LA PUISSANCE DES ODEURS

Ressentir par le nez

Les arts titillent les sens, c’est bien connu. Mais malgré des tentatives prometteuses, l’odorat n’a pas encore été conquis. À l’heure des expériences immersives, les créateurs s’y intéressent de nouveau. Voici quelques exemples où les odeurs s’invitent à la fête.

En boîte !

Il a conquis une foule de près de 1000 personnes réunies à la SAT l’an dernier grâce à ses talents d’AJ (Aroma Jockey). Le Montréalais d’adoption Jarome diffuse des odeurs depuis une dizaine d’années. Face à deux ronds chauffants, cet amateur d’aromathérapie fait chauffer des huiles essentielles pour créer des ambiances olfactives, qui se marient bien avec la musique. D’immenses ventilateurs servent de haut-parleurs pour diffuser les odeurs.

En réalité virtuelle

Les expériences immersives en réalité virtuelle (RV) font de plus en plus appel aux odeurs. L’expo du Centre Phi Mondes oniriques présente en ce moment le film Tree, où le spectateur est transformé en arbre. Grâce à une cartouche intégrée, des odeurs de forêt et de feu de bois sont notamment diffusées. « C’est une façon d’appuyer ce que l’on voit », nous dit Myriam Achard, qui constate que les expériences en RV sont de plus en plus « multisensorielles ».

Odorama dans les livres

L’odorama dans les livres n’est pas nouveau. La série jeunesse Geronimo Stilton s’y est frottée dans Le royaume de la fantaisie avec des pages odorantes à gratter. L’adaptation théâtrale de Serge Postigo allait encore plus loin. Des odeurs étaient diffusées dans le système de ventilation de la salle – œuvre de la société Spraylogik. La collection américaine Automn Publishing a également commencé à parsemer les pages de ses romans jeunesse d'autocollants odorants.

Au cinéma

Les expériences en odorama au cinéma ne manquent pas non plus, l’un des tout premiers « coups » ayant été réalisé en 1960 avec le film Scent of Mystery, où une trentaine d’odeurs avaient été diffusées en salle. C’est ce qu’on appelle un film en 4D. Pensons également à Spy Kids 4, sorti en 2011, qui diffusait des odeurs. En 2014, le Festival de Cannes a projeté le film Polyester de John Waters en odorama. Des pastilles odorantes avaient alors été distribuées aux spectateurs, qui devaient les gratter à des moments précis.

Dans les jeux vidéo

L’an dernier, Ubisoft dévoilait un nouveau jeu, South Park – L’annale du destin, qui faisait appel à une nouvelle technologie de l’odorama. Le masque odorant Nosolus Rift produit une odeur chaque fois que le joueur utilise ses « pouvoirs nauséabonds ». « Le masque utilise des capteurs sonores qui s’activent lorsque le jeu émet un bruit de pet. Une fois les capteurs actifs, ils déclenchent l’envoi d’une odeur », avait alors expliqué la direction d’Ubisoft.

Ça sent la couche au théâtre

Peu d’expériences en odorama ont été faites au théâtre, ce qui ne veut pas dire que le 4D ne gagnera pas un jour les salles de spectacle. On pense quand même au dramaturge italien Romeo Castellucci, qui avait présenté ici sa pièce Sur le concept du visage du fils de Dieu. Sur une scène (et dans un décor) toute blanche, un homme prenait soin de son père incontinent. Ceux qui y étaient se souviendront qu’au moment où le contenu de sa couche se répandait, des odeurs de soufre et de merde avaient circulé dans le Théâtre Jean-Duceppe.

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