Humania

La petite mutuelle au pays des géants

Humania en bref
Fondation : les origines datent de 1874 (société de secours mutuels appelée Union Saint-Joseph). L’entreprise est devenue La Survivance en 1938, puis Humania en 2013.
Activités : mutuelle d’assurances de personnes
Siège social : Saint-Hyacinthe
Actifs : plus de 500 millions
Nombre d’employés : 200 (incluant les filiales)
Propriétaires : 200 000 mutualistes (Humania est une société par actions détenue majoritairement par ses détenteurs de polices d’assurance appelés mutualistes)
Forces 
Agilité en développement technologique
Service à la clientèle personnalisé et non automatisé
Faiblesse
Taille modeste face aux concurrents (Sun Life, Great-West, Manuvie, Industrielle-Alliance, etc.)
Surexposition dans des segments précis, ce qui augmente le niveau de risque (Humania n’offre pas de services de placement ni de fonds distincts, rentes viagères, etc.)

Une petite mutuelle d’assurances de personnes de Saint-Hyacinthe livre un combat qui rappelle David contre Goliath. Pour espérer survivre aux côtés de géants comme Sun Life, Manuvie et autres Great-West, Humania doit faire les choses différemment.

Ça veut dire innover à la manière d’une fintech, ces entreprises qui marient la finance à la technologie.

Le mandat du nouveau PDG d’Humania, Stéphane Rochon, est clair : assurer la numérisation totale des activités. Aux commandes depuis trois mois, le gestionnaire de 43 ans espère rendre plus « cool » la perception que peuvent avoir certaines personnes à propose de l’industrie des services financiers.

« C’est avec des produits web qu’on peut réussir à se battre contre les gros joueurs », dit celui qui possède un MBA en commerce électronique.

« Vendre de l’assurance sur le web, ce n’est pas compliqué. Ce qui l’est, c’est de le faire à prix concurrentiel. »

— Stéphane Rochon

Humania a lancé l’automne dernier sa plateforme « HuGo », un produit d’assurance vie développé à l’aide d’un algorithme basé sur de l’intelligence artificielle qui permet d’accélérer la rapidité d’exécution.

« On a créé un système capable de poser les bonnes questions et d’interpréter les réponses en temps réel », dit Stéphane Rochon.

Avec HuGo, la direction soutient qu’une majorité de dossiers est approuvée sur le champ, c’est-à-dire entre 15 et 45 minutes, selon le profil du client.

« Au début du mois prochain, on devrait devenir le premier assureur au pays à atteindre le milliard de couvertures souscrites par le web. Ce n’est pas banal. On a commencé à la fin octobre. Ça nous aura pris seulement quatre à cinq mois pour y arriver », dit Stéphane Rochon.

Courtiser les distributeurs

Si le nom d’Humania est encore peu connu chez les consommateurs, c’est notamment parce que ce qui importe, c’est d’abord de gagner des parts de marché auprès des distributeurs.

« On voit que les gens aiment ça, car depuis novembre, plus de 600 courtiers indépendants en sécurité financière à travers le pays ont décidé d’utiliser notre interface. Et un sur deux a fait au moins une deuxième transaction. Il faut les séduire avec des concepts en avant de la parade », dit-il.

« Nous offrons un outil qui leur permet d’augmenter leur productivité. » Le PDG d’Humania soutient que l’âge moyen du courtier en assurances est supérieur à 50 ans, alors que l’âge moyen de celui qui utilise HuGo est de 41 ans. « On répond aux besoins d’un autre marché. Nous avons pris la décision d’être uniquement web, alors on s’aliène une partie de la distribution qui n’est pas prête. Le courtier plus âgé aime encore travailler sur papier », dit Stéphane Rochon.

Humania a pour objectif de doubler ses primes récoltées d’ici trois ans et de les quadrupler d’ici 10 ans pour qu’elles dépassent le demi-milliard (les primes sont les montants payés par les détenteurs de polices). 

« C’est très prétentieux, mais on devrait y parvenir », dit-il.

« L’industrie canadienne est beaucoup en retard sur ce qui se fait ailleurs. Notre industrie au Canada est axée sur l’assureur et non pas le client. On veut faire des processus modernes, axés sur l’expérience client. »

— Stéphane Rochon

La véritable croissance chez Humania ne se trouve pas au Québec. « Ça vient de la Colombie-Britannique et de l’Alberta. Près de la moitié de ce qu’on vend est hors Québec », dit Stéphane Rochon. 

Il souligne au passage qu’un courtier de Colombie-Britannique a déjà une soixantaine de transactions réalisées sur la plateforme depuis novembre.

Et Humania n’a pas l’intention de s’arrêter. Stéphane Rochon et son équipe se penchent déjà sur les produits de demain. 

« Il y aura une grande révolution dans le marché l’assurance prêt hypothécaire. Les gens vont magasiner davantage. On va pousser des produits en avant de la parade », dit-il. 

L’entreprise développe également son volet d’assurances pour les maladies graves et s’attend à une plus grande popularité de ce type de produits. « On ne donnera pas la santé, mais la liberté », indique M. Rochon.

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