RECTIFICATIF

Ventes de condos

Sous une photo qui accompagnait notre article « Des ventes de condos de 50 millions en une soirée », publié dans notre numéro de samedi, les noms de Mathieu Duguay, président de Cogir Immobilier (à gauche), et Stéphane Côté, président de DevMcGill (à droite), été inversés dans le bas de vignette. Nos excuses.

Analyse

Prendre le client pour un beigne

Tim Horton, l’ancien joueur de hockey, se pincerait de voir son entreprise devenue une machine à imprimer autant de dollars. Paradoxalement, Tim perd un peu de son sucre en poudre d’un océan à l’autre. L’enseigne est tombée de la quatrième à la cinquantième place au palmarès des entreprises les plus aimées au Canada. Est-ce que Tim Hortons a trop pressé le beigne fourré ?

Qui va « chiller » dans un Tim Hortons ? Une clientèle plus âgée. On n’a qu’à y mettre les pieds pour comprendre que l’espace n’est pas conçu pour passer un bon moment, mais bien pour le rendre assez inconfortable pour pousser la clientèle à partir. Voilà le concept même d’un restaurant-minute. Depuis son acquisition par Restaurant Brands International (RBI), entre autres à des fins fiscales, certains franchisés sont sortis publiquement pour dénoncer la marque. L’angle financier corrobore-t-il leurs dires ?

Une image amochée

Des franchisés se rebellent contre RBI et le fonds d’investissement 3G Capital par le truchement de la Great White North Franchisee Association (GWNFA). Les hausses de prix des fournitures et des frais administratifs choquent les franchisés prisonniers d’un modèle d’affaires. Un peu comme un paysan au Moyen Âge, on paie une redevance au roi pour vivre sous sa gouverne. RBI a réagi en lançant l’initiative « Gagnons ensemble » lors de la publication des récents résultats financiers.

« Gagnons ensemble »

Tim Hortons perd des plumes. La légère baisse des ventes de cafés force la direction à lancer un plan générique sorti directement d’un travail de session d’un étudiant moyen inscrit au MBA.

Si Tim Hortons veut corriger la situation en faisant de la publicité, en encourageant les voisins à vivre autour d’un café du coin, il faudra que les dirigeants voient de leurs yeux l’expérience offerte aux clients par rapport à ce que propose la concurrence. C’est le jour et la nuit. Dans le Tim Hortons de la rue Masson, les places assises sont dans le chemin vers la sortie. Ce n’est pas un petit foyer de lumières kitsch, avec pierres en imitation de cristal, directement sorti d’une mauvaise revue décoration de 2006, qui va convaincre la clientèle d’y passer un bon moment.

Gagnons ensemble, pour une entreprise cotée en Bourse, c’est « ajoutons des franchises, du volume et des profits » et gérons cette rébellion des franchisés par un beau message « corporatif » positif. Est-ce vraiment un gain pour les franchisés ?

Les états financiers parlent d’eux-mêmes

Pour le trimestre terminé le 31 mars 2018, RBI a généré une marge nette de 11,8 % sur des ventes de près de 1,3 milliard US. Selon la note aux états financiers, les revenus de franchises de RBI comprennent des redevances, des contributions aux fonds publicitaires, des frais de franchise initiaux et de renouvellement et d’autres frais perçus d’avance. 

L’information sectorielle donne écho aux franchisés. D’un côté, les sommes qu’ils versent à leur franchiseur ont augmenté, comme en témoigne une hausse significative des revenus de franchises et des revenus totaux de RBI. De l’autre, RBI a comprimé les coûts avec une baisse du coût des ventes et une baisse des dépenses de franchises.

Par contre, le bénéfice d’exploitation du secteur TH (pour Tim Hortons) chez RBI est passé de 256 à 250 millions pour le dernier trimestre, par rapport au trimestre équivalent de 2017. On comprend donc aussi la décision de la direction de réagir.

La concurrence venue de la gauche

Vous savez ce qui peut nuire partiellement à des cafés comme « Tsim Hortonne » ? Évidemment, il y a la concurrence des espaces café chez McDonald’s, Starbucks, Second Cup, Morgane et Cie. Mais il y a aussi tous ces propriétaires indépendants ouvrant des cafés de coin de rue, avec des employés souriants, impliqués et heureux. Ces employés qui connaissent les clients par leur nom. Ces propriétaires voulant parfois juste faire une marge de profit raisonnable pour avoir un mode de vie de proximité.

C’est dans ce genre d’endroit que « prendre un café entre voisins » a tout son sens. Quand on pousse la quête de profits à l’extrême, on se bute à la concurrence offrant plus de valeur dans l’ambiance, dans la tasse et dans l’accueil par dollar dépensé.

Allô, Patrick Labbé, allô, Élyse Marquis ? Ici le PDG de Tim Hortons, vous faites quoi ces temps-ci ? Auriez-vous le temps d’un café, on pourrait aller chez Starbucks ? !

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.