Allocations familiales et tarifs de CPE

Un coup de pouce aux familles plus tôt que prévu

Le gouvernement Legault mettra tout de suite en place son engagement de campagne électorale sur la hausse des allocations familiales. L’allocation famille sera majorée, portée au même niveau pour tous les enfants, quel que soit leur rang. Une mesure qui coûtera annuellement plus de 300 millions supplémentaires au gouvernement.

Cette mesure fera partie des annonces que fera jeudi le ministre des Finances, Eric Girard, dans sa synthèse sur la situation financière du gouvernement. En campagne électorale, la Coalition avenir Québec (CAQ) s’était engagée à remettre en place les allocations familiales, comme avant 2005. Ces allocations avaient été remplacées par le gouvernement Charest par un crédit d’impôt remboursable dont la valeur fluctuait selon le rang de l’enfant.

François Legault a maintes fois martelé que « les surplus appartiennent aux Québécois », mais le gouvernement a clairement choisi de venir en aide aux parents avant tout.

La croissance économique robuste a gonflé les coffres du gouvernement. On est à 824 millions de surplus pour les trois premiers mois de l’année financière seulement. Mais le pactole entrevu a décuplé l’appétit des centrales du secteur public, qui amorcent cet automne leurs négociations avec Québec.

Les stratèges du gouvernement ont vite décidé de ne pas ressortir l’immense fleurdelisé qui avait servi de toile de fond à la mise à jour de décembre 2018. On a toutefois voulu conserver une note solennelle. L’annonce se fera dans une salle historique du ministère des Finances, la salle des assises où étaient entendus les procès à l’époque où le bâtiment avait sa vocation originelle : le palais de justice de Québec. Le rideau tombera par la suite pour un bon moment – le ministère sera déplacé pour quelques années, l’édifice nécessitant des travaux de réfection majeurs.

Allocation famille devancée

L’an dernier, le ministre Girard avait amorcé la mise en place de l’engagement électoral sur l’allocation famille qui, à l’origine, devait s’étaler jusqu’en juillet 2022. Ce premier pas avait permis au gouvernement de réaliser 43 % de son engagement qui devait coûter, en totalité, à terme entre 600 et 700 millions par an. La première hausse, l’an dernier, coûtait environ 260 millions par année. La mesure avait été mise en place dès janvier 2019. Il faut s’attendre à ce que sa bonification s’applique dès le début de 2020. Cette allocation restera modulée sur le revenu net familial. Au dépôt du budget, le printemps dernier, le ministre Girard avait laissé planer un doute sur la réalisation de cet engagement.

Il avait prévenu qu’il faudrait que l’économie québécoise « surperforme » par rapport aux prévisions ou alors que des dépenses de programmes soient réduites pour atteindre cette cible.

Depuis janvier 2019, le montant maximal accordé pour les deuxième et troisième enfants était passé de 1235 $ à 1735 $. Avec la décision de l’an dernier, les familles ayant deux enfants avaient vu leur allocation familiale majorée d’un montant maximal de 500 $. Le gain maximal pour les familles ayant trois enfants était 1000 $. La mesure de décembre 2018 avait bénéficié à plus de 423 000 familles, un premier pas qui devait coûter un total de 1,3 milliard jusqu’en 2023-2024.

Selon les informations colligées par La Presse, le gouvernement n’accélérera pas l’uniformisation des taux de taxes scolaires, une autre avenue qui s’offrait au ministre Girard. L’engagement électoral était sur un mandat de quatre ans ; un premier pas avait été fait l’an dernier qui réduisait de 200 millions le fardeau des propriétaires pour 2019-2020.

Tarifs de garderie et de stationnement

Autre engagement électoral accéléré, le gouvernement Legault devancera l’abolition promise de la contribution additionnelle pour les services de garde. La mesure avait été instituée par le gouvernement Couillard en 2015, afin d’arrimer le coût des services de garde aux revenus familiaux. Le budget Girard de l’an dernier imposait une première coupe à ces contributions ; un allégement de 42 millions qui montait progressivement jusqu’à 185 millions pour 2023-2024, selon le budget du printemps dernier. Le retour au tarif unique de 8,25 $ (plus l’indexation au coût de la vie) par jour sera devancé à 2020.

La semaine dernière, La Presse annonçait aussi que Québec réduira considérablement les tarifs de stationnement des hôpitaux du Québec, un autre engagement phare de la CAQ avant les élections. La ministre de la Santé, Danielle McCann, a rapidement confirmé que la mesure ferait partie du « mini-budget » du ministre Girard, jeudi. La décision, qui coûtera entre 100 et 150 millions, fera en sorte que les deux premières heures de stationnement seront gratuites. Par la suite, il n’en coûtera pas plus de 10 $ pour la journée. En outre, avait indiqué la ministre, les patients qui doivent venir régulièrement à l’hôpital pour des traitements de chimiothérapie ou d’hémodialyse bénéficieront de tarifs encore plus réduits.

— Avec Tommy Chouinard, La Presse

Politique

Leitão appelle Québec à faire preuve de prudence

Le Québec pourrait bientôt faire face à une récession et le gouvernement Legault doit s’y préparer, ont affirmé les députés de l’opposition mardi. Le gouvernement caquiste présentera jeudi sa mise à jour économique. Et le député libéral Carlos Leitão l’appelle à faire preuve de prudence, car le risque d’une récession est bien réel. « La menace est sérieuse parce que l’économie québécoise va bien, elle est quand même dynamique, mais elle dépend de sa capacité d’exporter, a dit M. Leitão. Notre marché intérieur est relativement petit alors notre avenir, notre niveau de vie, dépend de notre capacité à vendre des biens et des services à l’étranger. » L’ancien économiste en chef de la Banque Laurentienne relève plusieurs « risques » qui pèsent sur l’économie mondiale : tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine, croissance insoutenable de l’économie américaine et endettement des ménages. Il craint qu’un ralentissement économique n’entraîne un recul « marqué » des revenus de l’État québécois. Tout cela alors que le gouvernement Legault a fait plusieurs promesses électorales et qu’il doit renégocier des conventions collectives avec les employés du secteur public. — Martin Croteau, La Presse

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