éducation physique, puis en s’intéressant au potentiel des technologies de l’information dans les processus éducatifs. C’est le long de cet axe qu’elle a bâti sa carrière au sein de l’Université du Québec, puis notamment de l’Organisation de la Francophonie. Cette année, Madeli-Aide fête son 20e anniversaire grâce au soutien de bénévoles comme elle.

Wilmann Edouard et Yasser Mohammad

Semaine du 2 septembre

Ils se sont connus il y a une vingtaine d’années à la polyvalente Henri-Bourassa, à Montréal-Nord. Tous deux aimaient le basket. Un jeune d’origine haïtienne qui « coachait » des jeunes, un réfugié politique irakien qui avait atterri difficilement au Canada. La vie les a amenés ensuite sur différents chemins, mais les a de nouveau rapprochés il y a quelques années, quand ils ont réalisé que leur but était le même : aider les jeunes, par le sport, à devenir de meilleurs humains. Ensemble, avec Mo Sport et la Coopérative Multisports Plus, les organismes qu’ils ont chacun fondés, ils collaborent pour permettre aux jeunes de s’améliorer sur le terrain de basket et sur le terrain de la vie.

Alexandre Lepage

Semaine du 30 septembre

Le grand succès d’Alexandre Lepage, c’est d’être revenu de très loin et d’avoir décidé d’utiliser cette expérience pour aider des jeunes. À 42 ans, celui qui a connu la rue, la prison, la drogue, la maladie mentale, et qui s’est sorti de toutes ces difficultés, ce photographe et technicien de scène a décidé de lancer avec deux autres personnes, dont sa conjointe et photographe Alejandra Ariza, un projet avec l’organisme Dans la rue. Ensemble, ils ont amené des jeunes à apprendre la photo, à découvrir leurs talents et à faire régulièrement des ateliers créatifs pour capter leur vie, leurs observations du monde. Impressionné par le projet et la qualité des images, World Press, l’organisme qui couronne chaque année les meilleures images de photojournalisme au monde et qui tient des expositions, dont une à Montréal, a pris contact avec eux pour que les travaux des jeunes soient exposés, à côté des gagnants. Ils faisaient donc partie, en 2018, de l’exposition vue par près de 56 000 visiteurs.

Ak’ingabe Guyon

Semaine du 7 octobre

Médecin spécialiste en santé publique, la Dre Ak’ingabe Guyon est une militante de la prévention. Son nom, elle le doit à son père d’origine rwandaise, qui a fui les violences ethniques dans son pays à la fin des années 60 pour venir ici. Sa passion, elle la doit à un voyage en Tanzanie pour travailler sur la prévention du VIH avec des experts en santé publique, après sa maîtrise à la London School of Hygiene and Tropical Medicine, en Angleterre. C’est en effet après cette expérience qu’elle a décidé de se plonger dans des études de médecine et de suivre cette voie ici, au Québec. Aujourd’hui, non seulement elle travaille comme médecin, mais elle enseigne et elle intervient aussi publiquement pour faire valoir l’importance de la prévention et du soutien aux équipes médicales sur le terrain. Interventions politiques à Québec, lettres ouvertes, la Dre Ak’ingabe Guyon parle. En 2018, elle a remporté le Prix de la présidente des Médecins de santé publique du Canada après avoir dénoncé – preuves à l’appui – les coupes massives en prévention au Québec.

Gina Cody

Semaine du 14 octobre

Née à Téhéran, Gina Parvaneh Cody est arrivée à Montréal en 1979, avec 2000 $ et un diplôme de premier cycle en génie en poche, pour rendre visite à son frère étudiant à Concordia. Après une rencontre avec un prof, elle décide d’étudier elle aussi à cette université pour sa maîtrise, puis son doctorat. Près de 40 ans plus tard et après une brillante carrière en génie-conseil à Toronto, elle est revenue en 2018 à Concordia avec un grand cadeau en poche : un chèque de 15 millions de dollars, qui a amené l’université à donner son nom à son école de génie et d’informatique. C’est la première fois au Canada qu’une faculté d’ingénierie porte le nom d’une femme. « Je ne l’ai pas fait pour voir mon nom, dit-elle. Je l’ai fait pour que des jeunes filles voient le nom d’une femme en haut de la porte. » L’avancement des femmes en sciences et en technologie est une cause cruciale, dit-elle. « Comment peut-on avancer comme société si on laisse la moitié de la population derrière nous ? »

Jayne Malenfant

Semaine du 11 novembre

Jayne Malenfant, 29 ans, est née en Ontario et a grandi en Saskatchewan dans des conditions qu’elle savait difficiles, où pauvreté et troubles de santé mentale faisaient partie de son quotidien. Mais c’est seulement une fois à l’université, aidée par toutes sortes d’adultes de bonne volonté en cours de route, qu’elle a compris une chose cruciale sur son parcours. Que cette vie de précarité, de nuits à dormir sur le plancher, d’incertitudes, de ventre vide, avait été celle d’une sans-abri. Aujourd’hui, Jayne Malenfant met tout ce vécu à contribution dans le cadre d’un projet de l’Université McGill pour aider les jeunes de la rue à aller à l’école, le plus longtemps possible, malgré les embûches posées par leur statut. C’est son projet de doctorat, car celle qui a reçu deux bourses prestigieuses – Vanier et Trudeau – est passée d’itinérante à doctorante.

Mai Duong

Semaine du 18 novembre

Mai Duong a signé son premier livre pour enfants en 2018 et travaille à son compte dans le domaine de la publicité. Mais son grand accomplissement, en 2018, a été le lancement d’une fondation, Swab the World, dont le but est d’augmenter la diversité raciale au sein des ressources médicales pour les patients atteints de leucémie. Elle-même touchée deux fois par la maladie, la jeune femme, née dans une famille de réfugiés vietnamiens arrivés au Québec en 1979, a en effet constaté que les donneurs de moelle osseuse et d’autres formes de cellules souches sont très majoritairement d’origine caucasienne, ce qui les rend incompatibles pour les malades d’origine asiatique ou africaine, notamment. Son objectif : faire en sorte que les malades d’origines ethniques diverses aient eux aussi accès à des donneurs pour pouvoir guérir tout autant.

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