Transport de matière dangereuse

Les risques liés au pétrole en hausse

Le nombre d’accidents qui surviennent pendant le transport du pétrole augmente, révèle une étude rendue publique par Statistique Canada. Si bien que l’or noir est désormais la marchandise dangereuse le plus souvent impliquée dans des accidents. Le rapport, rendu public hier, révèle par ailleurs que le pétrole dérivé des sables bitumineux est encore plus polluant qu’on ne l’avait estimé jusqu’ici.

RISQUES EN HAUSSE

Par camion, par bateau, par rail ou par pipeline, la quantité de pétrole qui est transportée au Canada ne cesse d’augmenter. Et les accidents sont en hausse eux aussi. « Le nombre d’accidents concernant des produits de pétrole brut a diminué après le ralentissement économique de 2008, mais il augmente constamment depuis et dépasse maintenant le nombre d’accidents concernant toutes les autres marchandises dangereuses », peut-on lire dans le rapport. On a dénombré un sommet de 283 accidents impliquant du brut en 2013, année de la tragédie de Lac-Mégantic. La tendance a semblé s’estomper en 2014.

PIPELINES

De 2005 à 2014, on a dénombré en moyenne 55 accidents impliquant des pipelines chaque année. La grande majorité de ces événements, 84 %, a entraîné le rejet de pétrole, de condensat ou d’un produit raffiné. Le volume moyen de chaque déversement est de 36 000 L. Mais cette estimation est prudente : la loi qui rend obligatoires les rapports de déversement n’est entrée en vigueur qu’en juillet 2014. « Sur les 463 rejets accidentels de pipeline de pétrole signalés de 2005 à 2014, 70 % des rapports ne quantifiaient pas le volume de produit rejeté », révèle Statistique Canada.

RAIL

Il y a eu en moyenne 780 déraillements par année sur des chemins de fer canadiens entre 2005 et 2014. De ce nombre, moins du tiers (31 %) impliquaient des trains transportant des marchandises dangereuses. Seule une fraction de ces accidents a entraîné le rejet de matières dangereuses, entre deux et sept cas par année. En 2013, année où un train de la Montreal, Maine & Atlantic a déraillé à Lac-Mégantic, on a dénombré six déraillements causant un rejet de matières dangereuses.

PÉTROLE POLLUANT

Le pétrole bitumineux est plus polluant que le pétrole classique car il faut consommer de grandes quantités d’énergie pour chauffer le sable et en dégager le bitume. Lors de son étude du projet d’oléoduc Keystone XL, le département d’État américain avait calculé que le brut albertain émettait 17 % plus de gaz à effet de serre (GES) que le brut classique Mais l’écart est encore plus marqué, peut-on lire dans le rapport de Statistique Canada. L’organisme fait sien le calcul du Carnegie Endowment for International Peace, selon lequel le pétrole lourd non classique émet 50 % plus de GES que le brut léger.

PRODUCTION EN HAUSSE

L’industrie canadienne du pétrole a profité de la baisse des réserves classiques, de progrès technologiques et de prix élevés sur les marchés mondiaux depuis 10 ans. Entre 2005 et 2014, la production au pays a crû de 51,9 %. La quasi-totalité de la hausse (97 %) est attribuable à la croissance de l’extraction de brut dérivé des sables bitumineux. La récente baisse des cours du pétrole ne devrait pas entraîner une chute de la production albertaine, bien que celle-ci ait diminué temporairement dans la foulée des incendies de forêt à Fort McMurray.

ÉMISSIONS EN HAUSSE

La production de pétrole et de gaz est maintenant responsable de 26,2 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) du Canada, confirme Statistique Canada. Ce secteur industriel a dépassé celui des transports comme la plus importante source de pollution. À elle seule, l’industrie des sables bitumineux génère 9,3 % des émissions canadiennes.

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