Les yeux sur le Tour de France

À sa première saison avec l’équipe Astana, le Québécois Hugo Houle espère réaliser son rêve de prendre part à la Grande Boucle.

Au bout du fil, la voix ne trahit pas une note de fatigue.

Après une journée « assez tranquille », au cours de laquelle il a tout de même franchi les 187,5 km séparant Orsonville de Vierzon, deuxième étape de l’épreuve Paris-Nice, le cycliste Hugo Houle n’apparaît pas comme un homme stressé, encore moins agacé. Bien au contraire.

À sa première saison avec l’équipe Astana, après « cinq belles années » chez AG2R La Mondiale, le Québécois apprivoise un nouvel environnement. Et il ne pouvait demander mieux. L’aventure s’est amorcée par un camp d’entraînement au début de décembre en Espagne, et voilà qu’il est de la formation qui attaque Paris-Nice depuis dimanche.

« Mon intégration s’est bien faite, dit-il. C’est une équipe plus internationale, les coureurs viennent de partout. Je découvre une culture différente, des nouvelles idées, de nouvelles méthodes d’entraînement… C’est une motivation supplémentaire, c’est certain. Je suis vraiment content ! »

Houle sait déjà qu’il sera des classiques belges sur pavés au début du printemps, et il compte bien montrer à ses nouveaux patrons de quoi il est capable, en gardant dans le viseur une participation à l’un des trois tours phares du circuit : le Giro d’Italie, la Vuelta, en Espagne, mais surtout le Tour de France.

À 27 ans, le cycliste ne s’en cache pas : une participation à la Grande Boucle, en juillet, serait la cerise sur le gâteau.

« Ça reste pour moi un objectif majeur : si ce n’est pas cette année, ce sera l’an prochain. C’est pas mal la seule grosse course que je n’ai pas faite dans ma carrière. »

— Hugo Houle

Le chemin pour s’y rendre n’aura toutefois rien de simple : non seulement évolue-t-il au sein d’une écurie de plus de 30 coureurs, mais l’Union cycliste internationale (UCI) a annoncé l’an dernier que chaque équipe ne pourrait dorénavant aligner que huit athlètes au lieu de neuf pour les trois grands tours.

« Mon programme évolue selon mes performances, alors c’est à moi de prouver que j’ai ma place. Une course à la fois, une étape à la fois. »

Chez Astana, il retrouve un rôle qu’il connaît bien et qu’il apprécie, c’est-à-dire celui de soutenir les têtes d’affiche de son équipe. Et il espère poursuivre sa progression en ce sens.

« Je ne pense pas nécessairement devenir le leader, mais j’aimerais qu’on me voie comme un lieutenant, celui dont on reconnaît le travail de soutien. »

Controverse

À la fin de février, Alexander Vinokourov, ex-star du cyclisme international, créateur d’Astana et aujourd’hui directeur général de l’équipe, a fait une sortie fracassante selon laquelle la formation vivait sur ses dernières réserves financières. Selon lui, les coureurs n’étaient pas payés et, faute de liquidités, Astana vivait probablement ses dernières heures.

Quelques jours après, l’équipe publiait sur son site web qu’elle était « consciente des problèmes temporaires qui mènent à des délais de paiement de [son] commanditaire principal ». Ce commanditaire principal, c’est en fait un conglomérat d’entreprises influentes du Kazakhstan, pays d’origine de Vinokourov. Les fonds de l’équipe auraient été débloqués depuis.

Houle assure que peu importe l’information qui a circulé, ses coéquipiers et lui ont toujours été payés et jamais ils n’ont craint de devoir cesser leurs activités. Selon lui, son patron, sans doute excédé d’attendre que soient versées les liquidités nécessaires pour assurer la survie de l’équipe, a surtout voulu faire un coup d’éclat pour faire bouger les choses.

« Il n’y a pas de panique à bord », assure le Québécois.

« Tout est sous contrôle, tout le monde a été payé. Si la situation s’était étirée à long terme, on aurait été dans le trouble. Il y a tout un jeu politique derrière ça, et honnêtement, je ne suis pas certain de tout comprendre. La bonne nouvelle, c’est qu’on peut maintenant se concentrer sur nos courses, retrouver notre momentum. »

Hugo Houle en bref

27 ans

Champion du contre-la-montre aux Championnats canadiens 2015

A participé au Giro à deux reprises (113e en 2015 et 72e en 2016) et à la Vuelta en 2017 (115e)

A terminé 2e du Tour de Beauce à deux reprises (2012 et 2016)

A fini 21e au contre-la-montre aux Jeux olympiques de Rio (2016)

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