Le Canadien

Une brigade au statut unique

L’attaque du Canadien manque de punch, ça ne date pas d’hier. La difficulté à marquer des buts est un problème chronique qui était présent bien avant l’arrivée de Marc Bergevin et de Michel Therrien. Toutefois, c’est avec la défense que Bergevin a décidé de faire son lit. Avec Carey Price d’abord, mais aussi avec une brigade défensive dont le statut est unique dans la Ligue nationale de hockey.

Le Canadien est la seule équipe de la LNH à consacrer plus d’argent à son groupe de défenseurs qu’à ses attaquants. Les proportions sont à peu près équivalentes, mais tout de même : aucune autre formation n’est bâtie de la sorte.

À l’heure actuelle – même en tenant compte de la blessure de Tom Gilbert et du renvoi de Victor Bartley à St. John’s –, le Canadien demeure au troisième rang des équipes qui dépensent le plus pour leur brigade défensive. Il y consacre un peu moins de 26,25 millions.

Avec toute sa formation en santé, c’est plus de 29,3 millions qui sont consacrés seulement aux arrières du Tricolore. Si bien qu’au retour de Gilbert (2,8 millions), peu après la pause du match des Étoiles, le CH reprendra la première place à ce chapitre.

ÉQUIPE DÉFENSEURS MASSE SALARIALE

1. Calgary 7 28 686 666

2. NY Rangers 8 26 525 000

3. Canadien 7 26 248 252

4. Tampa Bay 7 25 208 669

À L’ATTAQUE

Est-ce parce que le Canadien compte sur une brigade défensive particulièrement douée offensivement, qui aide de façon soutenue à produire de l’attaque, qu’il choisit de la payer autant ?

Pris individuellement, on se dit que P.K. Subban, Andrei Markov, Jeff Petry et Nathan Beaulieu, à tout le moins, devraient être des moteurs offensifs en raison de leurs atouts.

Si l’on fait le total des points obtenus par les défenseurs de chaque équipe, le Tricolore vient à égalité au 10e rang de la ligue (ex æquo avec les Kings de Los Angeles) avec 92 points. Toutefois, cette même brigade défensive n’a marqué que 12 buts depuis le début de la campagne, ce qui constitue le plus faible total dans toute la LNH.

Ces 12 buts, sur les 157 marqués par le Canadien cette saison, ne représentent que 9 % des buts de l’équipe. Encore là, l’équipe est dernière de la ligue à ce chapitre. La moyenne du circuit se situe à 16,6 %.

ÉQUIPE PTS DÉF. BUTS DÉF.  % BUTS ÉQUIPE PAR DÉF.

Nashville 111 34 30 %

Arizona 83 29 24 %

Caroline 89 27 24 %

San Jose 102 29 23 %

Calgary 102 25 21 %

Los Angeles 92 25 21 %

Minnesota 80 23 20 %

Anaheim 65 17 20 %

Philadelphie 64 20 20 %

Winnipeg 72 23 19 %

Colorado 94 24 18 %

St. Louis 89 21 17 %

Buffalo 76 17 16 %

Pittsburgh 75 17 16 %

New Jersey 58 16 16 %

NY Rangers 95 20 15 %

Ottawa 76 19 15 %

Tampa Bay 77 18 15 %

Detroit 75 17 15 %

Boston 93 17 13 %

Edmonton 56 17 15 %

Chicago 101 19 13 %

Dallas 104 19 12 %

Washington 100 18 12 %

NY Islanders 71 14 12 %

Floride 62 14 12 %

Toronto 74 13 12 %

Columbus 72 13 11 %

Vancouver 66 12 11 %

Canadien  92 12 9 %

P.K. Subban a fait la manchette la semaine dernière en disant, dans un élan de colère, que ce n’était pas son travail de marquer des buts. Il est vrai qu’on s’attend d’abord à ce que les défenseurs relancent l’attaque et permettent autant à la rondelle qu’à leurs attaquants de s’approcher du filet adverse. Mais la moyenne de la LNH suggère que les arrières ont quand même leur part de responsabilité.

Et puis, avec une brigade semblable l’an dernier, les défenseurs de Michel Therrien avaient inscrit 17 % des buts de l’équipe. Tout cela, doit-on le préciser, alors que la moyenne de buts par match du Canadien en entier était inférieure à ce qu’il a enregistré jusqu’ici (2,61 buts par match par rapport à 2,70).

Bref, tout le monde peut en faire davantage, mais toutes proportions gardées, les attaquants participent davantage que l’an passé.

DANS LEUR TERRITOIRE

L’année dernière, le Canadien avait présenté la meilleure moyenne de buts accordés de la ligue, en ne concédant en moyenne que 2,24 buts par rencontre. Évidemment, il y avait un certain Carey Price devant le filet.

Or, la brigade défensive n’est pas en mesure de contenir aussi bien l’adversaire cette année. Le Tricolore donne en moyenne 2,57 buts par rencontre, ce qui le place au 14e rang du circuit. Et si l’on soustrait de l’équation les matchs auxquels Price a participé, l’équipe donne en moyenne 2,74 buts par match. Sur la saison entière, ce serait l’équivalent du 23e rang de la ligue.

Se peut-il que Price, à lui seul, fasse toute la différence ? Que sa seule présence retranche un demi-but par match à l’adversaire ?

Avant de jeter indûment la pierre aux gardiens qui l’ont remplacé, on peut aussi regarder de quelle façon les défenseurs n’ont pas aidé la cause.

Les statistiques de revirements sont quelque peu controversées, puisqu’elles ne sont pas compilées de manière uniforme partout dans la ligue. Cela dit, le Canadien est au quatrième rang dans la LNH en ce qui concerne le nombre de revirements dont il s’est rendu « officiellement » coupable (493). Il faut noter que les trois équipes qui le précèdent (Dallas avec 518, Edmonton avec 502 et San Jose avec 500) ont chacune un défenseur parmi le top 15 des arrières du circuit pour le plus de revirements.

Le Tricolore, lui, en a quatre.

DÉFENSEUR REVIREMENTS RANG DÉF. LNH

P.K. Subban 68 1er

Andrei Markov 50 8e

Jeff Petry 44 14e

Alexei Emelin 43 15e

Subban, Markov et Emelin en commettent en moyenne plus que l’an dernier, alors que le rendement de Petry à ce chapitre est stable.

Les revirements ont souvent coûté cher au Tricolore cette année, et les statistiques suggèrent que sa brigade défensive est plus fautive que ne le sont la majorité des autres dans la ligue.

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