Chronique

L’industrie du vêtement en mode embauche

L’industrie de la mode et du vêtement n’échappe pas à la nouvelle réalité du monde du travail et doit elle aussi évoluer dans un environnement plus difficile caractérisé par une plus grande rareté de la main-d’œuvre qualifiée et disponible. Un défi qui représente avant tout une occasion favorable pour l’industrie de mieux se faire connaître, estime Debbie Zakaib, directrice générale de la grappe métropolitaine de la mode.

Cela fait maintenant un an que Mme Zakaib a pris la direction de la grappe métropolitaine de Montréal, baptisée mmode.

Cette neuvième grappe industrielle créée par le gouvernement québécois est née de la volonté des acteurs du monde de la mode, du vêtement et du textile de regrouper leurs efforts pour assurer un meilleur rayonnement de leur industrie qui emploie plus de 28 000 personnes au Québec.

La grappe de la mode et du vêtement rassemble plus de 1800 établissements du secteur de la fabrication, du détail, de la distribution et des créateurs.

« Montréal est la troisième ville en importance en Amérique du Nord pour la fabrication de vêtements. On parle beaucoup des difficultés qu’ont rencontrées certains détaillants, mais on oublie l’importance de cette industrie qui est principalement concentrée à Montréal », souligne Debbie Zakaib.

Spécialiste en marketing et en positionnement de marque, la directrice générale de mmode utilise donc maintenant ses talents au profit de l’ensemble des acteurs de l’industrie.

Il faut se rappeler que l’industrie du vêtement a longtemps été un moteur de développement économique à Montréal. Au début du siècle dernier, le quartier Hochelaga-Maisonneuve s’était même fait octroyer le titre de capitale mondiale de la chaussure.

Malgré des années de délocalisation, l’industrie de la fabrication – vêtements, chaussures, produits de cuir – emploie aujourd’hui plus de 14 000 travailleurs, dont plus de 70 % sont concentrés dans la région de Montréal, et génère des revenus annuels de plus de 1,6 milliard.

À l’autre extrémité de la chaîne de valeur, les détaillants et grossistes de vêtements et chaussures emploient 14 000 personnes et cumulent des revenus annuels de plus de 5,3 milliards.

Les entreprises qui composent la grappe métropolitaine de la mode ont plusieurs défis à relever, dont celui de recruter de nouveaux talents pour combler les départs à la retraite et des talents capables de répondre aux réalités changeantes du marché et de la production.

Besoins et cohésion

C’est d’ailleurs pour cette raison que j’ai rencontré Debbie Zakaib au Palais des congrès hier alors qu’elle participait au Sommet du commerce au détail.

La DG de mmode profite de cet événement pour tenir aujourd’hui une journée de recrutement de talents dans le cadre de la journée RH Mode 2017. Plus d’une centaine de postes sont à pourvoir pour répondre aux besoins immédiats d’une vingtaine d’entreprises, telles que La Vie en Rose, Dynamite ou Aldo.

« Il s’agit d’emplois variés et spécialisés qui touchent de multiples aspects des entreprises de la grappe mode. Elles ont besoin de designers, de spécialistes en commerce électronique, de superviseurs de production, de responsables de logistique, d’opérateurs d’équipements de production.

« Les besoins de l’industrie changent et l’un des enjeux les plus importants de la grappe, c’est de mettre l’innovation au centre des processus de nos membres. Il faut intégrer l’innovation dans tous les maillons de la chaîne de valeur », insiste Debbie Zakaib.

Outre l’enjeu du recrutement de nouveaux talents et de renforcer l’attractivité de l’industrie de la mode, le défi des détaillants québécois est de s’ajuster rapidement aux nouvelles réalités des consommateurs.

« Seulement 14 % des détaillants québécois ont développé et exploitent une plateforme d’achats en ligne. Il est urgent de s’adapter à cette nouvelle réalité pour pouvoir mieux faire face à la concurrence accrue », suggère la directrice générale.

À cet égard, la multiplication des plateformes de commerce en ligne doit aussi servir les fabricants de vêtements pour hausser le volume de leurs exportations.

« Nos ventes à l’étranger progressent de 5 % en moyenne par année et il faut capitaliser sur la qualité et l’originalité de nos créateurs. On travaille à développer une stratégie de marque pour bien souligner la singularité des produits québécois », expose Debbie Zakaib.

Mais pour bien ancrer la proposition québécoise sur les marchés étrangers, cela va prendre des gens pour concevoir, fabriquer et distribuer nos produits. Ça tombe bien, l’industrie du vêtement embauche du personnel.

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