Groupe État islamique

Charkaoui, « sidéré », envisage des poursuites

Adil Charkaoui a menacé de poursuivre les Collèges de Maisonneuve et de Rosemont pour avoir suspendu les contrats de location des locaux où il tenait des activités d’enseignement, lors d’une conférence de presse tenue hier. Le leader religieux s’est dit victime d’une chasse aux sorcières. Le « contexte de diabolisation » voit la communauté musulmane du Québec être ostracisée par les médias et les autorités, selon lui.

— Philippe Teisceira-Lessard, La Presse

SIX JEUNES QUÉBÉCOIS CHEZ LES DJIHADISTES

Un autre élève de Charkaoui en Syrie

Un jeune homme qui fréquentait la mosquée et le centre communautaire du controversé imam Adil Charkaoui fait partie du groupe de six Québécois qui, présument les autorités, a rejoint le groupe État islamique en Syrie.

Mohamed Rifaat, ex-élève de l’École secondaire d’Anjou âgé d’environ 19 ans, figure sur la liste qui fait les manchettes depuis trois jours, a pu confirmer La Presse auprès d’une source policière.

Le jeune Montréalais apparaîtrait sur au moins deux photographies de groupe avec M. Charkaoui. Celles-ci semblent avoir été prises alors qu’un petit groupe se déplaçait en pleine nature. La Presse n’a pu immédiatement les authentifier de façon indépendante.

« C’est un jeune qui vient de temps en temps à la mosquée et au centre communautaire, oui », a affirmé Adil Charkaoui en entrevue téléphonique. Toutefois, il n’était pas « inscrit à l’École des compagnons ».

Quant aux images, « s’il apparaît dans les photos, il apparaît dans les photos. Qu’est-ce que vous voulez que je fasse ? »

M. Charkaoui a rapidement mis un terme à la conversation avec La Presse, promettant de la poursuivre plus tard en soirée. Au moment de publier, il n’avait pas été possible de le joindre à nouveau.

Mohamed Rifaat est le second membre du « groupe des six » à avoir un lien avec M. Charkaoui et ses projets d’éducation. Bilel Zouaidia avait fréquenté l’école du dimanche de l’imam avant de la quitter. Adil Charkaoui assure qu’il ne s’est présenté qu’à deux séances.

Rifaat, pour sa part, a fait de la publicité sur les réseaux sociaux pour un cours de sport de combat mené par Adil Charkaoui. Environ un mois avant de partir, il a accordé une note de cinq étoiles au Centre communautaire islamique Assahaba – la mosquée de l’imam – sur Facebook.

La police croit que les six jeunes ont quitté le pays de façon coordonnée à la mi-janvier afin de tenter de rejoindre un groupe terroriste sur le territoire syrien. Quatre des jeunes fréquentaient le collège de Maisonneuve, créant une onde de choc dans l’établissement en milieu de semaine, lorsque l’information a été révélée.

UNE PAGE FACEBOOK LOQUACE

La page Facebook de M. Rifaat permet de constater quelle place prenait la religion dans sa vie. Il y donne des conseils de prière à l’endroit de ses amis et répond à leurs questions sur le comportement à adopter pour être un bon musulman.

Sur une vieille photo de lui mise en ligne en 2013, il porte un coton ouaté arborant le mot « New York ». « Qu’Allah me pardonne d’avoir porté ce chandail ! », dit-il sur le ton de la plaisanterie.

Il plaisantait beaucoup moins, en décembre : « Allah déteste tout être vulgaire aux propos inconvenants », écrivait-il. Le jour même où il serait parti, il disait qu’« on doit dire tous les jours » la formule al-Hamdoulilah (Dieu soit loué).

Son profil permet aussi de constater que Mohamed Rifaat était interpellé par le sort des Palestiniens habitant Gaza, ainsi que par l’islamophobie qui sévit au Québec.

Le jeune homme a fréquenté l’École secondaire d’Anjou jusqu’en 2012-2013. Un camarade de classe joint par La Presse a indiqué qu’il était un jeune normal, qui entretenait des relations d’amitié.

Le 5 janvier dernier, soit une dizaine de jours avant le départ du groupe en avion, M. Rifaat vendait au plus offrant sa console de jeu PlayStation 3 sur son mur Facebook. Une tentative qui n’est pas sans rappeler celle de Shayma Senouci, qui demandait 300 $ pour sa robe de finissante quelques jours avant le grand départ.

Il n’a pas été possible de joindre M. Rifaat. Nos messages à ses proches sont restés sans réponse.

— Avec la collaboration de Daniel Renaud

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