Opinion Nadia El-Mabrouk

Idéologie queer
La nouvelle religion

« In Queer We Trust » est le message que je peux lire tous les jours sur un autocollant à la porte de ma station de métro. Et si c’était une religion ?

Cela expliquerait la déferlante de messages virulents que j’ai reçus après ma chronique sur l’identité de genre, afin de parfaire mon « éducation » sur le sujet.

Le sexe serait « un continuum d’états sur le spectrede l’arc-en-ciel », il ne serait pas constaté, mais « assigné » à la naissance, des personnes seraient « nées dans le mauvais corps », il y aurait des « femmes avec un pénis » et des « hommes qui accouchent ». Toute objection est déclarée transphobe.

En clair, l’idéologie queer est une orientation politique dont l’objectif est de nier la binarité des sexes.

La notion de femme et d’homme serait une question d’« identité de genre », autrement dit de ressenti, et non de sexe biologique.

À qui profite cette déconstruction des concepts ? Certainement pas aux femmes victimes d’inégalités sociales liées à la maternité ni à celles aux prises avec des traditions patriarcales qui les aliènent sur la base de leur sexe.

C’est pourtant ce nouveau paradigme qui, sans qu’aucun débat public n’ait eu lieu, imprègne les discours politiques et les orientations gouvernementales. Il est à l’origine du remplacement de la notion de sexe par celle de « genre » dans les documents officiels.

Dernièrement, c’est Statistique Canada qui annonçait le remplacement de la variable « sexe » par la variable « genre que ressent intimement une personne (selon où elle se positionne sur le continuum de l’identité de genre) »1. On croit rêver !

Comment une institution aussi essentielle pour la démocratie pourra-t-elle baser ses enquêtes sur une dimension des plus floues et des moins scientifiques, plutôt que sur une donnée objective ?

Comment le gouvernement compte-t-il remplir ses engagements de mesurer les écarts de salaire, d’employabilité ou de conditions de vie entre les hommes et les femmes, des données essentielles pour atteindre l’égalité ?

Pour ce qui est du « continuum des genres », les formulaires de Statistique Canada offriront-ils la panoplie des identités que promeuvent les militants de la cause trans, soit « transsexuelle, transgenre, homme et femme trans, genre fluide, genre variable, travestie, sans genre, gender fuck, bispirituelle, etc. » ? Cette idéologie, qui a déjà largement pénétré la sphère politique, se retrouvera-t-elle à l’école ?

Cours d’éducation à la sexualité

L’instauration au Québec d’un cours qui permette aux enfants d’intégrer une vision saine de la sexualité, et de les prémunir contre les agressions sexuelles, est une excellente nouvelle. Mais les parents doivent être informés du contenu du cours, du matériel pédagogique et des intervenants. Leurs craintes sont légitimes.

En Colombie-Britannique, par exemple, le ministère de l’Éducation a instauré le programme « Orientation sexuelle et identité de genre » (SOGI) qui, sous couvert de lutte contre la discrimination, intègre le vocabulaire transgenre. 

D’ailleurs, le jumelage qui est toujours fait entre l’orientation sexuelle et le discours trans ne risque-t-il pas de créer un ressac contre la nécessaire lutte contre l’homophobie ?

C’est pour manifester leur opposition à de tels programmes que des parents aux États-Unis, en Australie et au Canada, ont retiré leurs enfants de l’école le 23 avril dernier. Au-delà des raisons religieuses de certains parents, une grande partie de la contestation concerne un matériel pédagogique développé par des militants de la cause trans. C’est le cas du site SOGI financé, entre autres, par des organisations LGBTQ+2.

Dans une capsule vidéo publiée sur ce site, on nous présente une « fille trans » de 14 ans, autrement dit un garçon, qui explique être une fille, notamment par le fait qu’il aime dessiner des sirènes.

Cette semaine, Radio-Canada nous présente Alexis, un ex-culturiste, qui explique son sentiment d’être une femme par le fait d’avoir toujours été attiré par les jouets, le maquillage et les vêtements féminins3. Alexie, devenu « femme », donne des conférences devant des jeunes du secondaire.

A-t-on fait tout ce chemin de lutte contre les stéréotypes pour en arriver là ?

Plutôt que de brouiller la distinction entre les sexes, le rôle de l’école n’est-il pas de faire en sorte que les garçons se sentent à l’aise de pratiquer des activités traditionnellement assignées aux filles, et inversement ?

Comment les enseignants devront-ils surfer sur ce paradoxe qui consiste, d’une part à lutter contre les stéréotypes, comme le prévoit la stratégie gouvernementale « Pour l’égalité entre les femmes et les hommes »4, et d’autre part à aller dans le sens de la reconnaissance de l’« identité de genre » qui s’appuie, en grande partie, sur l’acceptation des stéréotypes ?

Nous sommes de nombreux parents à contester le cours d’Éthique et culture religieuse qui cantonne les enfants dans des appartenances religieuses. Allons-nous faire face, avec le cours d’éducation à la sexualité, à une nouvelle idéologie, encore plus intrusive, qui nie les sexes ? J’appelle le ministre de l’Éducation à s’assurer que le cours soit à l’abri de telles dérives.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.