Nouvel auteur

KEVIN LAMBERT
Tu aimeras ce que tu as tué 

Tu aimeras ce que tu as tué 
Kevin Lambert
Héliotrope
210 pages

Né en 1992 à Chicoutimi, Kevin Lambert habite maintenant Montréal, où il poursuit une maîtrise en création à l’Université de Montréal. Il travaille notamment sur le processus créateur dans l’œuvre de Victor-Lévy Beaulieu.

Pourquoi écrire ?

« On écrit parce qu’on lit. La plupart de mes idées viennent de mes lectures et j’aime dire que je fais du sampling, que je cache dans mes phrases des images poétiques que je transforme en scènes de roman. Pour ce roman, il y a un côté politique, je dirais, mais au sens large. Une idée poétique sur le social, sur ce que j’ai vécu. J’en voulais beaucoup à Chicoutimi pour de nombreuses blessures et un parcours pas évident. Je pose un regard critique sur ma ville et sur le Québec. Ce qui traduit ça, c’est l’infanticide à répétition. Je voulais absolument écrire sur l’enfance, mais en évitant la voix de l’enfant, quelque chose inspiré du roman Ça va aller de Catherine Mavrikakis. Ça part d’un sentiment de blocage au Québec. Comment on ouvre les voies de l’avenir ? L’autre dimension, c’est la voyance, la parole prophétique, comme si le seul moyen de sortir de cet enfermement était la destruction. Ce qui est intéressant, c’est que par une parole de haine, je dresse en même temps un portrait et une cartographie de Chicoutimi. »

L’élément déclencheur ?

« L’écriture. Tout a commencé à la fin d’un cours de création, complètement libre. J’ai écrit le premier chapitre et j’ai continué. Je voulais décrire une enfance, à partir d’un matériau biographique, mais je ne voulais pas faire d’autofiction. Je voulais questionner mon enfance par rapport à la région. Il y a tout ce courant de “néoterroir” – un mot qui en dit long – et je n’avais pas envie de faire ça. Il y a un imaginaire de la fondation du grand roman américain, un retour à une masculinité, qui est latent dans ces créations-là. Mais je ne suis pas du tout dans la fondation, je suis dans la destruction. Ça me fait chier, cet idéal de la fondation ! Je ne veux pas d’une région “néoterroir” avec un imaginaire hétérosexuel, je propose la destruction et l’homosexualité. Le PAS-terroir ! (rires) »

CRITIQUE

Détruire Chicoutimi

À Chicoutimi, les enfants meurent dans des drames atroces, comme autant de rêves et d’espoirs assassinés. Mais ils ressuscitent, avec des fantasmes de vengeance, à la mesure de leur colère, jusqu’à l’Apocalypse qui n’épargnera même pas la petite maison blanche qui a survécu au déluge du Saguenay. Dans une langue de plus en plus incantatoire et hallucinée, nous approchons d’un désastre rédempteur et jouissif. Bref, on aime vraiment ce qu’il s’évertue à tuer… Kevin Lambert propose ici, à seulement 24 ans, un premier roman puissant et inventif, à cheval entre les souvenirs et le fantastique, drôle et violent, incroyablement libre tout en étant maîtrisé. On peut prévoir sans se tromper qu’il sera dans les listes des prix cette année.

— Chantal Guy, La Presse

Extrait

« Je cherche le ciel pour mieux le maudire, je veux te saisir entière, Chicoutimi, pour connaître le visage de celle que j’haïs. J’ai hâte de te voir ravagée. J’ai tellement hâte de te voir agonisante, de voir tes yeux en détresse implorer ma pitié. Mais je serai sans pitié. Je n’en peux plus d’attendre ta destruction, d’espérer une catastrophe qui mettrait fin à tes jours, qui te rayerait de la carte. C’est moi qui te détruirai, Chicoutimi. »

Nouvel auteur

KEVIN LAMBERT
Tu aimeras ce que tu as tué 

Tu aimeras ce que tu as tué 
Kevin Lambert
Héliotrope
210 pages

Né en 1992 à Chicoutimi, Kevin Lambert habite maintenant Montréal, où il poursuit une maîtrise en création à l’Université de Montréal. Il travaille notamment sur le processus créateur dans l’œuvre de Victor-Lévy Beaulieu.

Pourquoi écrire ?

« On écrit parce qu’on lit. La plupart de mes idées viennent de mes lectures et j’aime dire que je fais du sampling, que je cache dans mes phrases des images poétiques que je transforme en scènes de roman. Pour ce roman, il y a un côté politique, je dirais, mais au sens large. Une idée poétique sur le social, sur ce que j’ai vécu. J’en voulais beaucoup à Chicoutimi pour de nombreuses blessures et un parcours pas évident. Je pose un regard critique sur ma ville et sur le Québec. Ce qui traduit ça, c’est l’infanticide à répétition. Je voulais absolument écrire sur l’enfance, mais en évitant la voix de l’enfant, quelque chose inspiré du roman Ça va aller de Catherine Mavrikakis. Ça part d’un sentiment de blocage au Québec. Comment on ouvre les voies de l’avenir ? L’autre dimension, c’est la voyance, la parole prophétique, comme si le seul moyen de sortir de cet enfermement était la destruction. Ce qui est intéressant, c’est que par une parole de haine, je dresse en même temps un portrait et une cartographie de Chicoutimi. »

L’élément déclencheur ?

« L’écriture. Tout a commencé à la fin d’un cours de création, complètement libre. J’ai écrit le premier chapitre et j’ai continué. Je voulais décrire une enfance, à partir d’un matériau biographique, mais je ne voulais pas faire d’autofiction. Je voulais questionner mon enfance par rapport à la région. Il y a tout ce courant de “néoterroir” – un mot qui en dit long – et je n’avais pas envie de faire ça. Il y a un imaginaire de la fondation du grand roman américain, un retour à une masculinité, qui est latent dans ces créations-là. Mais je ne suis pas du tout dans la fondation, je suis dans la destruction. Ça me fait chier, cet idéal de la fondation ! Je ne veux pas d’une région “néoterroir” avec un imaginaire hétérosexuel, je propose la destruction et l’homosexualité. Le PAS-terroir ! (rires) »

CRITIQUE

Détruire Chicoutimi

À Chicoutimi, les enfants meurent dans des drames atroces, comme autant de rêves et d’espoirs assassinés. Mais ils ressuscitent, avec des fantasmes de vengeance, à la mesure de leur colère, jusqu’à l’Apocalypse qui n’épargnera même pas la petite maison blanche qui a survécu au déluge du Saguenay. Dans une langue de plus en plus incantatoire et hallucinée, nous approchons d’un désastre rédempteur et jouissif. Bref, on aime vraiment ce qu’il s’évertue à tuer… Kevin Lambert propose ici, à seulement 24 ans, un premier roman puissant et inventif, à cheval entre les souvenirs et le fantastique, drôle et violent, incroyablement libre tout en étant maîtrisé. On peut prévoir sans se tromper qu’il sera dans les listes des prix cette année.

— Chantal Guy, La Presse

Extrait

« Je cherche le ciel pour mieux le maudire, je veux te saisir entière, Chicoutimi, pour connaître le visage de celle que j’haïs. J’ai hâte de te voir ravagée. J’ai tellement hâte de te voir agonisante, de voir tes yeux en détresse implorer ma pitié. Mais je serai sans pitié. Je n’en peux plus d’attendre ta destruction, d’espérer une catastrophe qui mettrait fin à tes jours, qui te rayerait de la carte. C’est moi qui te détruirai, Chicoutimi. »

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.