Appareils de loterie vidéo

Un problème connu depuis plus de 15 ans

La présence des appareils de loterie vidéo illégaux à Listuguj n’a toujours pas fait l’objet d’une intervention, même si leur présence est connue depuis plus de 15 ans. À Québec, on renvoie la balle au service de police de la réserve, mais celui-ci refuse de répondre à toute question sur leur prolifération dans le territoire sous leur responsabilité.

En janvier 2000, un groupe de commerçants de la région de Pointe-à-la-Croix avait porté plainte à la Régie des alcools, des courses et des jeux (RACJ) contre la présence d'appareils de loterie vidéo dans trois commerces de la réserve. La Régie avait répondu à l’époque ne pouvoir intervenir puisqu’elle ne peut sévir qu’auprès des établissements détenant un permis, ce qui n’était – et n’est toujours – pas le cas.

Aussi interpellée en 2000, la Sûreté du Québec avait indiqué que ce dossier n’était pas de son ressort, mais celui du corps policier de Listuguj. Au ministère de la Sécurité publique, on disait avoir demandé des explications au chef de police de la réserve. Ce dernier disait être à consulter ses avocats.

Selon les explications fournies à l’époque à La Presse par l’ex-chef du conseil de bande Allison Metallic, qui possédait lui-même des appareils, Listuguj autorise les machines depuis 1997. Selon son décompte, la réserve en comptait moins d’une trentaine.

Toujours rien

Seize ans plus tard, alors qu’on dénombre désormais tout près de 300 appareils illégaux dans 10 établissements de Listuguj, tant le conseil de bande que le service de police de Listuguj refusent désormais de répondre à toute question à ce sujet. Après deux semaines d’appels sans réponse de La Presse, un porte-parole de la réserve, Mike Isaac, a indiqué dans un bref courriel : « malheureusement, nous ne commenterons pas. »

Au ministère de la Sécurité publique (MSP), on souligne que les infractions en matière de jeu relèvent du Code criminel et qu’il revient au service de police de Listuguj de le faire appliquer. « S’il y a des motifs de croire que des infractions ont été commises, il revient avant tout au corps de police autochtone desservant ce territoire de faire appliquer les lois et les règlements et de réaliser les enquêtes appropriées », a indiqué une porte-parole du MSP, Alexandra Paré.

Québec, qui dit ne pas vouloir s’immiscer dans les enquêtes, ajoute que le service de police pourrait demander l’assistance de la Sûreté du Québec pour l’épauler dans son enquête. Vérifications faites, la SQ dit n’avoir jamais reçu une telle demande. « La réserve a son propre service de police qui a pleine autorité sur le territoire. Et nous n’avons reçu aucune demande d’assistance concernant la loterie vidéo », a indiqué le capitaine Guy Lapointe, responsable des communications du corps policier.

Tout comme en 2000, la RACJ estime encore ne pas avoir à intervenir, aucun des établissements de Listuguj ne détenant de permis d’exploitation des appareils de loterie vidéo. « La problématique soulevée relève des corps policiers avec lesquels nous vous invitons à communiquer », a indiqué une porte-parole, Janick Simard.

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