Afghanistan

Nombre record de victimes en 2016

Plus de 11 400 civils, dont 3512 enfants, ont été tués ou blessés en Afghanistan l’an dernier, révèle un rapport de l’ONU dévoilé hier. 

Les talibans sont à l’offensive en Afghanistan, où la guerre continue de faire rage à la suite du retrait de la majeure partie des forces occidentales déployées après les attentats du 11 septembre 2001.

La multiplication des affrontements a un impact important sur la population locale, qui se retrouve souvent prise en étau entre les troupes gouvernementales et les rebelles lors d’affrontements meurtriers.

L’Organisation des Nations unies (ONU) a rappelé cette dure réalité, hier, en soulignant, dans un nouveau rapport, qu’un nombre record de civils ont été directement frappés par la violence en 2016.

Pas moins de 11 418 personnes ont été tuées ou blessées, un nombre qui confirme une tendance haussière qui se poursuit pratiquement sans interruption depuis que l’organisation internationale a commencé à colliger ces données en 2009.

L’année a été particulièrement sanglante pour les enfants, puisque 3512 d’entre eux ont été tués ou blessés, une hausse de près de 25 % par rapport à l’année précédente.

« À moins que les parties au conflit fassent des efforts sérieux pour limiter les conséquences de leurs opérations, le nombre de victimes civiles, de déplacements forcés et d’autres formes de souffrance humaine va demeurer à un niveau consternant. »

— Tadamachi Yamamoto, représentant spécial du secrétaire général de l’ONU en Afghanistan

Le rapport note que les forces rebelles, talibans en tête, sont responsables des deux tiers des victimes civiles, alors que l’action des troupes gouvernementales en explique le quart.

Les frappes aériennes menées par les forces afghanes et internationales ont fait près de 600 victimes, soit deux fois plus que l’année précédente.

L’EI a fait 900 victimes

Le groupe État islamique a fait pour sa part près de 900 victimes, incluant 209 morts, un total 10 fois plus important que l’année précédente. La communauté chiite est la cible de prédilection du groupe extrémiste, qui a orchestré plusieurs attentats.

Les forces afghanes, qui sont de nouveau officiellement responsables de la sécurité dans le pays depuis le 1er janvier 2015, paient un lourd tribut face aux talibans, puisque 6785 militaires et policiers ont été tués sur une période de 11 mois en 2016, une hausse de 35 % par rapport à l’année précédente.

Moins de 60 % du territoire afghan était sous contrôle ou « sous influence » du gouvernement central à la fin de l’année, une baisse de 15 % par rapport à l’année précédente, selon une analyse effectuée par Washington.

La dégradation de la situation sécuritaire du pays pèse lourdement sur le moral de la population. Un sondage mené auprès de 12 000 Afghans par l’Asia Foundation en 2016 a révélé que moins de 30 % d’entre eux considéraient que le pays évoluait « dans la bonne direction ».

Les milliards n’ont pas fait la différence

Sami Aoun, de l’Université de Sherbrooke, estime que l’expansion territoriale des talibans démontre bien que les « milliards » investis par les pays occidentaux, États-Unis en tête, pour les contrer n’ont pas donné les résultats escomptés.

Le gouvernement afghan ne parvient pas à négocier d’entente avec les rebelles, qui préfèrent pousser plus avant sur le plan militaire en vue d’améliorer leur position stratégique, relève M. Aoun.

L’administration américaine avait déjà conclu, sous la gouverne de Barack Obama, que le pays « ne constituait plus un enjeu prioritaire » et a entamé un retrait massif de troupes qui a peu de chances d’être renversé, dit l’analyste.

Le président afghan Ashraf Ghani aimerait convaincre le nouveau chef d’État américain Donald Trump de renforcer le soutien des États-Unis à Kaboul, mais le scénario paraît improbable à la lumière des penchants « isolationnistes » du nouvel élu, juge M. Aoun.

Évolution du nombre de victimes civiles du conflit afghan

2009 : 5969

2011 : 7842

2013 : 8638

2016 : 11 418

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