Élections législatives

Le mouvement d’Emmanuel Macron survole le premier tour

La vague qui a porté Emmanuel Macron à la présidence de la France s’est poursuivie hier lors du premier tour des élections législatives, marqué par un taux d’abstention record. Si les résultats d’hier se confirment au deuxième tour la semaine prochaine, le mouvement La République en marche et ses alliés du centre pourraient obtenir plus de 75 % des sièges à l’Assemblée nationale. Pour le Front national de Marine Le Pen et le Parti socialiste du président sortant François Hollande, c’est l’hécatombe. 

« Un mouvement très clair »

Au terme du premier tour du scrutin, hier, avec 32,32 % des suffrages exprimés, le mouvement d’Emmanuel Macron peut espérer contrôler entre 415 et 455 des 577 sièges de l’Assemblée nationale française. Quant à la droite, avec 21,56 % des votes, elle pourrait faire élire de 70 à 130 députés. « La séquence électorale française donne naturellement un avantage au vainqueur de l’élection présidentielle, analyse Frédéric Mérand, directeur du Centre d’études et de recherches internationales de l’Université de Montréal (CERIUM). Il y a aussi eu un désengagement des électeurs envers les autres partis. » « Les résultats montrent un grand signal de la volonté des Français pour le changement. Il y a un mouvement très clair de cette volonté, et cela se matérialise dans les urnes », analyse de son côté Roland Lescure, ancien haut dirigeant de la Caisse de dépôt et placement du Québec et candidat pour la formation d’Emmanuel Macron en Amérique du Nord. Lui-même est d’ailleurs fortement en avance, avec plus de 50 % des votes après le premier tour.

Projection des sièges au premier tour (si le deuxième tour confirme le premier) : 

La République en marche/Modem (centre) : de 415 à 455

Les Républicains et ses alliés (droite) : de 70 à 110

Parti socialiste et ses alliés (gauche) : de 20 à 40

La France insoumise et Parti communiste français (extrême gauche) : de 8 à 18

Front national (extrême droite) : de 3 à 10

Autres : de 7 à 12

Taux d’abstention record

Les résultats d’hier, bien que réjouissants pour le nouveau locataire de l’Élysée, qui s’est d’ailleurs gardé de tout commentaire, disant ne pas vouloir crier victoire trop rapidement, montrent toutefois que les Français ont été bien moins enthousiastes à exercer leur droit de vote que lors du deuxième tour de l’élection présidentielle en mai dernier. Selon M. Lescure, cela démontre « un rejet des partis politiques traditionnels, alors que les électeurs d’Emmanuel Macron sont sortis en grand nombre ». « Cependant, avec la moitié des Français qui ne sont pas allés voter, nous devons être très humbles par rapport aux résultats. »

Taux d’abstention au premier tour des législatives

2017 : 51 %

2012 : 42,78 %

2007 : 39,58 %

2002 : 35,60 %

Un camouflet pour le FN…

Même si elle a réussi à se glisser au second tour de l’élection présidentielle en mai dernier, Marine Le Pen n’a pas réussi à rallier un nombre assez important de Français au Front national (FN) afin de jouer un rôle significatif à l’Assemblée nationale. Avec seulement 13,2 % des voix exprimées hier, le FN pourrait obtenir 10 sièges au Parlement s’il maintient les mêmes résultats au prochain tour. Pour le parti europhobe et dur envers l’immigration, cela représente « une déception », a reconnu hier son vice-président Florian Philippot. « Comme pour La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon, cela démontre que leur électorat est majoritairement protestataire, et que les suffrages obtenus lors de l’élection présidentielle ne se traduisent pas nécessairement en appuis pour les législatives, analyse Frédéric Mérand, du CERIUM. Le leadership et la stratégie de Marine Le Pen ont aussi été contestés après la présidentielle. » Mince consolation pour Mme Le Pen, elle pourrait faire son entrée pour la première fois au Parlement, puisqu’elle est en avance dans sa circonscription du nord du pays.

… et le Parti socialiste

Écarté du deuxième tour de l’élection présidentielle même s’il détenait les clés de l’Élysée depuis 2012, le Parti socialiste (PS) poursuit sa chute. La formation de l’ex-président François Hollande pourrait devoir se contenter d’environ 40 sièges au début de la prochaine législature, elle qui en détenait près de la moitié il y a quelques mois à peine. Le chef du parti Jean-Christophe Cambadélis a qualifié les résultats de « recul sans précédent ». Le candidat du PS à la présidentielle Benoît Hamon et lui ont d’ailleurs été éliminés hier du second tour de dimanche prochain.

Une victoire pour l’Europe ?

Abandonnée par le Royaume-Uni, menacée d’implosion en cas de victoire du Front national, l’Union européenne pourrait aussi sortir grande gagnante des élections législatives. « L’impact a déjà eu lieu avec l’élection d’Emmanuel Macron. C’est le premier président de la Ve République avec un agenda aussi ouvertement pro-européen. Sa stratégie est de réformer la France pour convaincre l’Allemagne de réformer l’Europe, explique Frédéric Mérand. Cela peut convaincre Angela Merkel. […] C’est le bordel au Royaume-Uni, les États-Unis sont en déficit moral, il y a une occasion en or pour le leadership franco-allemand. »

— Avec l’Agence France-Presse et Le Monde

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