Conseil des arts et des lettres

L’opposition espérait une hausse d’« au moins 10 millions »

Hausser de 4 millions le budget du Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) est un « petit ‟plaster” pour un gros bobo », affirme Agnès Maltais, qui juge que Québec devait investir « au moins 10 millions » de plus cette année afin d’aider le cœur créatif.

« J’ai l’impression, comme le milieu culturel, d’avoir été flouée dans cette histoire. Quand le ministre et tout le gouvernement ont appuyé l’idée d’ajouter des sommes au CALQ, on voyait un petit peu plus que 40 millions », estime la députée du Parti québécois (PQ) dans la circonscription de Taschereau et porte-parole de l’opposition officielle en matière de culture.

Samedi, dans La Presse, le ministre de la Culture et des Communications Luc Fortin a annoncé qu’il avait dégagé 4 millions en marge de manœuvres afin de hausser immédiatement le budget alloué au CALQ pour le financement des organismes culturels. À cela s’ajoutent également 3,3 millions supplémentaires, une somme puisée à même une enveloppe de 5 millions normalement consacrée par le CALQ à la création jeunesse, pour laquelle l’organisme dispose désormais d’un peu plus de souplesse.

« Dès l’étude des crédits, j’ai souligné au Ministère que d’autres ministères étaient allés chercher des sommes au fonds de suppléance. Ce fonds, c’est un fonds d’urgence. On peut dire que le milieu des arts et des lettres vit [une situation d’urgence] », affirme Mme Maltais, ajoutant que, selon elle, le gouvernement « nage dans les surplus ».

« Largement insuffisant »

Selon Gabriel Nadeau-Dubois, investir 4 millions supplémentaires au CALQ est « largement insuffisant ».

« Le milieu a été très clair sur ses besoins, qui sont 10 fois plus élevés que ce que le ministre a annoncé. On ne déplorera pas le fait qu’il y ait plus d’argent, mais c’est largement insuffisant », affirme le député de Gouin et co-porte-parole de Québec solidaire (QS).

« Le ministre Fortin, comme beaucoup d’autres, fait ce qu’il peut avec les moyens qu’on lui donne. Le problème est plus haut que ça, c’est les priorités du gouvernement », dit M. Nadeau-Dubois. Il ajoute que financer la culture « n’est pas mettre de l’argent dans les poches des artistes, mais s’assurer que leur travail soit accessible ».

Les artistes mobilisés

En avril dernier, des centaines d’artistes se sont réunis sur la place d’Armes, à Montréal, afin de réclamer que le gouvernement hausse de 40 millions le budget alloué au CALQ. Le Conseil québécois du théâtre (CQT) a mobilisé près d'une centaine de personnes hier soir au Théâtre de Quat'sous afin de réfléchir aux moyens de pression à utiliser pour faire connaître sa déception face aux 4 millions accordés.

« Le milieu du théâtre ressent une profonde colère face à l'annonce du ministre Fortin. Le ministre semble ne pas avoir compris. Depuis 10 ans, le milieu a fait ses devoirs, a travaillé dans le sens de l’austérité qu’on lui imposait. Nous sommes arrivés à un point de rupture », ont indiqué les coprésidents du CQT David Lavoie et Brigitte Haentjens à l'issue d'une réunion d'une durée de deux heures.

Au début du mois de juillet, le CALQ – qui veut utiliser 25 % de son enveloppe destinée aux organismes culturels en faisant fi du critère d’historicité, afin de favoriser les plus jeunes compagnies – révisera son financement pour l’ensemble des organismes qu’il subventionne, après avoir procédé à une réévaluation nationale.

En entrevue à La Presse, la présidente-directrice générale du CALQ Anne-Marie Jean affirme que les 4 millions supplémentaires dont elle dispose dès maintenant lui sont d’une grande aide.

« L’apport supplémentaire que nous recevons nous aide à soutenir les organismes qui se classent dans l’excellence et qui accomplissent une mission qui a été évaluée par les pairs. C’est un apport très important, qui représente une augmentation de 10 % du budget au soutien à la mission des organismes », explique Mme Jean.

— Avec Mario Cloutier, La Presse

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