Andrei Markov

« Il est un exemple à suivre »

Pendant que le Tout-Montréal chante les louanges d’Alex Radulov et qu’un autre russophone (Alex Galchenyuk) côtoie les 10 meilleurs marqueurs de la LNH, le vétéran Andrei Markov continue de faire ses affaires sans dire un mot. Ou presque.

Les Maple Leafs de Toronto ont mis fin samedi à sa séquence de sept matchs avec au moins un point. « Je n’ai rien fait de particulier dans ce match », a-t-il dit en haussant les épaules.

Non, pas ce soir-là. Mais ce que le défenseur russe accomplit depuis le début de la saison mérite de ne pas passer sous silence.

Markov, qui aura 38 ans dans un mois, dépassera Yvan Cournoyer au septième rang des meilleurs passeurs dans l’histoire du Canadien lorsqu’il récoltera sa prochaine mention d’aide. Et il est raisonnable de penser qu’il pourra en amasser 15 autres d’ici la fin de la saison, ce qui lui permettrait de doubler Saku Koivu au sixième échelon.

S’il reste en santé, Andrei Markov atteindra le cap des 1000 matchs quelque part au mois de mars – le 19, plus précisément, s’il ne rate aucune rencontre d’ici là. Il serait seulement le sixième joueur à disputer 1000 matchs dans l’uniforme tricolore.

Ce n’est banal pour aucun joueur, encore moins pour quelqu’un qui a eu le parcours de Markov.

Mais en attendant, campé dans le deuxième duo à la gauche de Jeff Petry, Markov traverse une heureuse séquence qui illustre à quel point, malgré les moments de doute, le vétéran défenseur revient toujours.

Il y a eu des moments par le passé – qu’on se souvienne des séries contre les Sénateurs d’Ottawa en 2015 – où son rendement laissait croire que le déclin était inévitable. Que le manque de mobilité allait avoir raison de lui. Mais Markov a toujours trouvé des façons de rebondir.

« Parler de sa mobilité, à mon avis, c’est surfait, estime Alex Galchenyuk. Il y a plusieurs joueurs rapides dans cette ligue qui ne jouent pas aussi intelligemment que lui. Ce n’est pas toujours la vitesse à laquelle tu patines qui importe, mais la vitesse à laquelle tu penses. De jouer de la façon qu’il joue à son âge, c’est exceptionnel. Il est un exemple à suivre pour les joueurs autour de lui, à commencer par moi. »

La question du temps de jeu

Évidemment, Markov n’est pas à l’abri d’un creux de vague plus tard cette saison. Michel Therrien espère pouvoir le prévenir en limitant son utilisation autour de 21 minutes. Pour l’instant, elle est en moyenne de 21:28, ce qui représente plus de deux minutes de moins que la saison dernière (23:50). Le nombre de présences par match sur la glace est demeuré le même ; ses présences sont simplement plus courtes.

Mais cela peut-il vraiment faire une différence si Markov, par exemple, a deux présences de moins par match qu’il y a deux ans ?

« Il y a des matchs où l’on joue 28 minutes et on ne le ressent pas, répond-il. Ça dépend de l’intensité du match. Parfois aussi, ça dépend du match précédent et à quel point on peut être fatigué avant la rencontre suivante.

« Mais je me sens bien en ce moment. »

Tant mieux, parce que de la façon dont Nathan Beaulieu, Greg Pateryn et Joel Hanley jouent depuis un certain temps, il y a lieu de se demander si Therrien pourra réussir à alléger le fardeau de son top 4 à mesure que la saison avance...

Toujours s’améliorer

Markov affirme ne ressentir aucun effet positif ou négatif d’avoir entrepris sa saison à la Coupe du monde plutôt que d’avoir disputé des matchs préparatoires comme les autres années.

« J’ai dû ajuster un peu ma préparation, mais je ne pense pas que ça ait fait une grande différence. C’est juste le niveau de jeu qui était supérieur. »

— Andrei Markov au sujet de la Coupe du monde

Outre son engagement envers le travail en gymnase, qui sait si Markov a trouvé de nouveaux éléments sur lesquels se concentrer à l’entraînement afin de maintenir son niveau de jeu ?

Si c’est le cas, il ne les révélera pas.

« Tous les joueurs vous diront qu’on ne doit jamais cesser de s’améliorer, rappelle-t-il. Peu importe votre âge, vous pouvez continuer d’être meilleur, et c’est ce que je cherche à faire. Alors je travaille autant mon lancer, mes passes, ou bien mes pivots.

« Mais le plus important, c’est d’avoir du plaisir. »

L’expert en avantage

Avant les matchs d’hier, Markov était ex æquo avec quatre autres défenseurs de la LNH au deuxième rang des pointeurs à cette position. Shea Weber était premier avec 15 points.

Au fil de sa carrière, Markov a amassé 52 % de ses points en avantage numérique. Il est le dénominateur commun de presque tous les défenseurs productifs qui ont défilé à la ligne bleue du Canadien, de Sheldon Souray à P.K. Subban en passant par Mark Streit.

Cette année, avec Weber, il renoue avec un canonnier du calibre de Souray.

« Ça ne fait aucun doute que j’essaie de l’alimenter le plus souvent possible parce que son lancer est tellement puissant, convient Markov. En même temps, les unités d’infériorité numérique sont mieux préparées que jamais et elles s’arrangent pour neutraliser son lancer. Dans ce temps-là, il faut trouver d’autres options.

« Un bon avantage numérique complète deux ou trois passes – au maximum quatre – avant de diriger un tir sur le filet. Si l’adversaire est pour neutraliser un joueur, ça devrait ouvrir de l’espace pour les autres, et c’est à nous d’en profiter.

« Mais nous avons encore beaucoup de travail à faire en avantage numérique. Il va falloir qu’on soit meilleurs que ça. »

Bientôt Guy Lapointe

Markov n’est plus qu’à 22 points du total amassé par Guy Lapointe (572) avec le Canadien, ce qui place ce dernier au deuxième rang derrière Larry Robinson parmi les défenseurs de l’équipe. C’est une marque que Markov pourrait rejoindre cette saison.

Lapointe, qui a participé à la conquête de six Coupes Stanley à Montréal, est le plus récent joueur du Canadien à avoir vu son chandail être retiré par l’équipe. L’idée ici n’est pas de lancer une cabale pour que le chandail de Markov soit retiré au terme de sa carrière, mais simplement de mettre un ou deux éléments en perspective.

Tout d’abord, Lapointe et Markov ont joué à deux époques fort différentes, tant sur le plan de la force de l’équipe pour laquelle ils ont évolué que des chances de chacun de remporter la Coupe Stanley.

Lapointe a connu sa meilleure saison offensive en 1976-1977, alors qu’il a récolté 76 points en 77 matchs. Cette année-là, le Canadien avait marqué une impressionnante moyenne de 4,84 buts par match. Pointu avait collaboré à 19,6 % des buts de cette impressionnante machine offensive.

À titre comparatif, la meilleure saison de Markov à l’attaque lui a valu 64 points en 2008-2009, une campagne au cours de laquelle le Tricolore a inscrit en moyenne 2,95 buts par match. Sur la feuille de pointage, Markov avait participé à 26,4 % des buts.

C’est vrai que si Markov continue de produire au rythme actuel, il dépassera Lapointe en ayant joué plus de 200 matchs de plus que lui. Mais ce n’est peut-être pas tant un facteur atténuant qu’une bonne note de plus à son dossier. Car compte tenu des blessures avec lesquelles il a dû négocier entre 2010 et 2012, le fait qu’il soit encore là, près de 1000 matchs plus tard, commande le respect.

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