1,5 million de Montréalais sont en faveur
Les trois quarts des deux millions de personnes vivant dans l’île de Montréal veulent que le gouvernement du Québec y autorise le virage à droite au feu rouge (VDFR), 14 ans après son implantation avec succès au Québec.
Nous, les maires des 15 villes liées à la métropole, représentant la sixième population en importance démographique et le second pouvoir économique du Québec, en ont fait la demande au gouvernement, car elle correspond aux attentes de nos citoyens.
Un sondage scientifique réalisé par la firme CROP l’an dernier auprès de 1000 adultes représentatifs de la population de l’île de Montréal en atteste. Les citoyens de Montréal (74 %) tout comme ceux des 15 autres villes de l’île (71 %) y sont favorables.
L’argumentaire voulant que l’urbanisation de Montréal ne le permette pas ne résiste pas à l’analyse. Sur 350 millions de Canadiens et Américains, seuls les 20 millions de New-Yorkais et les 2 millions de Montréalais se le voient interdire.
Au Québec, nos comportements sur les routes ont changé. Les statistiques de la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) le prouvent. De 1973 à 2015, le nombre de véhicules a presque triplé (à 6,3 millions), celui de titulaires de permis de conduire a plus que doublé (à 5,3 millions) mais le nombre de morts sur les routes a baissé de 83 % (de 2209 à 361 par an). Le pourcentage d’accidents liés au VDFR est de 1 %, soit la même proportion qu’en Amérique du Nord, mais représente 0,1 % des morts, soit 6 sur 5768 sur 10 ans (2003-2012).
Grâce ces améliorations, la SAAQ a réduit l’an dernier de 65 $ et ce, pour la première fois de son histoire, les contributions d’assurances sur les permis de conduire des Québécois.
Le VDFR peut être implanté de manière tout aussi sécuritaire à Montréal qu’il l’a été au Québec, où il est interdit pour 40 % des intersections. Sur les 18 000 intersections de l’île de Montréal, 2587 sont dotées de feux. En projetant les règles d’implantation pour l’ensemble du Québec, le VDFR pourrait être autorisé pour 1550 d’entre elles.
Dans certains secteurs, comme le centre-ville, les quartiers densément peuplés, près des pistes cyclables, des écoles, des hôpitaux, des centres pour personnes âgées ou des personnes ayant des limitations physiques, l’implantation sera restreinte. C’est comme ça partout dans les grandes villes au Québec, au Canada et aux États-Unis.
La mesure sera bénéfique, car elle réduira les frais de santé, de transport, permettra des gains de temps et améliorera la qualité de l’air.
La ville de Montréal est devenue la pire au pays pour la congestion routière. Les automobilistes perdent 52 heures par année dans la circulation, selon Inrix. Enfin, 42 % des émissions de gaz à effet de serre proviennent du transport et les déplacements en auto en sont la principale source.
Les experts estiment que les arrêts aux feux et aux stops triplent les émissions de CO2 lorsque la circulation est peu fluide. Cela représente jusqu’à 1,5 litre de carburant/heure par véhicule. L’Association médicale canadienne détermine que la pollution atmosphérique coûte plus de 300 millions par an et est responsable de 30 000 visites médicales.
Chaque mort accidentelle sur nos routes en est une de trop, mais cela fait partie de la réalité de nos vies. Les meilleures mesures de sécurité doivent être mises en place et la multimodalité impose le respect des règles de la sécurité routière par tous les usagers, qu’ils soient camionneurs, automobilistes, cyclistes ou piétons. L’évolution du bilan routier montre que les Québécois l’ont compris et y adhèrent. Les Montréalais aussi.