Elemission

Une technologie destinée à l'exportation

Lorsqu’une grande entreprise américaine est venue leur présenter une problématique liée au tri de métaux, François Doucet et Lütfü Özcan, anciens agents de recherche au Conseil national de recherches du Canada (CNRC), se sont mis à chercher une solution. C’est ce qui les a menés à aller chercher leur premier brevet et à lancer l’entreprise Elemission. Pour la première année de leurs activités, 100 % de leurs ventes ont été faites aux États-Unis.

« Notre technologie est tellement nichée que c’était évident que nous allions viser le marché international », explique François Doucet, président et chef de la direction d’Elemission.

Tout est dans la lumière

L’entreprise réalise de l’analyse élémentaire : sa technologie d’ablation laser est capable d’analyser dans un échantillon inconnu tous les éléments du tableau périodique.

« Le laser crée une petite explosion atomique sur l’échantillon, une étincelle en fait appelée plasma », explique l’entrepreneur, qui travaille sur cette technologie depuis sa thèse de doctorat, terminée au début des années 2000.

Cette étincelle émet de la lumière dans toutes les longueurs d’onde (des couleurs) et un spectromètre est utilisé pour les séparer.

« Chaque élément du tableau périodique possède ses longueurs d’onde spécifiques, alors on peut déduire quels éléments sont présents, mais aussi, d’après l’intensité, on peut estimer la concentration, poursuit-il. Cette technologie est d’ailleurs utilisée sur Mars présentement, avec la ChemCam, dans le robot Curiosity. »

Applications multiples

Les applications sont variées pour Elemission et vont de l’analyse des carottes minières à celle des lingots produits par des entreprises métallurgiques.

L’entreprise souhaite ainsi prendre part à la quatrième révolution industrielle, où les robots pourront réaliser des analyses et, par la suite, prendre des décisions. Comme rejeter les pièces qui ne sont pas de qualité et travailler sur celles qui sont bonnes.

« Notre technologie peut aussi être utilisée pour tester en continu ce qui entre dans une usine de transformation de métaux pour adapter les paramètres du réacteur en conséquence afin d’avoir un meilleur rendement d’extraction, explique François Doucet. De plus, il est possible d’obtenir un meilleur produit fini en diminuant l’impact environnemental parce que notre technologie verte n’utilise pas de solvant comme les technologies traditionnelles. »

L’entreprise pourrait aussi se lancer dans le marché de l’analyse des sols pour l’agriculture, ou pour identifier des contaminants.

Courir les grandes foires commerciales

Pour se faire connaître et diversifier sa clientèle, Elemission a ciblé de grandes foires commerciales dans son domaine aux États-Unis et au Canada. Comme Pittcon, où elle a obtenu à Chicago au printemps dernier une distinction pour son innovation.

Au Canada, elle a participé notamment aux foires de Québec Mines, de la Prospectors & Developers Association of Canada (PDAC) et de l’Institut canadien des mines, de la métallurgie et du pétrole.

Environ 40 % des ventes d’Elemission sont maintenant réalisées au Canada. L’entreprise lorgne le marché de l’Europe, de l’Asie et de l’Afrique du Nord.

« Pour ces nouveaux marchés, nous travaillons avec des représentants sur place et nous sommes en discussion pour nous associer à de grands distributeurs internationaux d’instruments scientifiques qui pourraient vraiment propulser notre technologie », explique François Doucet, qui vient également de devenir président de la North American Society for Laser-Induced Breakdown Spectroscopy (NASLIBS).

Trois clés pour réussir à l’international, selon Elemission

1. Avoir une bonne réputation : « Dans le domaine des technologies de pointe, par exemple, si les gens ne croient pas à la science que tu fais, tu auras de la difficulté à en vendre. »

2. Avoir un excellent réseau de contacts : « Et un excellent réseau de distributeurs qui possèdent eux aussi beaucoup de contacts. »

3. Mettre en place une stratégie de ventes basée sur la valeur ajoutée : « Les entreprises veulent un bon retour sur l’investissement à court terme. »

Elemission en chiffres

Entreprise fondée en 2014

8 employés

60 % des ventes aux États-Unis, 40 % au Canada

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