POLITIQUE

Résumé des nouvelles du jour sur la scène politique provinciale

Médecins spécialistes

Québec veut « autour de 500 millions » 

Québec — Le gouvernement Legault veut conclure une entente avec les médecins spécialistes lui permettant de récupérer « autour de 500 millions de dollars ».

Selon une source gouvernementale, le premier ministre François Legault atteindrait ainsi son objectif qu’il révélait lors d’une entrevue à La Presse au début d’octobre : que les médecins spécialistes gagnent 9 % de moins que leurs collègues du reste du Canada, comme c’est le cas pour les autres travailleurs.

Sur la base des données que lui a transmises l’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS), Québec a calculé que ramener les gains des médecins spécialistes à « moins 9 % » par rapport au reste du Canada représente une coupe se situant entre 400 et 650 millions de dollars par année. Québec souhaite plus précisément récupérer autour de 500 millions.

L’enveloppe totale de rémunération des médecins spécialistes avoisine les cinq milliards par année. La coupe représenterait donc 10 %.

En campagne électorale, François Legault voulait réduire la rémunération des spécialistes d’un milliard de dollars, mais il n’avait pas inscrit cette somme dans son cadre financier. Or ce milliard ne fait plus partie du discours du gouvernement depuis plusieurs mois déjà.

En début de semaine, la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ) a fait passer sa proposition de 250 à 400 millions de dollars. Cette offre ne prévoit toutefois aucune baisse des tarifs payés aux médecins pour leurs actes médicaux. Il s’agit d’une pomme de discorde avec le gouvernement. La proposition de la FMSQ comprend plutôt, par exemple, des sommes non utilisées jusqu’ici – pour payer les chefs de département entre autres – et d’autres qui retourneront de toute façon dans les coffres du gouvernement si elles ne sont pas dépensées d’ici la fin de l’année. On y retrouve également la promesse d’économies liées à une révision des pratiques visant à éviter les dédoublements d’examens.

Québec recherche quant à lui des gains fermes et des sommes récurrentes. Il veut utiliser la cagnotte récupérée pour, par exemple, augmenter le salaire des préposés aux bénéficiaires et financer une baisse des ratios de patients par infirmière.

« La récurrence des sommes qu’on récupère, c’est ça, l’enjeu en ce moment dans la négociation », a-t-on indiqué au gouvernement.

Québec vise toujours une entente négociée, bien qu’il ait laissé planer à nouveau la menace d’une loi spéciale plus tôt cette semaine.

Les pourparlers étaient toujours en cours, mercredi, entre le représentant de la FMSQ, l’ancien premier ministre Lucien Bouchard, et la négociatrice en chef du gouvernement, Édith Lapointe. La présidente de la FMSQ, Diane Francoeur, et le président du Conseil du trésor, Christian Dubé, se rencontreront jeudi. Ce dernier veut « une perspective d’entente » d’ici vendredi.

Lors de la période des questions à l’Assemblée nationale, François Legault a esquivé les attaques du Parti québécois en accusant les libéraux d’avoir « mal négocié avec les médecins spécialistes ». « Notre engagement n’a pas changé d’un iota : les médecins spécialistes vont gagner 9 % de moins que les médecins spécialistes du reste du Canada. Ça, c’est l’équité », a-t-il soutenu. Le chef intérimaire du PQ, Pascal Bérubé, lui a rappelé ses propos de la campagne électorale, soupçonnant qu’il soit en train de « reculer » devant le syndicat des spécialistes. « En bas d’un milliard, c’est un échec. Qu’il assume ses paroles ! », a-t-il lancé.

Le PLQ doit se renouveler, selon Alexandre Cusson

Québec — Le Parti libéral doit se « renouveler » et renouer avec plusieurs pans de la population québécoise, affirme le maire de Drummondville, Alexandre Cusson, qui confirme qu’il songe à briguer la direction du parti.

Bien que son nom circule depuis plusieurs semaines comme possible candidat à la succession de Philippe Couillard, M. Cusson a assuré en entrevue que sa décision n’était pas prise.

« Je suis en réflexion. Une réflexion qui est sérieuse », a-t-il résumé.

Il a préféré ne pas s’étendre sur la défaite cinglante de son parti aux dernières élections générales. Comme il ne faisait pas partie du gouvernement de Philippe Couillard, il ne souhaite pas jouer les « gérants d’estrade ».

En revanche, il convient que sa formation politique a fort à faire pour regagner la faveur populaire.

« Je pense que le parti doit se renouveler, a dit Alexandre Cusson. Le parti doit reconnecter avec une partie de la population. »

« À partir de là, comment on peut faire en sorte que cette grande force politique historique au Québec reprenne contact avec une partie de la population […] qui s’est déjà reconnue dans le parti et qui ne semble plus s’y reconnaître aujourd’hui ? Il y aura tout un travail à faire », a-t-il ajouté.

Au cours des derniers mois, plusieurs membres en vue de l’establishment libéral ont tenté de le convaincre d’entrer dans la course. Ses supporteurs font valoir que ce maire d’une municipalité du Centre-du-Québec aidera le parti à renouer avec l’électorat francophone en région. Un atout de taille puisque le parti n’a fait élire qu’un député à l’est du Grand Montréal l’an dernier.

Le principal intéressé affirme qu’il est « prématuré » de discuter de ce qu’il proposera s’il brigue la direction du parti. Mais une chose est certaine, il promet d’être bien davantage qu’un candidat des régions.

« Si je n’étais que ça, je ne serais pas sur la ligne de départ », a-t-il dit.

« Je pense que j’ai une connaissance du Québec. Mon rôle comme président de l’UMQ m’a amené à faire deux fois le tour du Québec au cours des deux dernières années. Je suis maire d’une ville où ça va bien, une ville de taille moyenne, une ville considérée comme une locomotive économique du Québec. Donc je pense que j’ai quelque chose à apporter. »

— Alexandre Cusson, maire de Drummondville

M. Cusson est maire de Drummondville depuis 2013. Il a démissionné de son poste de président de l’Union des municipalités du Québec, mardi, quelques jours après avoir pris sa carte du PLQ.

Ce n’est pas la première fois qu’il s’implique dans la formation politique, a-t-il expliqué. Son premier souvenir politique remonte à 1985, lorsqu’il a participé à un rassemblement quelques jours avant que Robert Bourassa redevienne premier ministre. Il a milité de nouveau dans les années 2000, mais il a pris ses distances pour se consacrer à la politique municipale.

Pourquoi avoir quitté la présidence de l’UMQ avant de confirmer ses intentions ? Pour éviter de donner l’impression que cette organisation est partisane, a-t-il répondu.

Bien qu’il reste maire de Drummondville, il reconnaît qu’il aura un choix à faire s’il choisit de se lancer dans la course à la direction du PLQ.

« Une chose est certaine, je n’ai pas l’intention de faire une course à temps plein et d’être maire à temps plein au même moment, a-t-il dit. Donc j’aurai des choix à faire. »

Démonstration de force d’Anglade

Dominique Anglade a annoncé avoir reçu l’appui d’un dixième député libéral, mercredi, moins d’un jour après qu’Alexandre Cusson eut quitté la présidence de l’UMQ. L’unique candidate officielle dans la course à la direction du PLQ est apparue à l’Assemblée nationale entourée des députés qui la soutiennent dans une apparente démonstration de force. Son dernier appui en date est celui de Greg Kelley, député de Jacques-Cartier, dans l’ouest de Montréal. « Depuis le début, je le dis : on veut une course, on veut un débat d’idées, a assuré Mme Anglade. J’ai appris que M. Cusson avait pris sa carte. Je lui souhaite la bienvenue. On a hâte que la course démarre. » La députée de Saint-Henri–Sainte-Anne, à Montréal, a soutenu que l’annonce de mercredi matin était déjà prévue et qu’il ne s’agissait pas d’une réaction aux développements entourant la candidature de M. Cusson.

— Gabriel Béland, La Presse

UPAC

Gaudreau confirme avoir fermé d’autres enquêtes

Québec — Justesse n’est pas la seule enquête à avoir été fermée par l’Unité permanente anticorruption (UPAC). Le nouveau commissaire Frédérick Gaudreau a confirmé mercredi avoir mis fin à d’autres enquêtes depuis son entrée en fonction, sans préciser lesquelles.

« Il y a d’autres enquêtes qui sont fermées », a dit M. Gaudreau en conférence de presse pour présenter son rapport d’activités annuel.

« On a devant nous des faits qui nous sont rapportés à la suite d’un signalement ou de certains témoignages, a-t-il poursuivi. Et on doit, à un moment donné, en arriver à une conclusion dans un dossier. »

Depuis son arrivée en poste, M. Gaudreau a entamé une révision de l’ensemble des enquêtes de l’UPAC. Cet exercice de « contrôle de qualité » n’est pas terminé.

L’audit a déjà entraîné la fin de l’enquête Justesse sur les allégations de malversation à la Société immobilière du Québec (SIQ). Cette affaire impliquait des collecteurs de fonds du Parti libéral.

Le commissaire a dit avoir annoncé publiquement la fermeture de Justesse de façon « exceptionnelle » parce que ce dossier avait fait l’objet de nombreux reportages dans les médias.

« Le droit a évolué énormément dans les dernières années, a-t-il expliqué. C’est clair qu’une enquête qui a débuté il y a plusieurs années doit quand même se conformer aux règles qui ont été édictées par les tribunaux récemment, ce qui fait en sorte qu’à un moment donné, on doit prendre une décision dans un dossier. »

« Avec un certain point de vue, on pourrait considérer qu’il s’agit d’un échec. Par contre, lorsqu’on regarde l’ensemble du système judiciaire tel qu’il est présentement, je pense qu’il faut le voir d’une façon plus constructive, à savoir comment on doit travailler ce type de dossier dans le futur. »

— Frédérick Gaudreau, commissaire de l’UPAC

M. Gaudreau n’a pas révélé les motifs précis qui l’avaient mené à fermer l’enquête. Le nouveau Comité de surveillance de l’UPAC pourrait en dévoiler davantage.

M. Gaudreau a également refusé de dire quelles sont les autres enquêtes qui ont connu le même sort que Justesse, ni même combien il y en avait. Il s’est bien gardé de rejeter la faute sur son prédécesseur, Robert Lafrenière, si les dossiers n’ont pas résisté à son analyse.

« Je suis quelqu’un de très, très rigoureux, a-t-il dit. J’ai besoin d’avoir une assurance qualité pour l’ensemble de nos dossiers, que ce soit en prévention, en vérification ou en enquête. Et c’est la façon dont je gère l’organisation. Donc les décisions que je prends maintenant, je les prends et je les assume. »

Quant à l’enquête Mâchurer, qui vise entre autres l’ex-premier ministre Jean Charest et l’homme d’affaires Marc Bibeau, elle est toujours « en cours », a dit le commissaire.

Confiance

L’UPAC a connu des derniers mois tumultueux, marqués par les fuites médiatiques sur l’enquête Mâchurer, les problèmes de climat de travail et le revers retentissant après l’arrestation du député Guy Ouellette. Le précédent commissaire Robert Lafrenière a démissionné sans explication il y a un peu plus d’un an. Le corps policier est resté sans chef permanent jusqu’à la nomination de M. Gaudreau en octobre.

Le rapport annuel publié mercredi révèle une baisse importante du nombre de dénonciations reçues par l’UPAC. De 874 en 2017-2018, leur nombre est passé à 513 dénonciations dans la dernière année.

La situation est « préoccupante », a reconnu M. Gaudreau. Il a admis que les problèmes qui ont secoué l’UPAC pourraient être en cause.

« La confiance du public à notre endroit s’est effritée au fil du temps et j’entends tout mettre en œuvre pour la regagner », a-t-il dit.

Recrutement

L’an dernier, l’UPAC avait révélé qu’elle peinait à recruter du personnel. Cette situation n’est pas encore résorbée, a indiqué M. Gaudreau. Une « dizaine » de postes sont toujours vacants.

Québec s’attaque au harcelement en milieu municipal

Le gouvernement du Québec a déposé mercredi le projet de loi 49 pour « renforcer la démocratie municipale », lequel contient aussi une clause économique. S’il est adopté, la Commission municipale du Québec (CMQ) pourra agir directement dans le cas où un élu se comporte de manière irrespectueuse « par l’emploi de paroles, d’écrits ou de gestes vexatoires, dénigrants ou intimidants ». La CMQ pourra aussi décider de prendre des mesures contre un élu sans attendre une plainte. « Il peut y avoir des plaintes pour un langage grossier, du harcèlement, du harcèlement physique, toutes sortes de harcèlement, il peut y avoir de l’intimidation, il peut y avoir des gestes… vraiment tous les gestes inappropriés », a expliqué la ministre des Affaires municipales, Andrée Laforest. Le projet de loi cherche aussi à encadrer davantage les cadeaux que reçoivent les élus et à permettre aux municipalités d’exiger, dans un processus de soumissions, une part de contenu local dans leurs contrats.

— Gabriel Béland, La Presse

Desjardins sera convoqué à l’Assemblée nationale

Le gouvernement Legault tire un trait sur les pourparlers avec les partis de l’opposition et convoquera Desjardins à l’Assemblée nationale le 21 novembre. Il refuse d’entendre Revenu Québec comme le demande l’opposition, même si l’organisme public a aussi été victime d’une fuite de renseignements. Jeudi, le gouvernement présentera une motion en Chambre pour entendre en commission parlementaire Desjardins, l’Autorité des marchés financiers, Equifax, la Sûreté du Québec, l’Association des banquiers canadiens et un spécialiste du Réseau intégré sur la cybersécurité. Les partis de l’opposition ont accueilli avec surprise la motion du leader parlementaire du gouvernement, Simon Jolin-Barrette. Il s’agit, selon eux, d’une manœuvre de diversion alors que le gouvernement est sur la sellette depuis des semaines en raison du cafouillage dans le dossier de l’immigration.

— Tommy Chouinard, La Presse

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