Le CELI devrait s’appeler... CILI

Il ne faut sans doute pas s’en surprendre : les Canadiens prennent le CELI (compte d’épargne libre d’impôt) pour un compte d’épargne libre d’impôt.

La majorité des Canadiens y font dormir leurs épargnes à des taux d’intérêt lilliputiens, et ne songent pas à les faire fructifier avec des instruments d’investissement plus ambitieux, pour profiter pleinement de la deuxième moitié de l’appellation.

C’est ce que révèle le récent sondage RBC sur l’autonomie financière à la retraite.

Parmi les Canadiens qui ont ouvert un CELI, moins de 20 % y détiennent des actions, des certificats de placement garanti (CPG) ou des fonds négociés en Bourse (FNB). Près de trois sur dix poussent l’audace jusqu’à y placer des fonds communs de placement.

Mais pour près de la moitié des Canadiens (42 %), le CELI est un stationnement exonéré d’impôt, où l’on ne gare qu’un compte d’épargne et quelques espèces.

« Je le vois dans ma pratique, observe la planificatrice financière Brigitte Felx, première directrice régionale chez RBC Gestion mondiale d’actifs. Les perceptions sont : “Ah bon, on a une possibilité de diversifier à l’intérieur ? Je croyais que c’était seulement un compte d’épargne.” Et j’ai encore entendu cette remarque aujourd’hui. »

Types de placements les plus fréquents dans un CELI

Comptes d’épargne et espèces : 42 %

Fonds communs de placement : 28 %

Actions : 19 %

CPG et dépôts à terme : 15 %

FNB : 7 %

Obligations : 6 %

Source : Sondage RBC sur l’autonomie financière à la retraite

Un CILI

Avec les placements appropriés, on peut combiner les deux avantages du CELI, à savoir des retraits aisés et un rendement à l’abri de l’impôt. « C’est très peu connu », rappelle Brigitte Felx.

Pourquoi ? Elle avance une hypothèse. « Peut-être que c’est le titre qui porte à confusion. Les gens n’ont peut-être pas reçu l’information adéquate. »

En effet, les Canadiens auraient peut-être une perspective plus large et plus juste si le programme instauré par le gouvernement fédéral en 2009 s’appelait Compte d’investissement libre d’impôt (CILI).

L’appellation Compte de placement libre d’impôt serait explicite, elle aussi, mais plus ambiguë sur le plan de la gymnastique articulatoire : CPLI.

Mais si le CELI est mal compris, ce n’est pas faute de popularité. Pour la première fois depuis que RBC le mesure, les Canadiens sont désormais plus nombreux à détenir un CELI (57 %) qu’un REER (52 %).

« Selon le sondage, s’ils avaient à n’en choisir qu’un seul, les deux tiers opteraient pour un CELI. Est-ce parce qu’on a la perception que l’accès à notre capital est beaucoup plus facile qu’avec le REER ? »

— Brigitte Felx, première directrice régionale chez RBC Gestion mondiale d’actifs

En effet, le sondage montre que la facilité de retrait du CELI est bien comprise. Les trois quarts des Canadiens « savent que le CELI peut contenir des espèces ou des placements, poursuit-elle. Ils savent qu’ils ont accès à leur argent ».

Pourtant, le même sondage montre que 65 % des Canadiens n’ont jamais fait de retrait dans leur CELI. « C’est parce qu’ils n’avaient pas besoin d’en faire », en conclut la planificatrice.

Cet argent pourrait donc être mieux investi, sans quitter le CELI. « Ce que ça revient à dire, c’est : déterminons nos objectifs. Quel est le but de ce CELI ? Est-ce que cet objectif est à court, moyen ou long terme ? »

Un panier qui fructifie

Autre point mal compris : un même CELI n’est pas limité à un seul placement.

« Le CELI est comme un panier dans lequel je peux avoir plusieurs fruits, illustre la planificatrice. Vous pouvez ouvrir un seul CELI dans lequel vous pourrez avoir plusieurs instruments de placement : des espèces, des fonds communs, des actions, des CPG, tout ça à l’intérieur de mon même CELI. »

Et vous pouvez détenir des CELI dans plusieurs institutions financières, « pourvu qu’on respecte le maximum permis ».

Contribution maximale au CELI

Plafond annuel pour 2019 : 6000 $

Plafond cumulatif depuis 2009 : 63 500 $

Si toutes les contributions ont été faites avec la même institution, celle-ci pourra facilement fournir le capital total investi. Mais pour plus de sûreté, le site de Revenu Canada vous permet de vérifier en ligne vos droits de cotisation, si vous avez en main votre dernière déclaration de revenus.

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