Les courtiers robots se défendent bien

Quatre ans après être apparus sur les parquets boursiers, les robots conseillers en ont fait, du chemin ! Au Canada, on compte désormais plus d’une douzaine de ces plateformes d’investissement automatisées sur l’internet.

Et c’est tant mieux pour les petits investisseurs qui ont envie de se passer d’un conseiller en chair et en os, sans être parfaitement à l’aise de gérer leur portefeuille entièrement seuls.

Les conseillers robots leur offrent une solution hybride idéale. Simple, transparente, efficace et bon marché.

« On essaie d’humaniser et de simplifier la vie des gens qui veulent commencer à investir pour que ça ne leur semble pas une histoire très compliquée », explique Michael Katchen, fondateur de WealthSimple, qui a attiré des actifs de plus d’un milliard, notamment grâce à l’appui financier de la Financière Power.

En effet, la recette des robots n’a rien de sorcier.

Après avoir déterminé votre profil d’investisseur, ils répartissent vos actifs dans une brochette de fonds négociés en Bourse (FNB) d’actions, d’obligations, etc. Ces véhicules de placement très populaires ressemblent beaucoup aux fonds communs de placement, à la différence qu’ils coûtent 10 fois moins cher en frais de gestion (environ 0,25 % au lieu de 2,25 % de vos actifs chaque année).

Par la suite, les robots rééquilibrent votre portefeuille régulièrement, une opération essentielle qui évite que vos placements ne partent tranquillement à la dérive et ne s’éloignent de votre objectif initial.

Pour cette opération, les conseillers robots exigent des honoraires qui varient de 0,4 à 0,7 % par an, selon les actifs du client. En ajoutant les frais des FNB sous-jacents, l’investisseur peut donc s’en tirer avec des frais d’environ 0,75 % à 1 % par an pour un portefeuille de 50 000 $.

C’est deux ou trois fois moins que les 2,25 % des fonds communs !

Mais qu’en est-il des rendements ? Certains investisseurs se demandent s’ils peuvent mettre leurs épargnes sur le pilote automatique en toute quiétude…

Pour en avoir le cœur net, j’ai comparé la performance de trois robots conseillers qui offrent une plateforme en français, soit InvestCube de la Banque Nationale, Portefeuilles futés de BMO et WealthSimple.

L’exercice n’est pas aisé, car il n’existe pas de base de données centralisée comme pour les fonds communs de placement. Il faut gratter dans les sites web de chaque robot pour dénicher l’information. Et encore, chacun a ses propres catégories de portefeuille. Certains présentent les rendements sans frais, d’autres non.

Pour comparer des pommes et des pommes, j’ai donc uniformisé les rendements en soustrayant tous les frais qui s’appliquent pour un portefeuille de moins de 100 000 $ (FNB et frais de gestion).

La conclusion est que les robots ont fort bien tiré leur épingle du jeu en 2017.

Prenons un portefeuille prudent composé d’environ 65 % d’obligations et 35 % d’actions. Les conseillers robots ont livré des rendements s’échelonnant entre 3,2 et 5,2 %, alors que les fonds communs de placement comparables ont livré une performance de 3,7 % l’année dernière.

Dans le cas d’un portefeuille équilibré composé à parts égales d’obligations et d’actions, les robots ont aussi le haut du pavé, avec une performance oscillant entre 5,5 et 7,8 % contre 5,5 % pour la moyenne des fonds communs équilibrés.

Les conseillers robots se sont encore mieux défendus avec les portefeuilles audacieux, essentiellement constitués d’actions. La vigueur des Bourses étrangères en 2017 leur a permis de livrer des rendements allant de 10,7 à 12,8 %. C’est nettement mieux que si l’épargnant avait mis ses billes dans un fonds commun équilibré mondial d’actions (8,5 %).

Manifestement, les frais plus faibles des robots se traduisent par des rendements plus élevés. À long terme, cela représente des milliers de dollars de plus dans les poches des investisseurs.

Remarquez que si les investisseurs paient davantage de frais dans un fonds commun, c’est parce que la famille de fonds verse une commission de maintien (autour de 1 % par an) à leur conseiller financier. C’est le prix à payer pour avoir des conseils personnalisés avec un spécialiste en chair et en os.

Si votre conseiller vous traite aux petits oignons et vous fait une planification financière sophistiquée (retraite, succession, assurance, fiscalité, etc.), peut-être que le jeu en vaut la chandelle. À vous de juger.

Mais s’il ne vous appelle qu’une fois par année pour vous dire de faire votre cotisation au Régime enregistré d’épargne-retraite (REER), le temps est peut-être venu de migrer vers un robot.

Rassurez-vous, les conseillers robots sont plus qu’un algorithme. Certains ont des experts au bout du fil qui répondront à certaines questions financières. D’autres envoient des courriels à leur clientèle lorsque les marchés brassent. Bref, sous leur carapace métallique, les robots ont une petite touche d’humanité.

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