Politique

Les propos de Nadeau-Dubois scandalisent d'ex-politiciens

Le nouveau candidat de Québec solidaire accuse la classe politique au pouvoir depuis 30 ans d’avoir « trahi le Québec ».

L’entrée fracassante de Gabriel Nadeau-Dubois en politique provinciale lui a valu des critiques acerbes, et pas seulement de ses futurs adversaires. Plusieurs anciens politiciens joints hier se sont dits scandalisés par les propos de l’ancien leader étudiant, qui a accusé la classe politique qui gouverne depuis 30 ans d’avoir « trahi le Québec ».

L’ex-premier ministre Bernard Landry s’est dit « scandalisé » par ces propos. Il accuse l’ancien leader étudiant de s’être « déshonoré » en reniant les réalisations du gouvernement québécois. Il cite l’exemple des CPE, de la paix des Braves et du rattrapage économique par rapport à l’Ontario.

« Il vient d’insulter grossièrement René Lévesque, Jacques Parizeau, Camille Laurin et autres, a dénoncé l’ancien leader du Parti québécois. Il ne voit pas ce qui s’est fait à l’avantage du Québec au cours des 30 dernières années. »

« Quand il aura fait le quart du huitième de ça, il pourra en reparler. »

— L’ex-premier ministre Bernard Landry

Gabriel Nadeau-Dubois ne fait qu’afficher son « mépris » pour la fonction à laquelle il aspire, a pour sa part dénoncé l’ex-ministre libéral des Finances Michel Audet. « Je trouve son message contradictoire, note M. Audet. Lui qui veut rehausser la classe politique, la première chose qu’il fait, c’est de la dénigrer. » L’ancien ministre affirme que tous les politiciens de l’Assemblée nationale – peu importe leur allégeance – ont à cœur le succès du Québec.

« Il va être le premier à se plaindre quand il va constater que les gens n’ont pas de respect à l’égard des élus », a ironisé Michel Audet.

« De me faire dire par Gabriel Nadeau-Dubois que j’ai trahi le Québec, je suis vraiment en beau calvaire ! », a lancé en ondes l’ancien ministre péquiste Bernard Drainville, lorsqu’il l’a reçu à son émission de radio au FM93. Il a rappelé que son gouvernement a réformé le financement des partis politiques, adopté des élections à date fixe et fermé la centrale nucléaire de Gentilly.

Entrée en scène

Gabriel Nadeau-Dubois a confirmé hier qu’il se joignait à Québec solidaire comme candidat à la succession de Françoise David. Cinq ans après la grève étudiante qui l’a fait connaître, le jeune homme de 26 ans veut être co-porte-parole de la formation politique et candidat à la prochaine élection partielle dans la circonscription de Gouin.

Il a dit vouloir « sortir du pouvoir la classe politique qui nous gouverne depuis 30 ans », car elle « a trahi le Québec ». « Cette classe politique a choisi de nous diviser selon notre origine, notre religion, notre région […] pour gagner des élections », a-t-il continué.

« Elle a toujours choisi ses amis  – les grandes entreprises, les firmes d’ingénieurs, les lobbys des médecins – au lieu du peuple du Québec. Qu’elle soit au pouvoir ou non, qu’elle soit rouge ou bleue, elle a toujours fait les mêmes choix. »

— Gabriel Nadeau-Dubois, candidat de Québec solidaire dans Gouin

Après avoir évoqué le nom de Bernie Sanders – candidat malheureux à l’investiture démocrate américaine –, il a montré du doigt le libre-échange comme source des inégalités économiques.

Il a aussi réitéré sa profession de foi souverainiste. « Je suis indépendantiste, a-t-il dit. Je suis convaincu que le Québec peut devenir un lieu où tout le monde vit bien. Mais je suis aussi convaincu que plusieurs des choix qu’on a à faire, on ne pourra pas les faire à l’intérieur du Canada. »

Souverainiste, mais pas péquiste

M. Nadeau-Dubois a toutefois jeté une ombre sur les négociations de convergence entre sa nouvelle formation politique et le Parti québécois (PQ), en exposant qu’Option nationale (ON) était « la seule » à partager ses objectifs. QS et le PQ « ne partagent pas les mêmes objectifs fondamentaux, a-t-il précisé par la suite. Ça ne veut pas dire qu’on ne peut pas s’entendre de façon ponctuelle ».

Mais le leadership de Jean-François Lisée n’aide en rien, a-t-il ajouté. « J’ai de la misère à suivre Jean-François Lisée. Je ne suis pas le seul, il y a des milliers de personnes qui ont de la misère à le suivre. C’est bien beau, être stratège, c’est bien beau, être agile, encore faut-il être capable de dire clairement quels sont nos principes. »

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Bienvenue au PQ

Malgré les mots durs de Gabriel Nadeau-Dubois envers eux, les péquistes se sont montrés conciliants. « Bienvenue ! », a écrit la députée Véronique Hivon, chargée de la convergence, sur les réseaux sociaux. « Convaincue que de bonnes discussions sont à l’horizon et que [nous] saurons poursuivre [le] dialogue de manière constructive. »

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Option nationale à l’écoute

Le parti Option nationale s’est dit « prêt à écouter » une offre du nouveau politicien. « Si M. Nadeau-Dubois était élu comme porte-parole de QS et s’il parvenait à convaincre la base militante de son parti de faire un pas vers nous, ce serait une avancée importante, enthousiasmante et mobilisatrice pour le Québec, » a affirmé le chef Sol Zanetti dans un communiqué.

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Le gouvernement Couillard attaque

Le gouvernement Couillard n’a pas tardé à rappeler le passé du jeune homme comme leader étudiant. « Si Québec solidaire veut faire oublier que Gabriel Nadeau-Dubois reste celui qui a toujours refusé de condamner les actes de violence des carrés rouges lors du conflit étudiant, les Québécois, eux, ne l’oublieront pas », a affirmé Charles Robert, chargé des communications au cabinet de Philippe Couillard. 

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La CAQ vise… le PQ

La CAQ s’est faite moins dure et en a profité pour décocher un tir voilé vers un autre adversaire. « L’arrivée de M. Nadeau-Dubois mettra encore plus en évidence le côté “passé date” du PQ », a dénoncé Guillaume Simard-Leduc, directeur des communications de François Legault. 

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