Analyse

Test de caractère

Toronto — Lorsqu’Andrew Shaw a déjoué le gardien des Maple Leafs de Toronto Frederik Andersen en prolongation et qu’il a scellé l’issue du match 3-2 en faveur du Canadien, Carey Price s’est précipité pour aller rejoindre ses coéquipiers attroupés.

Le gardien vedette venait d’avoir un grand mot à dire dans cette victoire, lui qui accordait moins de trois buts pour le quatrième match de suite. En fait, c’est la première fois qu’il aligne une telle séquence depuis les 24, 26, 29 novembre et 2 décembre.

De retour dans le vestiaire des siens, Price a eu une pensée pour Ken Dryden. En vertu de sa 259e victoire, hier, il a dépassé le légendaire gardien de la dynastie des années 70 au troisième rang dans l’histoire du Canadien.

Price avait eu beau dire, quelques jours auparavant, que Dryden avait récolté ses 258 victoires en beaucoup moins de matchs que lui, on a compris hier que ce n’est pas un grand nom comme les autres qu’il venait de doubler.

« Ken est le premier joueur du Canadien que j’ai rencontré, a raconté Price. Il était venu à Williams Lake alors que j’avais environ 8 ans. Il a signé un autographe sur un bout de papier que j’ai toujours gardé.

« Quand j’ai traversé une période difficile, à l’âge de 21 ans, il m’a appelé et nous avons eu une bonne conversation. J’essayais non seulement de retrouver mon jeu, mais aussi de savoir qui j’étais en tant que personne. Avoir quelqu’un de cette trempe qui vous appelle, ça change une vie.

« J’ai beaucoup de respect pour Ken, pour ce qu’il a accompli dans la LNH et ce qu’il a fait par la suite. C’est un être humain très spécial. »

Facteurs intangibles

Price avait cédé deux fois devant la jeune sensation Auston Matthews plus tôt dans le match, permettant à la recrue des Maple Leafs de Toronto d’atteindre le plateau des 30 buts. Sauf qu’en prolongation, le gardien vedette l’a empêché de boucler un tour du chapeau lorsque Matthews a bénéficié d’une échappée.

Quelques secondes plus tard, Shaw est allé déjouer Andersen avant de choir lourdement contre la bande.

« Nous arrivons à la portion de la saison où ça devient le plus difficile, a observé Shaw après la rencontre. Les matchs sont serrés et ce sont les équipes de caractère et les équipes avec du cœur qui trouvent le moyen de gagner. »

L’ancien ailier des Blackhawks joue beaucoup mieux depuis l’arrivée de Claude Julien, et avant même de marquer le but décisif, son match était sous le signe de la saine combativité et du deuxième effort. Et tant en échec avant qu’en récupération de rondelle, il a été l’attaquant le plus intense de son équipe.

« C’est le meilleur moment de la saison. Il reste 20 matchs et tout le monde donne une dernière poussée en vue des séries. Le calendrier est tellement long qu’à certains moments, sans dire que c’est ennuyant, disons que c’est répétitif. Maintenant, on s’approche de ce moment auquel on a toujours voulu participer depuis qu’on est petits. »

« J’ai de l’expérience sur ce plan-là et je compte la partager. »

— Andrew Shaw

On a fait grand cas en début de saison de l’afflux de leadership et de caractère chez le Canadien, et on s’est souvent demandé où étaient ces facteurs intangibles pendant les pires moments de l’équipe. Mais voilà le CH engagé dans un sprint de fin de saison, et il a besoin de tous ses atouts pour bien se positionner. L’expérience et le caractère, en principe, font partie de ces atouts.

Tenez : il affrontait hier des Maple Leafs plus jeunes, mais ô combien doués. Les Leafs soufflent dans le cou du Canadien au classement… mais au chapitre de la puissance aussi. On peut très bien envisager que dans un horizon pas trop lointain, ils puissent devenir une meilleure équipe que le Tricolore. Pour l’heure, cependant, les hommes de Mike Babcock campent le rôle du poursuivant et le Canadien n’a pas lâché le morceau. C’est un test de caractère que les troupes de Claude Julien ont relevé là.

« Nous avons vécu le même genre de soirée il y a deux matchs de cela, a toutefois prévenu Shea Weber. Il faut faire attention à la suite des choses. On a deux matchs en deux soirs qui s’en viennent, et si l’on joue avec plus de constance, comme on l’a fait à New York et ce soir, on va se donner de bonnes chances d’avoir du succès. »

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