Sécurité

Plus de Montréalais nagent pour survivre

Le 12 juillet 2008, un adolescent de 16 ans marche sur le bord de la rivière Rouge, dans les Laurentides. Soudainement, il se retrouve submergé, piégé par l’inégalité du fond de l’eau. Malgré ses efforts et les tentatives de son frère pour le sauver, il se noie.

Trois ans plus tard, deux frères de 5 et 8 ans périssent dans des circonstances similaires, au Lac-Saint-Jean. À la suite de ces événements tragiques, le coroner a chaque fois recommandé que le ministère de l’Éducation intègre le programme Nager pour survivre de la Société de sauvetage dans la formation scolaire de tous les enfants de troisième année, au Québec.

Ces cours de natation en situation d’urgence ne sont toujours pas obligatoires, mais la Ville de Montréal vient de dégager 200 000 $ pour permettre à plus d’enfants d’y avoir accès sur son territoire.

Un investissement nécessaire, croit la Société de sauvetage, qui souligne que seulement 3 jeunes Montréalais sur 10 possèdent, à son avis, les habiletés nécessaires pour avoir toutes les chances de survivre à une chute inattendue dans l’eau. Ailleurs au Québec, près des deux tiers des enfants y parviennent.

« Dans la tête des enfants, ils savent tous nager. Mais lorsqu’on les [soumet] à la norme Nager pour survivre, au premier cours, la très grande majorité échoue. »

— Raynald Hawkins, directeur général de la Société de sauvetage

Le contact plus limité avec l’eau en milieu urbain explique en partie pourquoi les petits Montréalais se débrouillent moins bien que leurs pairs en région. Ce nouvel investissement permettra notamment à la Société de sauvetage d’offrir sa formation à plus d’enfants en milieux défavorisés dans la métropole.

« Pour plusieurs, quand ils arrivent à nos cours, c’est la première fois qu’ils mettent le pied dans une piscine publique », illustre M. Hawkins.

SURVIVRE EN TROIS ÉTAPES

Le programme Nager pour survivre mise sur trois compétences. Si elles sont maîtrisées, l’enfant qui se retrouve en fâcheuse position a de meilleures chances de s’en sortir. Au cours des trois cours de base que compte la formation, les enfants se familiarisent avec les habiletés suivantes : 

– Entrer par roulade en eau profonde

Lorsqu’une chute survient, on a souvent du mal à repérer la surface. « On amène les enfants à faire une entrée en culbutant, en partie profonde, pour recréer la désorientation involontaire, comme un enfant qui part à courir après un ballon et qui tombe à l’eau », explique Raynald Hawkins.

– Nager sur place

Un autre outil de survie : la capacité à nager sur place au moins une minute. « Souvent, lorsqu’on tombe à l’eau de façon involontaire, on a un petit choc. Il peut être thermique ou encore être provoqué par l’adrénaline. Ça peut créer une hyperventilation, qui peut aussi mener à une inconscience de 15 à 20 secondes, prévient M. Hawkins. C’est pour ça que l’on demande aux enfants de prendre le temps de reprendre leur respiration, pour repérer l’endroit où ils peuvent se raccrocher le plus rapidement. »

– Nager 50 mètres

Dans la grande majorité des cas, les noyades surviennent à 15 mètres, tout au plus, d’un endroit sécuritaire. « Si un enfant sait nager 50 mètres en eau tempérée, dans une piscine, il sera capable de nager 15 mètres en eau froide », espère le directeur général. « Je ne peux pas promettre que ça va sauver un enfant de la noyade hors de tout doute », poursuit Raynald Hawkins.

La Société de sauvetage croit toutefois qu’une initiation en milieu scolaire peut faire en sorte que plus d’enfants poursuivront leur progression en suivant des cours de natation. À l’avenir, l’organisme espère aussi pouvoir offrir des coupons aux jeunes participants qui présentent des difficultés dans l’eau, afin qu’ils puissent s’inscrire plus facilement à des leçons par la suite.

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