SPVM

Une facture de plus d’un demi-million payée à même la « petite caisse »

Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a utilisé sa « petite caisse » pour payer une facture « exceptionnelle » d’un demi-million de dollars. Disant ne pouvoir révéler la nature de cette dépense pour des raisons de sécurité, le corps policier assure que celle-ci a été faite dans les règles de l’art.

Depuis de nombreuses années, les différentes unités du SPVM disposent d’une « petite caisse », sorte d’enveloppe dans laquelle les policiers peuvent puiser de l’argent comptant pour faire de menus paiements. Cet argent peut notamment servir à remplacer rapidement une pièce d’équipement brisée sans passer par le lourd processus d’approvisionnement de la Ville de Montréal.

La petite caisse peut aussi servir aux enquêteurs du corps policier pour faire des dépenses en toute discrétion et ainsi éviter de nuire à leurs enquêtes. Ils peuvent notamment payer des sources ou discrètement louer des véhicules à des fins d’enquête.

Le budget normalement prévu aux petites caisses s’élève à 200 000 $ par an. Jusqu’à récemment, la facture moyenne payée avec cette enveloppe était de 5500 $. La Presse a en effet recensé 105 factures du 1er janvier 2015 au 30 septembre 2016, pour un total de 575 000 $. La plus importante facture durant cette période s’est élevée à 29 000 $, en mai 2016.

Une facture de 524 938 $

Or, le 14 octobre dernier, le service des finances de la Ville de Montréal a autorisé une dépense unique de 524 938 $ payée à même la petite caisse. « Oui, cette facture est exceptionnelle. Ce n’est pas un montant [qu’on voit] souvent. Mais ça s’est fait dans les règles de l’art », assure le commandant aux relations média du SPVM, Marie-Claude Dandenault.

Le SPVM dit ne pas pouvoir divulguer à quoi doit servir cet argent pour des raisons de sécurité et pour ne pas compromettre ses enquêtes. « C’est très encadré. Il y a des audits internes sur les raisons, mais ce n’est pas public, parce que c’est en enquête. Ça pourrait mettre en danger la vie de gens, que ce soit nos policiers ou nos sources », poursuit le commandant Dandenault.

« Le paiement de sources, on ne peut pas faire ça avec un chèque avec le logo du SPVM. »

— Marie-Claude Dandenault, commandant aux relations média du SPVM

Le paiement de 525 000 $ ne concernait pas une seule enquête, mais plusieurs, ajoute le SPVM. Si ces dépenses ont été payées sur une seule facture, c’est qu’elles touchent « le même thème ».

Pour être autorisée, cette dépense a dû être approuvée par le directeur du SPVM ou son adjoint. En effet, si les élus montréalais doivent autoriser toute dépense de plus de 25 000 $ à la Ville de Montréal, le chef de police a quant à lui le pouvoir d’autoriser des dépenses pouvant atteindre un million.

Le corps policier assure également que cette facture n’est en rien liée à l’enquête sur les sources journalistiques.

— Avec William Leclerc, La Presse

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