Commerce de détail

Toys “R” Us au bord de la faillite

Éprouvant d’importantes difficultés financières depuis des années, la chaîne de magasins de jouets Toys “R” Us est au bord de la faillite. Le détaillant américain se placera très prochainement à l’abri de ses créanciers, selon l’agence Bloomberg. Au début du mois, on apprenait que Toys “R” Us avait mandaté la firme d’avocats Kirkland & Ellis pour l’aider à trouver des solutions pour rembourser des dettes de 400 millions US dès l’an prochain. Au cours des derniers jours, des fournisseurs de Toys “R” Us ont réduit leurs livraisons dans le souci que l’entreprise ne puisse payer ses factures, note Bloomberg. La chaîne américaine, qui détient 1600 magasins dans le monde, jongle avec une dette de 5 milliards US. — Le Soleil

L'actualité expliquée

L’ALENA est-il la cause d’une grève chez GM ?

Il est rare qu’on puisse relier aussi nettement un conflit de travail à un enjeu géopolitique, mais cette fois pourrait être la bonne. Les 2800 travailleurs de l’usine GM à Ingersoll ont déclenché la grève dès l’échéance de leur convention collective, dimanche soir. C’est le premier débrayage dans une usine d’assemblage d’automobiles au Canada depuis 1996. Mais le conflit bouillonnait déjà depuis plusieurs semaines.

Véhicule populaire, emplois perdus

Les Nord-Américains ont beau s’enticher des petits camions comme le GMC Terrain et le Chevrolet Equinox, cela n’est pas assez pour garantir des emplois au Canada. C’est en tout cas le nœud du conflit de travail qui a éclaté à l’usine d’assemblage CAMI de GM, à 150 kilomètres à l’ouest de Toronto.

L’usine d’Ingersoll avait été laissée de côté lors des ententes sectorielles de l’automobile l’an dernier, alors que GM avait promis d’investir dans plusieurs autres usines canadiennes.

En juillet dernier, GM a annoncé le transfert au Mexique de la production du modèle GMC Terrain, entraînant la perte de 600 emplois à Ingersoll.

Cette décision a déjà fait d’autres dommages : il y a deux semaines, le fournisseur de sièges Qualtech, qui équipait le Terrain, a annoncé 30 mises à pied. Et le représentant syndical Jim Reid, de la section locale 27 du syndicat Unifor, qui représente 1200 travailleurs dans des usines de pièces de la région, y voit un symptôme de ce qui cloche avec l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA). « La renégociation de l’ALENA est essentielle et l’élément-clé, c’est les lois du travail et les salaires au Mexique », a-t-il déclaré au London Free Press.

Usine efficace mais menacée

Le syndicat Unifor qui représente les travailleurs de l’usine CAMI affirme que le conflit a éclaté parce que l’entreprise refuse jusqu’ici de garantir au syndicat que l’usine d’Ingersoll continuera de produire l’Equinox de Chevrolet, qui est aussi fait au Mexique.

« Chacun de nos membres comprend l’importance de conclure une entente qui nous garantit un certain volume de production et ce que cela représente pour nos familles et notre collectivité. »

— Mike Van Boekel, président de la section locale 88 à l’usine CAMI, dans un communiqué

L’entreprise affirme que les négociations avaient jusqu’ici permis de faire des « progrès dans plusieurs domaines ». GM « encourage Unifor à reprendre les négociations » afin d’en arriver à une « entente concurrentielle ».

Tout semblait pourtant favoriser une entente à l’usine CAMI : non seulement la demande pour l’Equinox est-elle très forte – il est au deuxième rang des modèles les plus populaires pour Chevrolet –, mais encore l’usine d’Ingersoll a été reconnue comme la plus efficace d’Amérique du Nord de 2012 à 2015.

Un conflit qui pourrait devenir un symbole

Avec la renégociation en cours de l’ALENA, cette grève va attirer l’attention sur les problèmes de cette entente.

Joint par La Presse, le président de l’Association canadienne des constructeurs de véhicules affirme que l’ALENA a été bon pour l’industrie automobile continentale, que ce soit au Canada, aux États-Unis ou au Mexique. Et ce, même si le Mexique a franchi un seuil historique en 2008 en devançant le Canada pour la taille de son industrie. « Oui, il y a eu des usines qui ont fermé au Canada, dit-il. C’est l’endroit sur la planète où les coûts sont le plus élevés. Par exemple, l’électricité en Ontario coûte deux ou trois fois plus cher qu’ailleurs. Et c’est sûr que le Mexique offre un avantage en termes de coût de la main-d’œuvre. Mais il y a aussi de très bonnes raisons d’investir au Canada. »

Selon Michèle Rioux, directrice du Centre d’études sur l’intégration et la mondialisation (CEIM), à l’UQAM, cette grève à Ingersoll procède d’une volonté des syndicats canadiens d’imprimer leur marque sur la renégociation de l’ALENA. « Unifor a l’intention d’être très actif, et le Canada est en train de mettre la barre très haute non seulement en termes de normes de travail, mais aussi dans l’effet des délocalisations sur les travailleurs, dit-elle. Je trouve ça intéressant que les organisations syndicales s’organisent pour faire des gains à l’occasion de la renégociation. Auparavant, le Pacte de l’automobile offrait de telles garanties de production entre les États-Unis et le Canada mais maintenant, on n’a plus de telles garanties, autrement que dans les contrats de travail. » Selon elle, le conflit à Ingersoll peut devenir un « symbole » et pourrait « provoquer un débat plus en profondeur » sur l’intégration économique sur le continent.

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