« Le monde musical perd un énorme musicien »

Le compositeur et organiste Raymond Daveluy s’est éteint le 1er septembre peu après minuit à l’Hôpital juif de Montréal, a annoncé sa famille. Il était âgé de 89 ans et était dans le coma depuis quelques jours, après une hospitalisation pour un malaise inexpliqué, a indiqué son adjointe depuis 1986, l’organiste Rachel Laurin.

« Le monde musical perd un énorme musicien, a indiqué Mme Laurin. Ce qui nous console, c’est ce qu’il nous laisse par ses compositions et par les élèves qu’il a formés. »

Organiste de renommée internationale, il s’est produit sur les scènes les plus prestigieuses en Europe et en Amérique du Nord, recevant le prestigieux Prix d’Europe en 1948, en plus de participer à divers concours comme juge. Il a commencé sa carrière de compositeur en 1947 avec la musique de scène d’une pièce de Molière au collège Brébeuf, où il étudiait, et une messe, créée en 1952, nous apprend l’Encyclopédie canadienne. Il a dirigé les conservatoires de Trois-Rivières (1970-1974) et de Montréal (1974-1978) et a reçu l’Ordre du Canada en 1980.

« Je l’ai rencontré en 1980 à mon entrée au conservatoire de Montréal, où il a enseigné jusqu’en 1988, dit Mme Laurin. Quand j’ai terminé en 1986, il a fait de moi son adjointe à l’oratoire Saint-Joseph. Je suis devenue en quelque sorte sa disciple. »

M. Daveluy a fait dans les années 50, avec un facteur d’orgues allemand, la conception des grandes orgues de l’oratoire Saint-Joseph, où il a joué pendant 42 ans, jusqu’en 2002, quand il a été « congédié », selon Mme Laurin. L’oratoire lui rendra hommage le 11 septembre prochain. La directrice des communications de l’oratoire, Danielle Decelles, ne pouvait hier commenter les raisons du départ de M. Daveluy en 2002, faute de pouvoir joindre du personnel au fait des tenants et aboutissants de l’épisode.

Par la suite, M. Daveluy a joué à la cathédrale d’Ottawa, où Mme Laurin a été nommée organiste quelques mois après avoir quitté l’oratoire par solidarité avec M. Daveluy.

« Quand je suis partie d’Ottawa, il n’avait plus d’endroit où s’exercer. Mais il composait encore et il avait des élèves. Jusqu’à la fin, un élève est venu chez lui pour des cours d’harmonie et de clavier. »

— Rachel Laurin

Selon Mme Laurin, M. Daveluy était en train de travailler à sa dixième sonate pour orgue. Le 15 octobre prochain à l’église St. Andrew and St. Paul à Montréal sera créée sa neuvième symphonie, avec Mme Laurin au clavier, dans le cadre d’un concert-hommage.

Raymond Daveluy est né à Victoriaville d’un père lui-même organiste. L’une de ses sœurs, aujourd’hui disparue, était également organiste et une autre sœur est professeure de chant. Il laisse en outre dans le deuil quatre frères. Au moment de sa mort, il habitait Outremont.