Environnement

Ottawa recommandera un décret d’urgence pour sauver la rainette faux-grillon

Le nouveau gouvernement libéral de Justin Trudeau a finalement décidé de prendre la défense de la plus petite grenouille du Canada.

Hier, en milieu d’après-midi, la ministre fédérale de l’Environnement, Catherine McKenna, a en effet annoncé son intention de recommander un « décret de protection d’urgence » pour la rainette faux-grillon dans le bois de la Commune à La Prairie, en Montérégie.

« En me fondant sur les meilleurs renseignements existants, notamment sur les plus récentes données scientifiques, j’ai établi qu’une menace imminente pèse sur le rétablissement de la rainette faux-grillon de l’Ouest dans le bois de la Commune, à La Prairie », affirme la ministre.

La décision constitue un véritable camouflet pour le ministère québécois de l’Environnement, qui avait autorisé un projet immobilier de 300 millions à La Prairie, en plein dans l’habitat de l’une des plus importantes populations de rainette faux-grillon du pays. Elle pourrait aussi freiner plusieurs projets immobiliers au Québec, alors qu’Environnement Canada vient officiellement de désigner les 49 « habitats essentiels » de la rainette dans la Belle Province.

Catherine McKenna donne finalement raison à Nature Québec et au Centre québécois du droit de l’environnement (CQDE), qui avaient contesté la décision de l’ancien gouvernement conservateur de ne pas avoir adopté une telle mesure pour protéger la rainette à La Prairie.

En juin dernier, la Cour fédérale avait sévèrement critiqué l’ancienne ministre, Leona Aglukkaq, pour avoir écarté de « manière arbitraire et capricieuse » l’opinion scientifique de ses experts, qui étaient favorables à un décret d’urgence en vertu de l’article 80 de la Loi sur les espèces en péril. La Cour avait donné six mois à la ministre pour rendre une nouvelle décision.

« GESTION HONTEUSE DE QUÉBEC »

« Je suis très satisfait, c’est un bon signe pour l’avenir », affirme Michel Bélanger, président du CQDE. Néanmoins, cette décision laisse aussi entendre, selon lui, que le gouvernement du Québec n’avait pas bien fait son travail pour protéger cette espèce.

Un constat partagé par Alain Branchaud, directeur de la Société pour la nature et les parcs du Canada au Québec. « Après plus d’une décennie de lutte des citoyens et de groupes environnementaux, et malgré la gestion honteuse du gouvernement du Québec dans ce dossier, on a enfin une décision. »

Toutes les preuves étaient là, soutient Tommy Montpetit, spécialiste de la rainette faux-grillon et chargé de projet à Ciel et Terre, organisme qui fait la promotion de la protection de l’environnement à Longueuil. « En quelques semaines seulement, la nouvelle ministre a vu qu’il y avait une menace pour cette espèce alors que le provincial n’a rien vu au cours des 11 dernières années. On a vraiment un problème. »

Le projet immobilier destiné à 1200 ménages à La Prairie est piloté par la firme Quintcap. Joint par La Presse, son directeur financier, John Waxlax, a refusé de commenter la décision de la ministre McKenna.

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