Train de vie Problème

Rénovations ruineuses, couple en crise

Ils rêvaient d’une maison plus spacieuse, mieux adaptée à leur famille naissante.

Audrey et Charles nagent plutôt en plein cauchemar : les travaux d’agrandissement ont coûté deux fois plus cher que prévu, ne sont toujours pas terminés après deux ans et ont mené leur couple au bord de l’éclatement.

« Nous sommes réellement désemparés, on se sent comme dans une spirale, sans porte de sortie », confie Audrey, qui lance un S.O.S.

Au début de leur vie de couple, en 2008, leur situation était pourtant enviable : ils ont emménagé dans un petit bungalow, sur les terres ancestrales de la famille de Charles, pour lequel ils n’ont rien eu à payer.

« Nous avons eu notre premier enfant en 2011 et notre train de vie allait plutôt bien, raconte la jeune femme. En 2013, avec l’arrivée du deuxième, la maison ne répondait plus à nos besoins, mais on ne voulait pas déménager. »

Ils croyaient avoir été raisonnables en optant pour un projet d’agrandissement évalué à 180 000 $ par leur architecte. Or, les imprévus se sont succédé. En novembre 2013, trois mois après le début du chantier, la facture avait explosé et atteignait 300 000 $.

L’entrepreneur, voyant la tournure des travaux, a décidé de se retirer. « Il nous a dit que le contrat n’était plus payant pour lui, et nous a laissés avec une maison sans électricité, sans cuisine, aux murs ouverts », déplore Audrey.

« Nous devions agir d’urgence, puisque nous vivions dans une roulotte sur le terrain avec les enfants et qu’il commençait à faire froid. L’architecte ne nous a pas aidés à trouver d’autres entrepreneurs. Évidemment, elle était occupée ailleurs. »

— Audrey

Endettés, incapables d’embaucher un autre entrepreneur, Charles et Audrey ont poursuivi les travaux par eux-mêmes, pendant leurs temps libres. Mais ils avancent à pas de tortue, tandis que la facture continue de grimper au rythme de l’achat des matériaux : elle atteint maintenant 360 000 $, et la maison est hypothéquée au maximum.

Une autre tuile s’est ajoutée au reste : Audrey a perdu son emploi pendant qu’elle était en congé de maternité. Et il lui a fallu plus d’un an pour trouver un nouveau poste après la fin de ses prestations. Le salaire de Charles était alors leur seul revenu.

Le couple a frôlé la rupture, miné par le stress de l’endettement et des travaux à terminer. « On consulte un thérapeute conjugal, confie Audrey. Chaque petite dépense provoque des chicanes, parce qu’on est tellement stressés par nos dettes. Et on passe tous nos temps libres dans les travaux. Jamais on ne se serait embarqués dans un projet comme celui-là si on avait su que ça ruinerait notre situation familiale. »

Ils envisagent des poursuites judiciaires contre l’architecte et l’entrepreneur, mais savent que ça pourrait leur coûter très cher, sans garantie de succès, évidemment.

Doivent-ils vendre ? « Mon conjoint est très attaché aux terres de sa famille, et en plus, si la maison n’est pas finie, cela réduit sa valeur », souligne Audrey.

Et s’ils se séparent, évidemment, leur situation sera encore pire…

Pourquoi la facture a-t-elle explosé ? Quelques exemples :

Au moment de faire les plans, d’estimer les coûts et de demander une soumission à l’entrepreneur, l’architecte n’avait pas vérifié si la structure de la maison pouvait supporter un demi-étage, comme prévu. Un rapport d’ingénieur a été demandé seulement après le début des travaux.

Conclusion : il fallait installer une poutre d’acier sur toute la longueur de la maison et solidifier la structure des murs du sous-sol.

Facture : au moins 30 000 $

Après le remplacement d’une partie du toit en pente par un toit plat pour y aménager une terrasse, de l’eau s’est infiltrée à cause d’une mauvaise isolation.

Conclusion : il a fallu refaire l’isolation et les murs, pour éviter les moisissures, ainsi que la salle de bains, l’une des seules pièces qui ne devraient pas être rénovées.

Facture : environ 5000 $

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