Médias

Torstar et Postmedia éliminent près de 300 emplois

Alors que la presse écrite d’information accentue ses demandes d’aide auprès du gouvernement Trudeau, les deux plus grandes entreprises de journaux au Canada anglais, Torstar et Postmedia, ont annoncé hier la fermeture d’une trentaine de titres régionaux en Ontario, en plus de quotidiens gratuits à Toronto, Vancouver, Winnipeg et Ottawa.

Ces fermetures, qui affecteront près de 300 salariés, découlent d’un échange de 37 journaux entre ces deux entreprises dirigées de Toronto et dont la valeur boursière est en détresse depuis plusieurs trimestres.

Comme l’ensemble de la presse écrite, Torstar et Postmedia cherchent à redresser leurs résultats financiers et à consolider leurs activités face à la baisse considérable de leurs revenus publicitaires.

« La force croissante des géants du numérique [Google, Facebook, etc.] a provoqué des changements sismiques dans l’allocation des revenus publicitaires – mettant toutes les entreprises médiatiques sous une pression financière massive », a expliqué Andrew MacLeod, président et chef de l’exploitation de Postmedia.

« Nos stratégies numériques montrent des signes prometteurs. Mais nous devons prendre toutes les mesures possibles pour donner à ces initiatives le temps de prendre de l’ampleur, tout en gérant la baisse des revenus publicitaires et de nos coûts d’exploitation. »

Des centaines d’emplois perdus

Postmedia supprimera ainsi 244 emplois, lors de la fermeture en janvier prochain de 22 des 24 journaux qu’elle a acquis de Torstar, incluant les quotidiens gratuits Metro Winnipeg et Metro Ottawa.

Pour sa part, la filiale Metroland Media du groupe Torstar, mieux connu pour son quotidien Toronto Star, fermera trois des sept quotidiens régionaux en Ontario qu’elle a acquis de Postmedia, ainsi que huit journaux communautaires.

La fermeture de ces journaux affectera près d’une cinquantaine d’employés. Torstar fermera également les quotidiens gratuits 24Hours à Toronto et à Vancouver.

« Les coûts de production de douzaines de journaux en régions, face à des revenus publicitaires en forte baisse, signifient qu’ils n’ont plus de modèles d’affaires viables, dans une industrie profondément perturbée. »

— Paul Godfrey, président exécutif et chef de la direction de Postmedia

En termes financiers, Torstar estime que la fermeture des journaux échangés avec Postmedia devrait rehausser son bénéfice d’exploitation « de 5 à 7 millions » sur une base annualisée. Postmedia estime qu’il est « trop tôt » pour évaluer ses économies de coûts.

À la Bourse de Toronto, hier, les actions de Torstar ont rebondi de 5 %, à leur niveau le plus élevé en six mois (1,62 $), après l’annonce de l’échange de journaux avec Postmedia et la fermeture subséquente de la plupart d’entre eux.

Les actions de Postmedia, très faiblement négociées, sont demeurées stables à 55 cents chacune.

Réactions

En réaction à ces fermetures, les principaux regroupements syndicaux de salariés en information au Canada ont réitéré leur demande d’aide transitoire pour la presse écrite auprès du gouvernement Trudeau.

En particulier de sa ministre du Patrimoine, Mélanie Joly, à qui l’on demande de « prendre des mesures immédiates pour s’attaquer à la crise dans l’industrie des journaux avant que d’autres fermetures ne soient annoncées ».

« La crise des journaux ne sera pas réglée en permettant à de grandes entreprises médiatiques de devenir encore plus grandes et en diminuant le nombre de voix journalistiques. Plusieurs solutions de rechange ont été présentées à la ministre Joly afin de régler les problèmes auxquels les journaux sont confrontés au Canada. Il est temps d’agir », selon Jerry Dias, président du syndicat Unifor qui regroupe 12 000 employés des médias au Canada anglais surtout, dont près de 4000 journalistes.

Pour sa part, Pascale St-Onge, présidente de la Fédération nationale des communications (FNC-CSN), qui regroupe environ 6000 employés des médias et de la culture au Québec, estime que « les fermetures menées par ces deux grandes entreprises de presse écrite confirment que personne n’est à l’abri. »

« Il y a urgence d’agir, car toute l’industrie de la presse écrite est à risque en raison de la chute des revenus publicitaires. »

— Pascale St-Onge, présidente de la Fédération nationale des communications (FNC-CSN)

Parmi ses demandes, la FNC propose au gouvernement Trudeau d’instaurer un crédit d’impôt qui rembourserait une partie des investissements en capital et en main-d’œuvre des entreprises de la presse écrite.

La FNC propose aussi que les géants étrangers de l’internet comme Facebook et Google, qui relaient des nouvelles canadiennes et accaparent des revenus publicitaires au Canada, soient assujettis aux mêmes obligations fiscales que les médias canadiens.

Revue boursière

Wall Street hésite entre le Cyberlundi et l’OPEP

Wall Street a terminé en ordre dispersé hier, partagée entre la bonne santé des ventes à l’occasion du Cyberlundi et les inquiétudes sur la prolongation d’un accord pétrolier au sein de l’OPEP : le Dow Jones a gagné 0,1 %, à un nouveau record, et le NASDAQ a reculé de 0,15 %.

Actualités boursières

DBRS rehausse la cote de Bombardier

Environ un mois après que Moody’s eut abaissé la cote de crédit de Bombardier, l’agence DBRS emprunte un chemin différent en relevant ses perspectives à l’égard de l’avionneur québécois. Si la note du constructeur d’avions et de trains demeure à « B », ses perspectives passent de « négatives » à « stables », explique l’agence canadienne dans une courte note d’analyse. « Cette décision reflète des signes, bien que faibles, de stabilisation au sein de la situation financière de la compagnie », écrit DBRS, qui s’attend également à d’autres améliorations au cours des 12 prochains mois.

— La Presse canadienne

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