Hugo Houle

« La forme de ma vie »

À la signature de son dernier contrat, à l’automne 2015, Hugo Houle affichait sa volonté ferme de participer au Tour de France en 2017. Ce ne sera pas pour cette année et il n’en fait pas un cas.

À 26 ans, le rouleur de Sainte-Perpétue continue de consolider sa place dans le peloton, s’alignant dans les plus grandes courses, comme le Tour des Flandres, qu’il disputera une cinquième fois dimanche, et le Tour d’Espagne, qu’il découvrira en août et septembre.

« À l’exception du Tour, je ne peux pas avoir un programme plus parfait », assure Houle, joint lundi en France au lendemain de sa belle démonstration à Gand-Wevelgem, classique belge du World Tour.

Houle a appris la teneur de son calendrier lors du premier stage d’AG2R La Mondiale en décembre. La deuxième place de Romain Bardet au dernier Tour a changé des choses dans la formation française, plus que jamais articulée autour de son meneur. Par exemple, le Suisse Mathias Frank, arrivé de la défunte IAM, est venu consolider les effectifs pour la montagne.

« L’équipe a tellement de profondeur. Oui, j’aurais pu m’obstiner, demander à faire partie [de la liste des prétendants pour le Tour] et arriver en juillet au sommet de ma forme et ne pas le faire. Je préfère me concentrer sur des choses dont je suis sûr. »

— Hugo Houle

Comme les classiques flandriennes, que Houle a encore préparées avec le triptyque italien Strade Bianche, Tirreno-Adriatico et Milan-San Remo, où il a accompagné son meneur Jan Bakelants jusque dans le Poggio. En Belgique, le nouveau venu Oliver Naesen,un autre ex-IAM, a dynamisé l’effectif d’AG2R, habitué de jouer les seconds couteaux sur ces terrains.

Sixième d’À travers la Flandre, le Belge de 26 ans a ensuite terminé troisième au Grand Prix E3, derrière le champion olympique Greg Van Avermaet et le renaissant Phillipe Gilbert. Une sacrée prestation, qui n’a pas surpris Houle outre mesure.

« Je le voyais déjà venir l’an dernier : deuxième à l’Eneco Tour, il gagne à Plouay, sa façon de rouler devant toute la journée pour Boonen aux Championnats du monde... C’était une machine. Ça ne fait pas longtemps qu’il est sur un vélo. Il a commencé il y a trois ou quatre ans. Sa progression est encore plus rapide. »

Un prétendant comme Naesen « motive tout le groupe » et le tire forcément vers le haut. « Avoir un leader de grande classe comme lui me permet de repousser mes propres limites et d’aller encore plus loin dans l’effort », note Houle.

« J’ai progressé »

Gand-Wevelgem, dimanche dernier, en a été la meilleure illustration. Membre de l’échappée du jour (52 km dans la première heure !), le Québécois a réussi à accrocher les roues de Zdenek Stybar et de Matteo Trentin au moment où ils faisaient éclater le peloton.

« Dans l’échappée, c’est plus dur que dans le peloton, mais je ne me mettais pas en surrégime non plus, précise le quatrième aux Mondiaux Espoirs 2012. Je gardais une belle intensité, mais dans ma tête, je m’économisais pour le retour du groupe. Je pourrais alors travailler pour Oliver. »

Naesen (22e) a raté son sprint, mais Houle est le seul autre AG2R à s’être rendu jusqu’au bout dans le premier groupe (34e). « Je trouve que j’ai progressé, dit-il. J’ai plus d’endurance. Je suis capable de rouler à un tempo plus élevé, plus soutenu. J’ai travaillé là-dessus dans mes longues sorties à l’entraînement. »

Pour les intéressés, ça ressemblait à des randonnées de six heures, à 310 watts normalisés, pour une dépense énergétique de 5800 calories. Houle résume : « À la fin de la journée, tu es fatigué en tabarouette ! »

« C’est plus dur qu’une course, renchérit son entraîneur Pierre Hutsebaut. On a incorporé ça cette année. Son équipe lui en demande plus, de performer dans le groupe de tête. » 

« Comme il a mûri et pris de la force cet hiver, on peut augmenter les charges d’entraînement. »

— Pierre Hutsebaut, entraîneur d’Hugo Houle

Ce nouveau régime permet à Houle d’attaquer le Tour des Flandres et Paris-Roubaix (9 avril) « dans la meilleure forme de [sa] carrière ».

Après le Tro Bro Léon et le Tour de Romandie, le médaillé d’or des Jeux panaméricains rentrera au Québec pour une première pause en mai. Il reprendra avec les Boucles de la Mayenne et le Tour de Suisse, avant un stage de trois semaines en altitude en guise de préparation pour la Vuelta. Sa présence en Espagne lui fera donc rater les Grands Prix cyclistes de Québec et de Montréal (8 et 10 septembre) pour la première fois depuis 2011. Viendra ensuite le contre-la-montre des Mondiaux de Bergen (Norvège), son grand objectif de fin de saison.

Et le Tour de France ? « Au Québec, c’est tout ce dont on parle, mais le Giro [qu’il a fini en 2015 et 2016] ou la Vuelta, ce n’est pas plus ou moins dur, souligne l’olympien de Rio. Le Tour, ce n’est pas une fin en soi. Je suis assez certain de le faire un jour. Ça ne m’inquiète pas et je ne suis pas gêné d’attendre un, deux ou trois ans. Sportivement, j’ai encore plein de belles choses à accomplir. »

Prochaine course : 101e Tour des Flandres (World Tour), dimanche

Poids

Hugo Houle a perdu une quinzaine de livres depuis son arrivée chez AG2R La Mondiale en 2013, un avantage marqué en montagne. « Cependant, pour les classiques belges, il est préférable d’être un peu moins affûté, précise le coureur. Je me sens plus fort sur le plat et les pavés. Présentement, je suis à 69 kg [152 lb]. Après les classiques, je vais faire des efforts afin de perdre deux ou trois kilos pour le Tour de Suisse en juin. C’est la stratégie que j’ai mise en place avec ma nutritionniste Mélanie Olivier, de Vivaï à Montréal. Elle m’aide à faire les bons choix alimentaires en fonction des périodes et objectifs de la saison. Par contre, j’ai toujours le droit de prendre mon sirop d’érable le matin... »

Chrono

Houle a senti des progrès l’an dernier en contre-la-montre, sans que ça se traduise sur la feuille des résultats : 21e aux Jeux olympiques de Rio, 29e aux Mondiaux et, surtout, quatrième aux championnats canadiens, dont il était le tenant du titre. « J’ai été le premier surpris de finir aussi loin, indique-t-il. À titre comparatif, en 2015, je gagne avec 375 watts de moyenne et, en 2016, je finis quatrième avec 412 watts. [Le vainqueur] Ryan Roth a fait une super performance ce jour-là. C’est bien, ça me force à repousser mes limites. » Sur une nouvelle monture (de marque Focus), Houle promet « de revenir fort » et vise de reprendre la couronne canadienne et « un top 15 », voire mieux, aux Mondiaux de Bergen.

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