PME INNOVATIONS
Grands moments en vue pour une entreprise spécialiste du petit
LA PRESSE
Pour compter l’infiniment petit, il fallait jusqu’à récemment employer des appareils bizarrement gros et peu mobiles. C’était avant l’arrivée des cytomètres portatifs conçus par Handyem, de Québec, qui s’apprête à vivre une phase importante de son développement à Boston.
La recherche sur la technologie à la base du développement de Handyem s’est amorcée en 2006, mais ce n’est qu’en 2011 qu’Alain Chandonnet, alors entrepreneur en résidence à l’Institut national d’optique, a lancé Handyem.
Environ un an plus tard, l’entreprise amorçait la commercialisation de ses premiers cytomètres portatifs. Ceux-ci permettent de faire rapidement le décompte des cellules. Ils sont notamment très utiles dans l’analyse d’échantillons sanguins, alors qu’ils peuvent rapidement repérer le nombre de globules blancs ou rouges, en plus de déceler la présence d’autres substances.
« La cytométrie existe depuis quelques dizaines d’années, mais les appareils sont très gros, explique M. Chandonnet. Les gens doivent aller à la machine plutôt que l’inverse. »
« Notre appareil est environ de la grosseur d’un annuaire, comparativement à un mètre cube pour un appareil traditionnel. »
— Alain Chandonnet, fondateur de Handyem
Le fondateur compare l’invention de son entreprise à celle de l’ordinateur personnel. Jusque-là, les ordinateurs occupaient des pièces entières. Ses utilisateurs devaient se déplacer et louer du « temps-machine » pour l’utiliser. L’arrivée de l’ordinateur personnel a permis à tout un chacun d’en avoir un avec soi.
Ultimement, Handyem aimerait pouvoir placer un de ses appareils dans chaque cabinet de médecin.
« Les tests sanguins les plus fréquents pourraient être effectués sur place. Si je prends en exemple les personnes âgées, quand leur médecin leur prescrit une prise de sang, ça peut souvent être compliqué, à cause d’une mobilité réduite ou de problèmes de mémoire. Il y a beaucoup de désaffection, jusqu’à 40 % des prescriptions ne sont jamais remplies. Là, le médecin pourrait procéder sur place et avoir accès à tout le moins aux paramètres de base. »
L’un des compromis de la petite taille des appareils de Handyem est en effet qu’ils ne peuvent réaliser autant de tests que les plus gros. La qualité de leurs tests est la même, assure toutefois M. Chandonnet.
Handyem a bouclé en juillet dernier une ronde de financement de 2,75 millions, menée par Anges Québec, qui en était à son deuxième tour dans l’entreprise. Anges Québec Capital et Desjardins Capital de risque ont aussi contribué cette fois. Cette somme servira principalement à améliorer le réseau de distribution.
Handyem s’apprête aussi à vivre une phase importante de son développement alors que, dès la semaine prochaine, son fondateur s’envolera pour un séjour de quatre mois à Boston, dans le cadre du programme d’accélérateurs technologiques canadiens (ATC) mis sur pied par le Service des délégués commerciaux du gouvernement du Canada.
« Avec San Diego, Boston est l’un des plus grands pôles pour les sciences de la vie aux États-Unis, sans compter l’importante communauté financière présente à Boston. »
Des mentors vont pouvoir encadrer l’entreprise et l’aider notamment à réviser son plan d’affaires afin d’attirer plus facilement les investisseurs américains. Ce que ne détesterait d’ailleurs pas M. Chandonnet.
« Si on pouvait se trouver un grand frère… »