ÉDITORIAL SIÈGE SOCIAL D’AMAZON

Toronto a des chances… Montréal aussi !

Le Canada a des chances d’accueillir le futur siège social d’Amazon, quoi qu’en disent les oiseaux de malheur.

La multinationale de Jeff Bezos n’a pas lancé son invitation aux régions métropolitaines de l’« Amérique du Nord » par accident. Aucune règle du commerce mondial ne la forçait à inclure le pays voisin dans son appel de candidatures, et pourtant, on y évoque les « provinces »… à 13 reprises !

Et pourquoi pas ?

Le Canada suscite toutes les convoitises, et ce serait malhonnête de réduire cet intérêt à la couleur des chaussettes de Justin Trudeau. Le pays, après tout, est « l’endroit idéal au sein du G7 pour faire des affaires », selon The Economist Intelligence Unit.

Il a pris le virage de l’innovation, il attire les investissements étrangers, il possède un impressionnant bassin de main-d’œuvre et il offre une qualité de vie incomparable.

Donc Amazon au Canada ? Oui ! Surtout avec le contexte qui sévit aux États-Unis. Donald Trump ne sera pas éternellement à la Maison-Blanche, mais les électeurs qui épousent ses idées ne disparaîtront pas en 2020, la fermeture et le repli sur soi du pays non plus.

C’est donc loin d’être perdu d’avance pour les villes canadiennes. Vancouver a probablement peu de chances, étant trop près de Seattle pour qu’Amazon profite d’un bassin frais de talents, mais Toronto et Montréal ont raison de préparer leur candidature.

Entre les deux, soyons honnêtes, la Ville Reine a l’avantage, et pas seulement parce qu’elle a déjà nommé un lobbyiste pour la cause, l’ancien banquier Ed Clark. C’est aussi la métropole techno qui connaît la plus forte croissance sur le continent. Elle est sur l’écran radar des Cisco et Uber de ce monde. Et elle possède suffisamment d’atouts pour s’être faufilée dans la plupart des palmarès élaborés ces derniers jours, à CNN et ailleurs.

Cela dit, le nom de Montréal circule également. Il s’est même retrouvé dans la liste du Washington Post, que possède aussi Bezos (il est même premier… grâce à l’ordre alphabétique !).

Il suffit de consulter les critères de l’appel de candidatures pour voir que Montréal remplit toutes les cases, sauf pour le lien aérien direct avec Seattle, ce qui se corrige facilement. Il possède même, à l’ancien Blue Bonnets, un gigantesque terrain qui cadre avec les besoins d’Amazon (accès au métro, moins de 45 minutes de l’aéroport, moins de 3 km d’une autoroute, etc.)

La ville est aussi à mi-chemin entre Seattle et Londres, à 60 minutes de Boston et de New York. Elle est championne de l’intelligence artificielle, comme en témoigne l’annonce de Facebook d’hier. Elle offre de l’électricité propre et peu chère. Elle est hip et cosmopolite, innovante et diversifiée, abordable et concurrentielle. Et disons-le, elle joue maintenant dans les ligues majeures.

Quant à la langue, elle peut être un inestimable atout. La population est la plus bilingue et trilingue du pays, ce qui est précieux pour une entreprise dont le modèle d’affaires s’appuie sur des offres locales différenciées, partout dans le monde.

L’énergie et les ressources que mettent Montréal international et Toronto Global valent donc amplement la peine. Ne serait-ce que pour le message qu’enverrait une présence parmi les candidats finaux. Mais rien n’empêche de viser le gros lot.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.