Festival TransAmérique

De la cuisine aux planches

Florence Béland était la responsable montréalaise du recrutement des participants au spectacle de Rimini Protokoll. Ce processus s’est déroulé pendant des mois, incluant des questions précises à poser aux participants en entrevue. 

Quelle était la marche à suivre ?

« L’idée de Rimini Protokoll est la réaction en chaîne. Le premier participant est toujours le statisticien de la ville qu’ils visitent. Il choisit la prochaine personne suivante et ainsi de suite. Parfois, je suis allé dans des centres communautaires ou des cafés pour accélérer le processus. Avec les chiffres du recensement de 2011, on a essayé de représenter la ville selon le genre, l’âge, le lieu de naissance, le quartier et la structure du ménage. » 

Avec ces contraintes, tu as tout de même réussi à trouver 100 personnes ?

« Et même plus, parce qu’il y a eu des abandons en cours de route. Il a fallu que j’en remplace quelques-uns. Le plus jeune participant a 3 ans et la plus vieille, 88. »

Comment se déroulaient les entrevues ?

« Dès qu’ils acceptaient de participer, j’allais les rencontrer chez eux. Je leur posais 12 questions qui tournaient autour des bruits, des odeurs qu’ils associent à Montréal, les groupes socioculturels qui les représentent le mieux… On prenait tout de suite une photo dans la maison, leur cuisine souvent. »

Ils devaient aussi choisir un objet important pour eux ?

« Oui, ça va de souliers pour la marche à des animaux, un bibelot, un bijou, un toutou, une plante, un sari, un foulard… »

Il y a aussi une publication qui accompagne le spectacle ?

« Ça s’intitule 100 % et ça comprend une fiche par personne avec une photo, son âge et son occupation ainsi qu’une description écrite au “je”. »

Sur scène, qu’est-ce que ça donne ? 

« Ils se présentent d’abord avec leur objet et disent la personne à laquelle ils sont liés dans la chaîne. Ils se font ensuite poser des questions. Ça donne un portrait assez saisissant de Montréal. »

Tu as donc joué un rôle important dans ce processus ?

« Je suis la seule personne que les participants connaissent quand ils arrivent aux répétitions. Donc, je les aide beaucoup. Je connais bien le tissu démographique de la ville, je savais que j’avais besoin d’environ 50 % de francophones, 30 % d’anglophones et 20 % d’allophones. Ce projet est fascinant pour moi, puisque j’ai une formation d’anthropologue. » 

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