Le Canadien

Un système de jeu trop risqué ?

Le collègue Marc-Antoine Godin a soulevé samedi un point important : bien que le Canadien soit l’un des meilleurs clubs de la LNH au cercle de mises en jeu, ces succès ne se transposent pas sur les indicateurs de possession de rondelle.

Les réponses apportées à cette question par les joueurs vont de la manière de gagner les mises en jeu à la nécessité de mieux contrôler le disque, alors que l’entraîneur a choisi d’aborder plutôt la question sous l’angle du jeu de transition de l’équipe.

En fait, comme on l’indiquait la semaine dernière, chaque mise en jeu ouvre une « fenêtre » de temps à l’intérieur de laquelle la zone où elle a lieu ainsi que le résultat de la mise ont un grand impact sur la possession de rondelle.

Plus on recule vers la zone défensive, plus l’impact d’une défaite au cercle est grand, mais lorsqu’une mise en jeu est tenue en zone ennemie, peu importe le résultat, on garde généralement le contrôle du disque dans les 20 secondes qui suivent. Il est important de souligner qu’environ 25 % des tirs tentés ont lieu à l’intérieur de ces fameuses fenêtres. C’est ce qui nous permet d’isoler plus clairement les deux problèmes du CH.

Premièrement, en nombre brut, le Canadien est une des équipes qui accorde le plus grand nombre de mises en jeu en zone défensive à l’échelle de la ligue. Au moment d’écrire ces lignes, l’équipe est au 26e rang de la ligue, avec 571 mises en jeu accordées dans son territoire. Et ce qui tire l’équipe vers le bas est intimement relié aux propos de Michel Therrien sur la relance de l’attaque : on crée beaucoup trop de dégagements refusés !

Abstraction faite de ces dégagements refusés, le Canadien est en milieu de peloton quant au nombre de mises en jeu. C’est donc dire que parce qu’on utilise trop souvent ces longues passes à travers la zone neutre au lieu de construire plus méthodiquement les attaques, on ouvre encore et encore des fenêtres de mises en jeu en zone défensive.

L'IMPACT DE P.K. SUBBAN

Mais il y a un deuxième élément problématique. Dans les phases libres de l’influence du résultat d’une mise en jeu (appelons-les phases de « jeu ouvert »), le Canadien vivote un peu, obtenant environ 50 % des tirs vers le filet.

Cette marque honnête cache un problème grave : lorsque Subban est absent, tout fout le camp. Si on réussit (notamment par l’excellence des centres aux points de mise en jeu) à réduire l’impact de sa perte dans les fenêtres de mise en jeu, les séquences de jeu ouvert montrent à quel point l’équipe dépend de son meilleur défenseur pour relancer l’attaque.

L’impact de Subban est massif, forcément. Mais la dégringolade du club lorsqu’il n’est pas sur la glace est préoccupante. Et le lien avec les dégagements refusés suggère une piste de questionnement : aurait-on adopté un système de jeu trop risqué, que seul un joueur de la trempe de Subban peut rendre efficace ?

Si tel est le cas, il est peu probable que Marc Bergevin puisse dénicher en cours de saison un joueur capable de soutenir sa défense en l’absence du numéro 76.

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