Assemblée nationale

Un député en ascension

Québec — Sa simple présence à l’Assemblée nationale était considérée comme une surprise il y a quelques mois à peine. Aujourd’hui, après une session d’automne où il a été de tous les combats pour la Coalition avenir Québec, plus personne ne prend Simon Jolin-Barrette à la légère.

Aux élections de 2014, rares étaient ceux qui avaient parié sur l’élection de ce jeune avocat dans Borduas. La circonscription était un bastion péquiste depuis sa création en 1992, lui-même n’avait que 27 ans et il affrontait un ministre sortant, Pierre Duchesne.

Deux ans et demi après sa victoire par 99 votes, Simon Jolin-Barrette n’a toujours pas 30 ans. Au terme d’un scrutin organisé par La Presse, ses collègues l’ont élu parlementaire de l’année, ex æquo avec le ministre Gaétan Barrette, et vedette montante de l’Assemblée nationale.

« C’est une montée fulgurante », convient Donald Martel, le whip du caucus caquiste.

Dans les jours qui ont suivi l’élection de 2014, chaque nouvel élu caquiste a été jumelé à un député d’expérience. C’est M. Martel, le whip, qui a parrainé Simon Jolin-Barrette pendant ses premières semaines à l’Assemblée nationale.

Il a tout de suite remarqué la rigueur de son jeune collègue, un ancien avocat à la Ville de Montréal, qui documentait méticuleusement ses dossiers avant ses interventions en Chambre.

« Simon, quand il est arrivé, c’était le jeune, c’était cute, c’était sympathique. Mais rapidement, il a fait ses devoirs et [le chef François] Legault lui a donné des responsabilités de plus en plus importantes. »

— Donald Martel, whip de la CAQ

D’abord critique en matière d’environnement, Simon Jolin-Barrette s’est surtout fait remarquer comme critique en matière de justice. Au cours des dernières semaines, il a multiplié les interventions en Chambre pour dénoncer les délais dans le système judiciaire.

Loin de l’Assemblée nationale, son travail dans sa circonscription lui vaut aussi des éloges. Le maire de Mont-Saint-Hilaire, Yves Corriveau, n’a qu’un mot pour décrire le député : « Surprenant ».

« À son âge, on pourrait croire qu’il manque de maturité. En tout cas, moi, j’en manquais de maturité à cet âge ! Mais malgré son jeune âge et sa jeune expérience, Simon travaille comme si ça faisait 20 ans qu’il était député », dit M. Corriveau.

Le maire le croise régulièrement dans les événements publics, où il prend toujours la peine d’aller saluer les électeurs.

Récemment, le député a aidé M. Corriveau à obtenir une rencontre avec le ministre de l’Éducation, Sébastien Proulx. Il a pu discuter d’un projet d’école près de la gare de Mont-Saint-Hilaire.

Le maire est sorti impressionné de sa rencontre, d’autant plus que le ministre et son député ne sont pas du même parti politique.

« J’ai pu sentir, dès l’arrivée du ministre Proulx, que Simon était beaucoup aimé, relate le maire Corriveau. On voyait qu’il y avait une réciprocité entre les deux. »

Crédibilité

Comme nouvel élu, Simon Jolin-Barrette a dû travailler fort pour établir sa crédibilité. Matthew Dubé en sait quelque chose. Le député du Nouveau Parti démocratique a le même âge que lui, et sa circonscription de Chambly-Borduas recoupe celle de M. Jolin-Barrette.

« On a une histoire d’avoir des députés très impliqués, on pense à Jean-Pierre Charbonneau, à Pierre Curzi ou à mes prédécesseurs du Bloc, comme Yves Lessard, observe M. Dubé. Donc, les gens s’attendent à ce que leur député soit présent et Simon suit ce modèle. »

Reste un problème à régler, précise toutefois M. Dubé : les électeurs de la région le confondent régulièrement avec son collègue en raison de leur jeune âge.

« Je me suis fait pousser une barbe, lui n’a plus de lunettes, dit-il. Mais néanmoins, les gens nous mélangent. »

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