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Édition du 29 décembre 2016,
section DÉBATS, écran 7
C’est la veille de Noël, je pleure. Assise devant la crèche et son petit Jésus, j’ai l’impression que mes larmes pourraient abreuver tous les bergers et moutons confondus.
C’est le jour de Noël, je pleure. Je pleure ton absence… Tu es parti il y a un peu plus d’un mois maintenant, et j’arrive difficilement à me faire à cette nouvelle vie. Ton sourire, la chaleur de tes bras, tes petits mots doux… Tu me manques.
Alors bien évidemment, je serais tentée de demander au bon génie qui m’offrirait un vœu, un seul, d’annuler cette journée du 19 novembre et de te ramener auprès de moi, sonnant à ma porte avec ta valise, ton air taquin et ton sourire enjôleur…
Mais non, je me résigne, car ce vœu serait égoïste. J’apprendrai plutôt à accepter ta mort et à vivre sans toi. À profiter des petits bonheurs simples. À voir mes magnifiques enfants grandir. À partager de bons petits soupers entre amis, à rire et à trinquer à ta santé. Avec tes amis devenus mes amis, cet « héritage » magnifique que tu m’as laissé.
Mon souhait serait donc celui-ci : que tous ceux qui pleurent en ce moment l’immense vide laissé par le départ d’un proche puissent, comme moi, trouver la force de continuer à apprécier la vie et ceux qui restent et trouver l’énergie de danser sous la pluie même quand la tempête fait rage et semble nous emporter.
Je pleurerai dorénavant en dansant. Ou plutôt, en skiant, lorsque je te visiterai au 28e kilomètre.
— Lizanne Dagenais, conjointe de Donald Farley, skieur olympique
Ce que je demanderais au bon génie : ressusciter mon Jean ! Le 5 avril, au matin, dans une chambre anonyme de l’hôpital Notre-Dame, mon Jean nous a quittés. Seul. Il avait 64 ans et cela faisait plus de 20 ans qu’on était ensemble. Il combattait un cancer depuis 15 ans, mais sa mort demeure encore un mystère. Je voudrais qu’on reprenne notre vie, nos rituels, nos complicités, nos rêves. Je voudrais lui montrer Rome et Venise, je voudrais connaître sa Grèce. Je voudrais qu’on retourne à Québec sous la neige et dans les vagues de la mer d’Ogunquit. Je voudrais lui dire mon amour, ma reconnaissance. Je voudrais qu’on soit ensemble, heureux, confiants. Et qu’un jour, ou une nuit, on parte ensemble, pour notre dernier voyage. — Andrée Lévesque
Un seul vœu ? Ce n’est pas beaucoup. Alors je pourrais demander le retour de mon fils décédé à 28 ans, il y a 8 ans. Ou demander que tout le monde mange à sa faim ; qu’il n’y ait plus de pauvreté ; qu’il n’y ait plus de maladie et de souffrance. Mais comment atteindre le plus de gens possible ?
À bien y réfléchir, mon seul vœu serait que tous les hommes deviennent pacifiques. Alors il n’y aurait plus de guerres, plus de terrorisme, plus de violence conjugale, les gens s’aimeraient et aideraient les plus démunis. Ne serait-ce pas le paradis sur terre ? — Hélène Lamoureux
Je suis quadriplégique depuis 40 ans à la suite d’un accident de voiture. Ce que j’aimerais serait de pouvoir marcher à nouveau une seule journée afin de pouvoir en avant-midi aller jouer au hockey avec mes anciens coéquipiers. L’après-midi, j’irais faire une longue randonnée de motoneige, en soirée, j’irais danser un slow et un rock and roll avec ma merveilleuse et belle conjointe.
— Errol Paille
Recevoir un rein pour une greffe. Je vis une invisible réalité d’insuffisance rénale et je suis suivie depuis quatre ans. La fonction de mes reins diminue rapidement et la dialyse est prévue au cours de 2017. J’aime énormément la vie et recevoir un rein à 49 ans serait le plus beau cadeau de toute ma vie !
— Rebecca Coallier
Mon vœu serait que notre système de santé soit parfait. Fini les listes d’attente d’un an et fini les souffrances. Fini ces gens découragés, souvent sans assurance salaire, qui continuent à travailler malgré le mal physique et mental. Fini le découragement, fini le stress sur la famille, fini les pertes de revenu. Enfin, un rendez-vous dans un délai normal. Enfin, une opération dans un délai normal. Enfin, le retour à une vie NORMALE. Enfin, un système de santé qui fait son travail et redonne la santé dans un délai normal.
— Benoît Maheu
Pour 2017, je souhaite la santé à tous les miens. Depuis 2014, nous vivons avec le cancer. Moi, ma petite-fille et maintenant ma belle-fille. Il y a également deux autres cas qui nous inquiètent : une tante et une nièce. Nous avons aussi vécu un deuil tragique et inattendu il y a deux mois : celui d’un neveu par alliance décédé d’un bronchospasme à l’âge de 47 ans. Il était père de trois filles de 20, 18 et 17 ans. Cette année, j’ai eu une autogreffe de moelle osseuse. Je suis suivie par une psychologue et je vais mieux. J’apprends à vivre avec mes peurs et traumatismes. On ne le dira jamais assez : la santé est notre bien le plus précieux. Sans la santé, la vie perd de son sel.
— Carmen Jean
Cher génie,
Mon cœur balance entre un vœu personnel de guérir de mon anorexie et mon intérêt pour les droits de la personne. Vu qu’il faut faire un vœu et un seul, je vais mettre les autres de l’avant, car, de nos jours, il semble que l’égoïsme soit de mise. Je veux que nous cessions d’avoir peur. Il serait si simple d’apprendre des erreurs du passé et de se souvenir que la peur est bien mauvaise conseillère. La peur divise le monde entre eux et nous (comme le font les Trump et Le Pen de ce monde), érige des barrières afin de mieux nous diviser, de soi-disant nous « protéger » (mais de quoi au juste ?) et engendre bien de la haine. Afin que ce cercle infernal cesse, rêvons de vaincre la peur des différences et pensons aux choses qui nous rassemblent. — Marie Lamensch
Je demanderais que toute forme de maladie mentale soit éradiquée de la planète, de la simple anxiété aux psychoses profondes. Nous récupérerions ainsi un nombre incroyable de gens intelligents, sensibles et qui sont actuellement limités par leur condition et qui en souffrent grandement. Qui sait tout ce qui en découlerait ? Je vous laisse imaginer…
— Louise Desmarais, Thetford Mines
Mon plus grand rêve serait de voir grandir mon seul petit-fils, que ma fille a eu à 41 ans. J’ai maintenant 70 ans et je suis affectée d’une leucémie, de diabète et du lupus. Oui, ça prendrait un génie pour m’accorder ce vœu, à moins que Dieu existe ! En attendant, je jouis de chaque journée où je peux l’entendre, le voir grandir et toucher l’or de ses cheveux blonds. Il aura 1 an le 11 mars. C’est le plus grand cadeau que m’a fait la vie. Parfois, il s’endort sur mon cœur et tous mes morceaux brisés se recollent, l’espace d’un moment.
— Neskatto Ibarrexe
Je pense aux personnes souffrant d’un problème de santé mentale sévère et je souhaiterais qu’elles puissent obtenir un logement décent, bien chauffé l’hiver, bien aéré l’été, dans un quartier de leur choix. Surtout, le coût de celui-ci serait adapté à leur capacité de payer. — Carole Laferrière