On consomme trop de médicaments. Trop d’antidépresseurs, trop d’antidouleurs et autres antisymptômes. Cette quête de la pilule miracle a assez duré : il est temps de changer le paradigme en santé et de traiter les causes de nos maladies plutôt que leurs symptômes, plaide le D Gaétan Brouillard dans son premier livre, .
Omnipraticien depuis près de 40 ans, le D Brouillard a acquis au fil des ans des compétences en acupuncture, en naturopathie, en ostéopathie et en hypnothérapie. Ses réponses, il les puise dans la médecine occidentale, mais aussi dans la sagesse ancestrale et les traditions orientales. Parce que le bien-être, selon lui, est intimement lié au mode de vie, à l’environnement, aux dispositions émotives et aux pratiques spirituelles.
Qu’est-ce qui vous a incité à aller chercher des réponses ailleurs qu’en médecine moderne ?
À un moment donné, on arrive avec des symptômes et des maladies qui ne guérissent plus et on se dit qu’on ne passera pas le reste de notre vie à prendre des médicaments contre la douleur. Je suis allé chercher d’autres instruments qui permettraient de régler des problèmes à leur source. La médecine moderne, qui n’a que 200 ans, doit faire preuve d’humilité : l’homme a toujours été capable de trouver des solutions à ses malaises sans que la haute technologie soit présente.
Le premier intertitre de votre livre est « L’arrogance de la science ». En quoi, selon vous, la science est-elle arrogante ?
Dès les débuts de la médecine occidentale, on pensait déjà qu’on avait pas mal tout compris, qu’on connaissait l’être humain. Or, plus on avance, plus on réalise qu’on n’est encore qu’au début de la compréhension. L’être humain est une machine extrêmement complexe ; c’est un corps et aussi une psyché. Actuellement, tout l’élément psychologique est très en retard. On ne sait pas jusqu’à quel point la pensée et l’émotion peuvent nous influencer. La médecine risque de s’égarer si elle va dans l’infini petit de l’organe seulement, sans jamais voir l’ensemble de l’être humain.
Pourquoi, selon vous, attendons-nous la pilule miracle ?
On est habitués à ça. En 1929, le D Alexander Fleming a inventé la pénicilline, la première pilule miracle. À partir de là, on a commencé à penser qu’on pourrait trouver un médicament pour régler chaque maladie. Aujourd’hui, on meurt davantage de maladies chroniques que de maladies infectieuses. Traiter des maladies chroniques avec des médicaments, ça ne fonctionne pas actuellement. On soulage le problème – diabète, maladies du cœur, hypertension – mais on ne le règle pas. Tu as trop d’acidité ? On va te donner un antiacide. Tu as de l’inflammation ? On va te donner un anti-inflammatoire. Tu es déprimé ? On va te donner un antidépresseur.
Est-ce qu’on prescrit trop d’antidépresseurs ?
Beaucoup trop ! C’est un des produits les plus prescrits sur la planète actuellement. Ici, c’est environ une personne sur cinq qui en prend dans sa vie. On travaille, on travaille, et on prend la petite pilule pour supporter tout ça, alors que le gros bon sens serait peut-être de changer notre style de vie. […] Soit dit en passant, de plus en plus d’études disent qu’entre l’effet placebo et l’antidépresseur, il n’y a pas de différence.
Que fait-on, alors, pour guérir une dépression ?
La médecine fonctionnelle, que je pratique, va s’occuper de traiter le problème à sa source. Dans certains cas, l’alimentation peut jouer un rôle. Un individu qui a une intolérance au gluten, par exemple, va développer des anticorps qui vont troubler sa glande thyroïde. Il pourrait développer une hypothyroïdie qui va mener à une dépression. D’autres personnes, qui font des dépressions vers la fin de l’hiver, ont plutôt besoin de vitamine D, d’oméga-3 et peut-être d’un voyage dans le Sud en février. Et il y a aussi toute la question psychologique.
Il y a une part d’intuition dans votre pratique. Par exemple, quand vous faites une injection, vous y déposez des « pensées de guérison ». Y a-t-il une part de scepticisme envers ce type d’intuition dans la communauté médicale ?
Le côté scepticisme est là actuellement dans le corps médical. […] Pourtant, les grands Prix Nobel en physique quantique nous disent que ces choses-là sont prouvées en science quantique. L’être humain est très influençable par ce qu’il entend, par ce qu’il voit, et par ce qu’il s’attend à avoir. Tout cela est scientifique, mais on tarde à l’appliquer dans la pratique.
Comment aimeriez-vous voir la médecine de demain ?
La médecine de demain, c’est la médecine qui va intégrer à la fois le corps, la psyché et l’esprit de l’être humain. C’est une médecine de qualité, où l’on voit les patients lentement et en profondeur. Ce jour-là, on assistera à des avancées incroyables : on n’aura plus besoin d’autant de médicaments ou de grosses chirurgies et le patient n’aura plus besoin de voir cinq ou six docteurs pour régler son problème. L’État sera aussi gagnant, parce que ça coûtera également moins cher.
Le D Gaétan Brouillard est médecin-conseil de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont, où il a été chargé d’enseignement clinique pendant plus de 35 ans. Non-participant à la Régie de l’assurance maladie du Québec depuis 2007, il est aussi propriétaire d’une clinique privée à Laval.
D Gaétan Brouillard
Éditions de l’Homme
Offert en librairie jeudi