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Les risques de contracter la maladie de Lyme sont faibles, dit un rapport

Même dans des régions plus à risque comme la Montérégie, l’Estrie, l’Outaouais et le Centre-du-Québec, les Québécois n’ont que de 1 % à 3 % de chance de contracter la maladie de Lyme s’ils sont piqués par une tique à pattes noires, révèle un document d’envergure, publié cette semaine par l’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS). Une mise en perspective qui « pourrait contribuer à faire baisser le niveau d’anxiété relativement à cette maladie en progression et médiatisée » au Québec, peut-on lire dans le rapport. Explications.

Améliorer la prise en charge des patients

Alors que le nombre de cas déclarés de maladie de Lyme a doublé entre 2013 et 2017 au Québec pour atteindre 329, l’INESSS a publié cette semaine une série de documents visant à mieux expliquer la maladie et à améliorer la prise en charge des patients qui en sont atteints. L’ensemble des données scientifiques disponibles sur le sujet ont entre autres été colligées. Des consultations ont aussi été menées par l’INESSS auprès de cliniciens, d’experts et de patients atteints de la maladie. Jusqu’à maintenant, aucune ligne directrice claire n’existait pour le traitement de cette maladie dans la province. En tout, 150 recommandations sur différents sujets ont été émises par l’INESSS dans une série de rapports, de guides et d’outils de transfert de connaissance, dont certains font plus de 200 pages. Directrice du médicament à l’INESSS, Sylvie Bouchard affirme que l’un des objectifs est d’« aider les intervenants de santé », notamment en première ligne, à mieux prendre en charge les patients piqués par une tique ou atteints de la maladie de Lyme.

La maladie

On peut contracter la maladie de Lyme en se faisant piquer par une tique à pattes noires infectée par la bactérie Borrelia burgdorferi sensu lato. Au Québec, 11 autres types de tiques existent. Mais seules celles à pattes noires transmettent la maladie de Lyme. Dans les quatre régions les plus touchées au Québec, entre 12 % et 50 % des tiques à pattes noires sont infectées par Borrelia burgdorferi. Malgré tout, le risque de contracter la maladie de Lyme à la suite d’une piqûre par une tique à pattes noires y « est compris entre 1 % et 3 % ». « Cette information est méconnue d’un grand nombre de personnes, tant chez les cliniciens que dans la population en général », est-il écrit dans un des rapports de l’INESSS. Les symptômes de la maladie de Lyme varient d’une personne à l’autre ainsi qu’en fonction du stade de la maladie. En plus d’un érythème migrant, des symptômes comme des douleurs articulaires, de la fièvre, de la fatigue et des maux de tête peuvent entre autres survenir. Mme Bouchard affirme que le but des rapports n’est pas de dire aux gens d’« arrêter d’aller dehors », mais plutôt de « prendre des mesures préventives » comme s’examiner minutieusement au retour d’une marche en forêt, par exemple, et retirer les tiques de la bonne façon si l’on en trouve. « Si la tique est retirée en moins de 24 heures, les risques de transmission sont très minces », affirme Mme Bouchard.

Le diagnostic

Dans un des rapports, l’INESSS écrit que le diagnostic de la maladie de Lyme « est complexifié par le fait que la majorité des patients ne se souviennent pas d’avoir été piqués […] et que les tests sérologiques ont des limites importantes ». Les tests actuels entraînent en effet « beaucoup de faux positifs », note Mme Bouchard. Celle-ci précise que ces tests ne sont « pas essentiels à la pose d’un diagnostic » de maladie de Lyme. Les professionnels de la santé doivent surtout considérer les signes et symptômes du patient et prendre en compte les facteurs de risque. On peut lire que, « croyant à la méconnaissance de la maladie de Lyme par les professionnels de la santé québécois », certains patients « se tournent vers des laboratoires privés aux États-Unis pour recevoir un diagnostic de la maladie de Lyme ». « Or, certains de ces laboratoires ne respectent pas les critères d’interprétation des Centers for Disease Control and Prevention (CDC) », écrit l’INESSS.

Le traitement

Dans les documents de l’INESSS, on peut lire que « les cliniciens et la population ne sont pas tous au courant des incertitudes entourant l’efficacité de la prophylaxie post-exposition », soit les traitements préventifs comme les antibiotiques pouvant être pris pour diminuer les risques de développer une infection. Dans ce contexte, la décision de prendre ou non cette médication doit être prise de façon commune par le clinicien et le patient, affirme l’INESSS, qui publie un « outil d’aide à la décision » à ce sujet. Un protocole médical national ainsi qu’un document pour une ordonnance collective de l’antibiotique doxycycline en dose unique ont aussi été préparés.

Forme chronique

L’analyse de l’INESSS a permis de conclure que plusieurs recherches doivent encore être menées, notamment pour établir le véritable taux de prévalence de la maladie dans la province, affirme Mme Bouchard. L’INESSS travaille également sur la préparation d’un deuxième rapport sur la maladie de Lyme, cette fois sur la forme dite « chronique », plus controversée. Cette étude sera publiée en 2020. L’Association québécoise de la maladie de Lyme n’a pas voulu commenter les documents, hier, préférant prendre le temps de tout consulter avant de se prononcer. Au Collège des médecins, on explique que les documents de l’INESSS « reflètent l’ensemble de la littérature déjà réalisée » et serviront à « standardiser la pratique clinique sur la maladie de Lyme aiguë ».

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