Aide parentale aux étudiants

Tout est une question d’équilibre

Les parents qui ne peuvent pas tout payer à leurs enfants durant leurs études postsecondaires ne doivent pas culpabiliser. Lorsque bien équilibrée, la conciliation travail-études peut s’avérer profitable.

« De plus en plus de jeunes désirent travailler durant leurs études pour accumuler des expériences de travail et s’en servir comme atouts après l’obtention de leur diplôme, explique Pierre Doray, professeur en sociologie spécialisé en éducation à l’UQAM. D’autres veulent avoir leur indépendance financière ou simplement s’offrir ce qu’ils veulent, sans dépendre de leurs parents. C’est devenu une norme de travailler en étudiant. »

Une norme qui éveille pourtant bien des craintes, dès que le ratio travail/études est débalancé. Alors que plusieurs études suggèrent de ne pas dépasser 15 heures afin de ne pas nuire aux résultats scolaires, d’autres parlent de 20 à 25 heures.

Dans tous les cas, le professeur Doray observe que la majorité des étudiants qui travaillent plus de 25 heures par semaine ont des caractéristiques d’adultes. « Ils sont plus âgés, ils vivent en couple et ils ont des emplois à temps plein, des enfants et des obligations financières. Tous ces facteurs réduisent le temps consacré aux études et influencent inévitablement leur rendement. »

Il insiste aussi pour dire que la plupart des étudiants qui travaillent très peu le font parce qu’ils ont des difficultés scolaires, et non pour s’assurer de rester performants. « Après quelques mois de cours, plusieurs étudiants réalisent que leurs résultats ne sont pas à la hauteur et ils décident d’abandonner leur emploi pour améliorer leurs notes. Mais c’est faux d’imaginer que ceux qui travaillent peu sont automatiquement performants. »

COMMENT AIDER SON ENFANT

N’empêche, les parents qui veulent permettre à leurs enfants de ne pas trop travailler doivent prévoir le coup financièrement. Mais quels véhicules d’épargne choisir ?

Entre le REER, le CELI et le REEE, il est préférable d’opter pour un Régime enregistré d’épargne-études, selon Daniel Laverdière, directeur principal à la Banque Nationale. « On peut alors obtenir 30 % de subventions du gouvernement sur ce qu’on a versé : si on a placé 1000 $, on aura donc 1300 $ au total. »

Par la suite, le CELI est à envisager. « Quand on sort les sommes du CELI, ce n’est pas pénalisant, explique-t-il. Chaque fois qu’on retire, on peut remettre la même somme dans le compte. À l’inverse, quand on retire des sous d’un REER, on a brûlé nos droits. »

Même si ces moyens existent, 39 % des familles québécoises affirmaient ne pas avoir les moyens ou l’intention d’épargner en 2016, dans un sondage réalisé en janvier 2016 pour Universitas. « Au Québec, les gens sont nombreux à se dire qu’ils paieront quand ils seront rendus là, parce qu’ils ne savent pas ce que leurs enfants feront, dit Pierre Doray. Ils ne veulent pas économiser en vue d’éventuelles études universitaires, si leur enfant fait “seulement” un court programme professionnel. »

De façon générale, Daniel Laverdière conseille un juste équilibre dans le soutien financier offert aux enfants de ses clients. « Sans tout donner, c’est souvent plus utile d’aider nos enfants durant leurs études, plutôt que d’attendre notre décès pour léguer un héritage, alors que nos enfants ont déjà la soixantaine. »

67 % 

Pourcentage des Québécois âgés de 25 à 64 ans titulaires d’un diplôme postsecondaire en 2014, contre 64 % dans le reste du Canada.

42,3 % 

Pourcentage des étudiants québécois âgés de 15 à 24 ans qui occupaient un poste à temps plein durant leurs mois d’études, contre 38,7 % dans le reste du pays, en 2011. Trois décennies plus tôt, 27,2 % des étudiants québécois étaient dans la même situation. Ils étaient 34,9 % en moyenne partout au Canada.

25

Un étudiant québécois à temps plein sur 10 travaillait 25 heures et plus par semaine en 2011.

Sources : Statistique Canada, Institut de la statistique du Québec

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