Hockey Dopage

Le meldonium encore sous la loupe

L’ajout du meldonium à la liste des substances interdites de l’Agence mondiale antidopage (AMA) continue à mettre des athlètes – et des fédérations sportives – dans l’embarras. Après Maria Sharapova et une flopée d’autres athlètes russes, voilà que l’équipe russe au grand complet a été remplacée en vue du prochain Championnat du monde de hockey des moins de 18 ans. Elle sera remplacée par l’équipe des moins de 17 ans. Selon des médias russes, plusieurs joueurs de l’équipe ont été déclarés positifs au meldonium. Qu’en est-il dans le hockey d’ici ?

DANS LA LNH : PAS INTERDIT

Cette saison, aucun risque qu’une controverse liée au meldonium éclate dans la Ligue nationale : le produit n’apparaît pas sur la liste des substances prohibées ! En revanche, il faut garder en tête que c’est seulement en septembre 2015 que l’AMA a annoncé l’ajout du meldonium à sa liste de substances interdites, interdiction qui entrait en vigueur le 1er janvier 2016. Or, les modifications à la politique antidopage de la LNH se font toujours pendant la saison morte. Tant du côté de la ligue que de l’Association des joueurs, on a confirmé à La Presse que la liste des produits bannis serait révisée après la saison. « Ils ont l’habitude d’écouter nos recommandations », rappelle la Dre Christiane Ayotte, directrice du laboratoire de contrôle du dopage du Centre INRS-Institut Armand-Frappier. Il y a fort à parier que le meldonium sera à l’ordre du jour cet été.

DANS LA LHJMQ : PAS DE TESTS

La politique antidopage du circuit Courteau est administrée par le Centre canadien de l’éthique dans le sport (CCES), et cet organisme utilise la même liste de produits interdits que l’AMA. Techniquement, le meldonium est donc interdit dans la LHJMQ, tout comme dans les deux autres ligues juniors au Canada, qui sont aussi liées au CCES. Par contre, le programme antidopage des trois circuits canadiens est actuellement en veilleuse en raison d’une mésentente entre Hockey Canada et le CCES. Le nœud du problème : la différence de sanctions entre des joueurs qui participent aux tournois internationaux et ceux qui jouent seulement au hockey junior canadien. Les négociations sont toujours en cours. « Le dialogue est bon », a assuré le président de la Ligue canadienne de hockey, David Branch, au Peterborough Examiner cette semaine.

QU’EST-CE QUE LE MELDONIUM ?

Le meldonium a été ajouté à la liste des substances prohibées après avoir été placé sous surveillance en 2015. « On s’est rendu compte que c’était beaucoup utilisé en Russie et dans les pays baltes, explique la Dre Ayotte. Aux Championnats du monde d’haltérophilie, on en avait décelé chez un athlète sur quatre ! » Dans la liste de l’AMA, le meldonium apparaît dans la section des « modulateurs métaboliques ». « Le meldonium pourrait augmenter l’oxygénation du cerveau. Dans le sport, ça peut aider à la récupération », explique la Dre Ayotte. À son avis, même si le produit était légal jusqu’en décembre dernier, les athlètes qui l’utilisaient adoptaient une conduite dopante.

POURQUOI EN RUSSIE ?

Le Mildronate est le médicament qui contient du meldonium. Il a été mis au point en Lettonie et il n’est pas vendu en Amérique du Nord ni en Europe de l’Ouest. Selon le New York Times, qui cite des officiels russes, sur les 158 cas positifs au meldonium depuis le début de 2016, plus d’une trentaine proviennent d’athlètes russes. « Ça touche beaucoup la Russie, parce que ce pays a un grand bassin d’athlètes en comparaison des autres pays [où le meldonium est populaire] », rappelle la Dre Ayotte. Au CCES, on a confirmé à La Presse qu’aucun athlète canadien n’a subi de contrôle positif au meldonium.

PAS D’HÉCATOMBE EN VUE

Selon la Dre Ayotte, la LNH ne devrait pas être touchée au même point que l’ont été d’autres sports si elle inscrit le meldonium sur sa liste de substances interdites. D’abord parce que chacune des 30 équipes de la LNH compte sur une équipe médicale pour encadrer les joueurs. Le message doit simplement se rendre à ces 30 équipes. « Les quelque 750 joueurs de la LNH sont plus faciles à rejoindre que les athlètes qui sont dans le fin fond de petites républiques, illustre la Dre Ayotte. Aussi, en sport professionnel, ce sont des programmes conjoints des ligues et des associations des joueurs, donc l’information circule bien. Les joueurs russes de la LNH seront bien avertis ! »

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